« Des vaches allaitantes et des brebis pour optimiser le pâturage »
En Bourgogne, le pâturage mixte simultané des ovins et bovins permet de garder des prairies rases tout en optimisant la production d’herbe.
De l’herbe à pâturer pour les vaches et les brebis. Dans cette partie vallonnée de l’Yonne, le Gaec Marcilly accueille une centaine de vaches allaitantes en système broutard, 200 brebis et 60 à 70 agnelles Texel ainsi qu’une douzaine de chevaux de trait Auxois. L’association traditionnelle des vaches allaitantes et des brebis présente de nombreux avantages. Philippe Chaumard détaille : « La qualité des prairies est maintenue car les animaux partagent les parcelles mais ne mangent pas forcément les mêmes choses au même moment, ni à la même hauteur. »
Boutons d’or et pissenlits pour les ovins
Par exemple, les moutons mangent les boutons d’or ou les pissenlits que ne mangent pas les équins ou les bovins. Dans ces terres argilo-calcaires non drainées de Bourgogne, le jonc aussi a tendance à se développer. Heureusement, les chevaux se chargent de les « patacher », c’est-à-dire de les écraser ou les arracher. « Les prairies gazonnantes gardent une hauteur homogène ; le lotier, la vesce et le trèfle s’y développent. » Il reste comme refus que quelques rares chardons et orties.
De grandes prairies séculaires pour le pâturage continu
Sur les 177 hectares de la ferme, 153 hectares sont couverts de prairies naturelles « de plus de cent ans d’âge ». Sept hectares de luzerne et 17 hectares de blé ou triticale complètent l’assolement. Avec 170 hectares d’un seul tenant autour de la ferme, le déplacement et la surveillance des animaux sont facilités. Pour circuler dans les grandes parcelles de 10 à 27 hectares, Philippe Chaumard et Frédéric Berrier utilisent souvent le quad. « Nous allons voir nos animaux tous les jours, explique Philippe, cela prend entre une heure et une heure et demie. On les compte et on surveille leur santé. Comme on mélange des ovins et des bovins, je pense que la pression parasitaire est diluée. » En année normale, la mortalité des agneaux avoisine les 20 % pour un troupeau qui ne passe que trois semaines par an en bergerie.
Les grandes parcelles offrent des abris naturels et une grande variété d’espèces prairiales. En pâturage continu, la surface mise à disposition est de 50 ares par UGB au printemps sur les parcelles qui seront agrandies après fauche et de 60 ares par UGB sur les parcelles uniquement pâturées.
Moins de 30 kg de concentrés par brebis et par an
Les ovins se répartissent sur quatre prés clôturés en ursus ou de 7 à 8 rangs de fils barbelés. Sur 11 hectares, les brebis et agneaux sont avec les taureaux de 18 mois. Sur un plus grand parc de 27 hectares, les génisses de 30 mois se mélangent avec un lot de brebis suitées. La parcelle la plus proche, de 11 hectares, accueille les vaches avec les derniers veaux nés ainsi que les antenaises et les dernières brebis ayant agnelé. Enfin, un lot d’agnelles passe l’hiver sur 8 hectares. Le reste des prairies est consacré aux bovins, aux chevaux et pour faire du foin.
« Le pâturage hivernal des brebis permet une économie de foin et de concentré », apprécie Philippe Chaumard qui ne distribue pas plus de 30 kg de concentrés par brebis et par an. Le Gaec achète le même aliment pour les broutards et les agneaux mais il veille à ce que sa teneur en cuivre soit faible. Avec ce système privilégiant le pâturage, il y a aussi moins de fourrages à récolter et à distribuer.
La Texel à l’herbe, évidemment
Les agnelages de la mi-janvier, mi-mars ou mi-avril permettent de profiter de la pousse printanière de l’herbe. Les vêlages ayant lieu à la même période, le travail est soutenu à cette période. « On sait alors pourquoi on se lève », souffle Frédéric.
Le Gaec Marcilly a opté pour la race Texel, sa capacité à valoriser l’herbe, sa conformation et son calme. « Les agneaux naissent couverts de laine mais ils ont parfois la grosse tête donc il faut surveiller les mises bas ». Les brebis entrent en bergerie uniquement pour agneler et sont mises à l’herbe dès que les agneaux ont trois semaines. « De toute façon, les Texel dépriment en bergerie. Elles sont mieux dehors. Même en leur offrant des seaux de grains, elles ne veulent pas rentrer… »