" Des brebis éclairées pour désaisonner "
"La méthode du désaisonnement lumineux est peu courante en élevage ovin mais davantage utilisée en caprins. Elle consiste à faire croire aux brebis que c’est l’automne au printemps en éclairant la bergerie. Les femelles entrent alors naturellement en chaleurs. Stéphane Migné de la chambre d’agriculture de Vendée explique que dix éleveurs de Vendée, de Loire-Atlantique et de Maine-et-Loire utilisent cette méthode avec des brebis de races bouchères qui ne désaisonnent pas naturellement. « Nous avons commencé en 2006 avec trois éleveurs et depuis 2010, nous testons un protocole allégé avec sept élevages supplémentaires qui souhaitent vendre des agneaux entre Noël et Pâques sans poser d’éponge. » Pour cela, le photopériodisme naturel est modifié au minimum 140 jours avant l’introduction des béliers. Afin que les brebis aient l’illusion que les jours raccourcissent, il faut qu’elles aient eu l’illusion d’avoir des jours longs avant ! Ainsi, dans un premier temps, les brebis en lactation sont à l’intérieur pendant au moins 80 jours. La bergerie est alors éclairée pendant 17 heures consécutives, de 5 h à 22 h par exemple.
Investir dans un programmateur, peu onéreux
Un aménagement électrique est indispensable car une luminosité de 200 lux doit être mesurée au niveau de l’œil de la brebis. La période de jours courts (60 jours minimum) se fait ensuite naturellement pour des mises en lutte avant le 15 avril. Les brebis peuvent donc être remises à l’herbe car la durée du jour ne dépasse pas 12 heures. Pour des mises en lutte après le 15 avril, un ajout de mélatonine ou bien l’obscurcissement de la bergerie (souvent difficile à réaliser) est obligatoire. « Les taux de fertilité sont de l’ordre de 70 à 80 % en moyenne avec 170 % de prolificité, poursuit Stéphane. Des durées de lutte de trois cycles semblent plus prudentes car le premier cycle est peu fécondant : les agnelages sont décalés de 15 jours par rapport à une lutte en saison sexuelle. Nous n’avons pas eu d’échec jusqu’à présent mais le protocole a été respecté à la lettre. Les conditions de réussite de cette technique ne sont à l’heure actuelle pas toutes connues. »