Des pistes pour améliorer la productivité
Objectif principal de la démarche Sheepnet, l’amélioration de la productivité est omniprésente dans les trucs et astuces présentés en Espagne.
Objectif principal de la démarche Sheepnet, l’amélioration de la productivité est omniprésente dans les trucs et astuces présentés en Espagne.


Améliorer la productivité demande une évolution globale des pratiques, qu’il s’agisse des conditions d’agnelage, de la surveillance des pathologies sur le troupeau, d’un allotement cohérent ou de la prise en compte du bien-être animal. Les participants au réseau Sheepnet ont identifié en amont de la première rencontre internationale les attentes d’éleveurs pour avancer sur le sujet. Trois grandes catégories sont ressorties des concertations : la gestion de la reproduction, la gestion de la gestation et la gestion de la mortalité des agneaux. Cette dernière catégorie cible à la fois la conduite d’élevage et la relation brebis-agneau. Les trucs et astuces proposés par les six pays membres du réseau Sheepnet sont nombreux à graviter autour de ces trois critères. Plusieurs d’entre eux sont déjà utilisés depuis quelques temps en France mais représentent pour d’autres pays des avancées considérables. On retrouve par exemple l’utilisation de l’effet bélier, l’enrichissement de l’alimentation de la brebis en fin de gestation pour obtenir des agneaux au bon poids à la naissance ou encore l’utilisation de la note d’état corporel pour alloter les brebis et agneaux en fonction de celle-ci. Le champ d’action est très large mais les réponses apportées par les trucs et astuces Sheepnet sont très précises. Voici une sélection des idées innovantes les plus pertinentes pour les éleveurs français.
Espagne - Un étalon pour mesurer les bourses
Réussir la mise à la reproduction dépend de nombreux critères. Dès l’achat du bélier, l’éleveur doit être attentif à la forme et texture des bourses, vérifier ses aplombs et l’état de ses sabots. Mais il y a un critère qui est encore peu pris en compte, c’est le diamètre des testicules. Ignacia Beltran de Heredia, chercheuse en zootechnie à l’institut basque de recherche et développement en agriculture, explique la démarche : « nous avons mis au jour que la corrélation entre la taille des testicules et la production de spermatozoïdes était très importante. De ce fait, si l’éleveur veut réussir les saillies, il doit veiller à ce que ces béliers soient prêts. » En effet, les béliers adultes achetés sont majoritairement bien formés, il n’en va pas forcément de même pour les béliers nés sur l’exploitation. La chercheuse espagnole, également référente Sheepnet en Espagne, déroule un mètre-ruban coloré et détaille : « le ruban a deux faces : d’un côté il s’agit des mesures pour les béliers adultes de plus d’un an et demi et de l’autre ce sont les mesures pour les jeunes. » Grâce à code couleur (vert, orange, rouge), l’éleveur peut facilement se rendre compte si la taille des attributs de ses mâles est suffisante ou non. Pour les jeunes béliers, la circonférence minimale conseillée du scrotum lors de la mise à la reproduction est de 29 centimètres. Celle-ci ne doit pas être inférieure à 35 centimètres pour les béliers adultes.
Irlande - Les agneaux en premier dans les parcelles
Lors de la mise à l’herbe, la concurrence entre brebis âgées et agneaux peut être contraignante et les petits n’ont pas la primeur de la nouvelle pousse, pourtant plus riche en éléments nutritifs. Pour résorber ce phénomène et assurer aux agneaux la meilleure herbe possible pour une croissance optimale, des éleveurs irlandais ont conçu une barrière de passage pour les agneaux élaborée pour le pâturage tournant. Il s’agit d’une porte de prairie galvanisée dont le premier barreau en partant du bas (hors celui en contact avec le sol) a été retiré. L’écart créé entre les deux barreaux horizontaux inférieurs est complété par des barreaux verticaux espacés de 23 centimètres ne permettant le passage que des petits et pas des brebis adultes. Les agneaux peuvent donc accéder à la parcelle suivante (à condition bien sûr que les deux parcelles se touchent) et peuvent revenir dans la parcelle où se trouvent leurs mères sans difficultés. Les éleveurs ont noté qu’avec ce système les agneaux gagnaient en moyenne deux kilos supplémentaires au moment du sevrage et que les brebis pâturaient dans la parcelle en cours à une hauteur d’herbe plus faible. À noter que la barrière de pâturage en avant est amovible et peut être déplacée d’une parcelle à une autre.
Roumanie - Des brebis exigeantes alertent les bergers
Dans certains élevages intégralement basés sur du pâturage, les Roumains utilisent une technique originale pour surveiller l’état corporel de leurs brebis. Ils intègrent dans le troupeau des brebis sensibles et plus exigeantes en termes d’alimentation. Au milieu de brebis de race rustique, résistantes aux conditions climatiques difficiles du 100 % pâturage, les races plus sensibles servent d’avertisseur pour les bergers qui ne vont pas toujours évaluer la NEC de leurs bêtes. Il vaut mieux choisir pour sentinelle des races à laine courte afin que l’état corporel soit plus facilement visible.