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Dans l’Aude, les brebis trouvent leur place dans les vignes

Une combinaison gagnant-gagnant pour éleveurs ovins et vignerons. Le vitipastoralisme reçoit ses lettres de noblesse dans une logique de diminution d’intrants, côté vignoble, et de pâturage de surfaces complémentaires, côté élevage. Dans l’Aude et les départements limitrophes, le projet SagiTerres, lancé par l’Ademe, a été mené par l’Inrae et le BioCivam de l’Aude et vise à caractériser les reconnexions entre élevage et culture (viticulture, grandes cultures, arboriculture). Le projet suscite une redynamisation territoriale et des échanges passionnants entre éleveurs, bergers et vignerons.

<em class="placeholder">Berger conduisant ses brebis dans les vignes.</em>
Le projet SagiTerres a œuvré pour la reconnexion entre éleveurs ovins et cultivateurs (céréaliers et viticulteurs) dans l'Aude. De nombreuses synergies sont nées de cette dynamique.
© J.-B. Roubinet

Sur les terroirs viticoles audois, du Minervois et des Corbières notamment, les viticulteurs souhaitent pouvoir faire pâturer les interrangs de leur vigne afin de limiter l’entretien mécanique, voire l’utilisation de produits chimiques, pour la gestion de l’enherbement.

Les collectivités y voient une opportunité de maintenir les milieux ouverts et de dynamiser les territoires en créant de l’activité économique et en renouvelant les liens et la solidarité entre les usagers. Elles sont de plus en plus nombreuses à s’investir pour mettre en place ou soutenir des projets pastoraux.

Les multiples bénéfices du pastoralisme

En effet, la réintroduction de l’élevage apporte des réponses pertinentes face à plusieurs enjeux liés à l’aménagement du paysage et à l’activité du territoire : entretien des paysages, lutte contre le risque d'incendie, préservation de la biodiversité, création d’emplois, accès à une alimentation locale et de qualité.

<em class="placeholder">Brebis pâturant dans les vignes.</em>
Le pâturage des interrangs des vignes permet de limiter le désherbage mécanique et chimique et constitue une ressource fourragère supplémentaire pour les brebis. © J.-B. Roubinet
La commune de Félines-Minervois dans l’Hérault a par exemple engagé une dynamique pastorale il y a douze ans qui a permis d’installer un éleveur ovin. Sur cette commune de 500 habitants et 30 km2 à l’économie et au paysage dominés par la viticulture, de nombreuses vignes ont été arrachées et le nombre de fermes a fortement diminué.

Dans le but de maintenir le potentiel agronomique des friches, de lutter contre la fermeture des milieux et de développer le potentiel nourricier du village, la commune a réalisé une animation foncière et une concertation territoriale. Elle met aujourd’hui à disposition un fermage de 650 hectares de friches, de landes, de vignes et de champs communaux pour l’activité d’élevage.

Pour plus d’informations : bio-aude.com/sagiterres/

Guy Sabarthès, premier adjoint à la mairie de Félines-Minervois (Hérault) et conseiller municipal en charge des questions agricoles

Une dynamique pastorale municipale

<em class="placeholder">Guy Sabarthès, premier adjoint à la mairie de Félines-Minervois et conseiller municipal en charge des questions agricoles</em>
Guy Sabarthès, premier adjoint à la mairie de Félines-Minervois et conseiller municipal en charge des questions agricoles © J.-B. Roubinet
« Nous avons installé un berger sur le village avec un troupeau de 250 brebis et avons mis à disposition des terrains communaux pour l’installation d’un tunnel pour l’agnelage.

L’expérience extrêmement concluante, couplée au débroussaillement mécanique, nous a permis de récupérer 40 hectares de prairies qui vont être utilisés pour l’agrandissement du troupeau et 10 hectares de terres communales d’anciennes vignes qui, une fois totalement dégagés, seront mis à disposition de jeunes viticulteurs.

De la cohabitation au partage de l’espace

L’acceptabilité de cette activité a été un gros enjeu sur une commune où on n’a pas vu une brebis depuis soixante ans. Il faut préparer les mentalités à l’arrivée d’un berger et expliquer pourquoi on rouvre les milieux. Nous avons organisé des réunions de concertation en réunissant les institutionnels, les pompiers, les chasseurs, les associations de randonnée et du patrimoine dans un moment convivial pour répondre à toutes les questions afin que chacun exprime ses craintes.

Pour que cela fonctionne, il faut communiquer et que ce soit accepté par tout le monde. Ce projet, c’est aussi développer un autre modèle de vie. C’est gommer les clivages entre ruraux et néoruraux. C’est aller de la cohabitation au partage véritable du territoire, avec des axes communs d’aménagement. »

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