Des agneaux moins craintifs si la mère est moins stressée
Des brebis stressées peuvent-elles transmettre
leur peur à leurs agneaux ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre des chercheurs de l’Inra.
Les résultats d’une étude sur le stress des brebis en gestation ont été présentés aux Rencontres recherche ruminants fin 2013. Leur conclusion est qu’en élevage, un stress plus ou moins prononcé, peut altérer la maturation fœtale et par la suite, affecter le développement comportemental et le bien-être des jeunes. Ces effets sont plus ou moins sévères selon le tempérament des mères.
Dans l’expérimentation mise en œuvre, quarante brebis de race romane ont été choisies sur la base de leur réactivité comportementale. La brebis est considérée comme « passive », si elle exprime un minimum de réponses comportementales ou « active », si elle vocalise et présente une agitation motrice élevée.
Les agneaux mâles moins craintifs que les femelles
Pendant le dernier tiers de la gestation, dix brebis actives et dix brebis passives étaient exposées quotidiennement, de façon imprévisible et incontrôlable, à des pratiques potentiellement contraignantes telles que l’isolement pour une intervention sanitaire, le transport en bétaillère, la pesée… tandis que des brebis témoins étaient conduites sans évènements surajoutés.
Après l’agnelage, le comportement des agneaux a été analysé. Ceux dont la mère a été exposée à des pratiques d’élevage potentiellement stressantes, se sont avérés plus craintifs que ceux des mères témoins, à un mois, avec des effets qui s’accentuent à quatre mois. L’effet tempérament de la brebis est à ajouter à ces observations. Les agneaux de brebis actives présentent en effet un stress plus important que ceux des brebis passives. Les auteurs notent néanmoins que les mâles sont moins craintifs que les femelles et cet effet est davantage observé à quatre mois qu’à un mois. Les agneaux élevés en conditions enrichies après sevrage avec la présence de ballons pour jouer, de brosses pour se gratter le dos et une distribution fractionnée et signalée de l’aliment sont moins craintifs.
Au niveau scientifique, l’explication est qu’en situation de stress chronique ou d’expositions répétées à des perturbations, une partie du cortisol maternel traverserait la barrière placentaire et pourrait affecter le développement du fœtus, notamment de l’axe corticotope, acteur majeur de la réponse aux évènements stressants.