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Interprofession
Des outils pour montrer la durabilité de l’élevage ovin

La filière se dote d’outils pour mesurer et améliorer l’impact environnemental des élevages ovins. Une façon de montrer ses bonnes pratiques.

Fin 2017, dans le cadre des États généraux de l’alimentation, le plan de filière ovine, porté par Interbev ovin et France Brebis Laitière, les interprofessions ovines lait et viande, a clairement affirmé la volonté de renforcer les démarches de durabilité. La filière s’est engagée à développer ses travaux sur la durabilité des systèmes de production animale tant pour l’économie de la filière que pour son articulation avec les enjeux sociétaux. En particulier, la filière ovine souhaite le développement des pratiques agroécologiques qui permettent de lutter et de s’adapter au changement climatique (évolution des pratiques, prise en compte du stockage de carbone dans les sols agricoles, etc.).

La filière ovine est peu concernée par les critiques relatives à l’impact environnemental des élevages. D’ailleurs, la filière ovine ne représente que 1 % des émissions totales des gaz à effets de serre. Néanmoins, comme le souligne Patrick Soury, président du programme interprofessionnel Inn’Ovin et secrétaire général de la Fédération nationale ovine : « la production ovine n’a jusqu’à présent pas été montrée du doigt sur les aspects environnementaux. Mais nous n’avons pas d’indicateurs pour prouver ce sentiment. C’est pourquoi la profession a décidé de capitaliser sur ses pratiques. Accompagnée d’experts indépendants, elle construit une stratégie pour mettre en avant les contributions positives de l’élevage ovin. Il est impératif de mettre en place des indicateurs spécifiques à la filière ovine. Ils éviteront de devoir dépendre d’autres projets avec indicateurs moins adaptés. Nous mettons en place cette stratégie pour réduire les impacts environnementaux car nous souhaitons, pour nos consommateurs, produire une viande de qualité et respectueuse de l’environnement. »

Réduire les impacts

Ainsi, en partenariat avec l’Institut de l‘Élevage, la filière ovine a lancé un ambitieux programme d’actions conçu en trois étapes.

Dans un premier temps, des indicateurs permettant d’évaluer les impacts de plusieurs pratiques courantes dans les élevages ovins ont été calculés et mis en place en 2018. Dans ces fiches techniques, que vous pouvez retrouver sur le site inn-ovin.fr, les quatre indicateurs clés sont l’émission de gaz à effet de serres, la consommation d’énergie, l’impact économique et l’impact sur la biodiversité. Le constat est qu’une diminution des émissions de gaz à effet de serre et de la consommation d’énergie est le plus souvent liée à un gain économique.

Ce premier travail permet de mettre en avant quelques pratiques bénéfiques pour l’environnement. Il rappelle aussi que, bien souvent, les pratiques des éleveurs sont bonnes pour la planète. Bien sûr, au vu de la diversité des systèmes d’élevage ovin, toutes ces pratiques ne peuvent pas être mises en place dans tous les élevages (pour différentes raisons comme le manque de foncier…).

Des indicateurs incluant la durabilité

Dans un deuxième temps, un projet nommé Durabilité en élevage ovin a été construit en 2019 avec le soutien de FranceAgriMer. Il s’appuie en partie sur l’outil Cap’2ER de premier niveau, dont l’adaptation à l’élevage ovin permettra de calculer l’impact environnemental de l’atelier ovin des exploitations. La première version devrait être opérationnelle à la fin de l’année 2020. Il sera testé sur plus d’une centaine d’exploitations ovines, lait et viande. Cela permettra d’avoir un premier état des lieux des impacts environnementaux des différents systèmes ovins en France.

Il sera possible pour la filière de se fixer un objectif chiffré réaliste et atteignable de réduction de ses impacts environnementaux. En plus des indicateurs de l’outil Cap’2ER de premier niveau, des indicateurs de durabilité seront ajoutés pour prendre en compte la vivabilité et la viabilité de l’exploitation, mais aussi d’autres indicateurs tels que le bien-être animal.

Communication et compensation carbone

Enfin dans un troisième et dernier temps, un projet européen Greensheep 2020-2024 a été élaboré. La demande de financement vient d’être déposée en septembre dernier dans le cadre du programme Life. Ce projet s’appuie sur l’outil Cap’2ER de second niveau. Celui-ci, beaucoup plus complet que le premier niveau, permettra de calculer l’impact environnemental de toute l’exploitation, c’est-à-dire l’atelier ovin ainsi que les autres ateliers de l’exploitation. Il proposera alors des plans d’actions pour réduire ses impacts environnementaux. Ce Cap’2ER de second niveau devrait être disponible vers la fin de l’année 2021 et commencera alors à être testé.

Ainsi, cet ambitieux programme permettra à la filière ovine française de communiquer sur les bonnes pratiques environnementales des éleveurs ovins. Les éleveurs pourront se doter d’objectifs réalistes de réduction de l’impact environnemental de leurs élevages ovins et éventuellement intégrer des programmes comme Carbon‘Agri qui permet une rémunération contre une compensation carbone. Les professionnels de la filière ovine auront ainsi de nouveaux outils pour saisir de nouvelles opportunités sur cette problématique environnementale qui devient chaque jour plus capitale.

Avis d’éleveur : André Delpech, éleveur ovin en Gaec dans le Lot

« Rémunérer les pratiques vertueuses »

« Aujourd’hui, de très nombreux systèmes d’élevages ovins préservent et entretiennent la biodiversité. Il y a encore des améliorations à faire dans certains systèmes mais, dans l’ensemble les systèmes pâturants sont vertueux pour l’environnement. À titre d’exemple, un incendie a eu lieu à proximité de notre exploitation. Il a détruit près de 3 000 hectares. Suite à cet évènement, nous avons mis en place des zones pare-feu dans le cadre des mesures agroécologiques, devenues aujourd’hui MAEC (mesures agroécologiques et climatiques). Elles permettent la mise en place d’une lutte préventive contre les incendies par l’installation de zones pare-feu entretenues par le pâturage des troupeaux. Elles préservent la biodiversité de cette zone et, moi, j’alimente à moindre coût le troupeau. Je diminue aussi mes charges de mécanisation. Malgré les aspects positifs des MAEC, leurs cadres restent limités. Nous espérons prochainement travailler avec les CPSE (contrats de prestation pour services environnementaux). Ce sont de nouveaux outils contractuels plus larges et plus souples pour les éleveurs. Je pense que ce genre de partenariats devrait se développer. La certification HVE (Haute valeur environnementale) est très intéressante. Elle permet aux consommateurs de s’assurer que le produit qu’ils consomment respecte l’environnement, entretient et préserve la biodiversité. De plus, le marché du carbone se développant, connaître le bilan carbone de nos exploitations nous permettrait d’accéder à ce marché. Ce serait un bon levier économique. »

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