Conduisez vos brebis toute l’année en zone céréalière
Des brebis en zone céréalière, il y en a toujours eu ! Mais leur mode d’alimentation a considérablement évolué ces dernières années. Désormais, elles pâturent de plus en plus et font leur retour dans les plaines. Les couverts végétaux en sont le meilleur exemple. Les brebis valorisent également les luzernes et les prairies de l’assolement. Ce dossier livre un éclairage sur ces nouveaux modes de production d’agneaux, résultats d’études à l’appui.
Les motivations d’associer les brebis aux grandes cultures sont diverses. Pour Éric Joly de l’EARL Du Prieuré à Saint-Caprais, dans le Cher, l’installation de la troupe ovine permet de valoriser les terres qui avaient un faible potentiel en les passant en herbe.
« Les couverts sont détruits différemment. Ce sont les brebis qui les pâturent, explique Éric Joly. La production de céréales et de protéagineux historiquement en culture de vente permet une meilleure valorisation par les moutons qui les consomment (pas de déclassé, etc.). Et puis, la vente des agneaux augmente le revenu sur la ferme. »
Moins de 100 kg de concentré
Une conduite innovante (1) a été testée pendant deux campagnes (2021 à 2023) à l’Inrae de Bourges (Cher). Dans ce centre de recherches situé en zone céréalière, l’alimentation des brebis a été basée sur le pâturage des luzernes, des couverts végétaux et des prairies permanentes.Au fil des saisons, elles ont valorisé ces surfaces en restant économes en aliments concentrés avec moins de 100 kilos par couple mère-agneaux sur une campagne avec des agnelages de septembre-octobre.
« Cette étude a montré que les ovins ont leur place dans un système céréalier, indique Théo Boistard, technicien ovin à la chambre d’agriculture du Cher. Il existe une multitude de races et de systèmes possibles en production ovine, à adapter aux particularités de chaque exploitation afin de ne pas superposer les pics de travail. Dans certains cas, cela peut aussi permettre de créer de l’emploi avec l’embauche d’un salarié mixte qui aidera sur les cultures et prendra en charge l’élevage ovin. Au vu de la conjoncture actuelle, avec des prix d’agneaux élevés, la demande croissante d’agneaux français, et les intérêts aussi bien agronomiques qu’économiques, la production ovine en zone céréalière a de quoi séduire. »