Cinq cent loups et toujours trop d’ours
Les éleveurs alertent sur la prédation. Les pouvoirs publics prennent des mesures, mais pas toujours celles attendues par la profession.
Le groupe national loup s’est tenu le 28 mai à Lyon, réunissant représentants des éleveurs, administration et pouvoir public. Des nouvelles mesures ont été prises pour adapter le plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage. En effet, ce plan était prévu pour une population de loups en France inférieure à 500 individus jusqu’en 2023, date à laquelle ce seuil de viabilité devait être atteint. L’ONCFS a publié les résultats du suivi hivernal de la population de loups en France. Dans son communiqué de presse, l’organisme annonce que « l’effectif en sortie d’hiver est estimé à environ 530 loups. La croissance de la population s’effectue essentiellement par une densification de l’arc alpin. » À la sortie de la réunion, quelques faibles avancées ont été obtenues, mais les syndicats agricoles se disent déçus et dénoncent encore la non prise en compte de leurs revendications. « Il y a des choses qui sont mises en place, mais cela n’est pas toujours cohérent avec la réalité du terrain, notamment la définition des zones zéro (les zones à plus forte prédation) », se désole Claude Font, responsable du dossier prédation à la FNO.
Davantage de tirs de prélèvement
Les éleveurs ont tout de même obtenu, comme l’avait annoncé le président de la République, un réajustement du plafond de prélèvement, permettant ainsi de passer de 10 à 17 % de la population du grand canidé. « Si les 17 % de prélèvement sont atteints avant la fin de l’année, nous avons une marge de manœuvre de 2 % afin de ne pas laisser les éleveurs complètement démunis », détaille le syndicaliste. Enfin, les indemnisations des troupeaux prédatés ont été réajustées. Les animaux trouvés morts seront mieux indemnisés. Les éleveurs pourront dorénavant faire valoir leurs animaux portés disparus sur présentation d’un inventaire réalisé en début et fin d’année. Un groupe de travail composé de professionnels et de membres de l’administration va être mis en place pour redéfinir la notion de perte indirecte et ainsi proposer des indemnisations plus adaptées. Côté ours, les Pyrénées s’enflamment à nouveau avec la transhumance qui bat son plein. Les incidents se multiplient, comme ce randonneur qui affirme avoir été poursuivi par une ourse ou plus récemment le dérochement de 250 brebis suite à une attaque d’ours. Début juin, le ministre de l’Écologie François de Rugy et Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, ont adressé au préfet de la région Occitanie un document visant à concilier élevage de montagne et présence de l’ours. À travers cette feuille de route « pastoralisme et ours », les deux ministères espèrent apporter des solutions pour les éleveurs subissant des attaques d’ours.
Sons et lumières pour les ours
Ils prévoient notamment une meilleure transmission de l’information aux éleveurs sur la localisation des ours. Les moutonniers pourront être mieux aidés au niveau financier pour renforcer leurs mesures de protection (chien, aide-berger, parcs, etc.) et si cela s’avère inefficace, un dispositif d’effarouchement est d’ores et déjà possible. Deux méthodes sont autorisées : l’effarouchement par du bruit ou de la lumière (cloches, torches, etc.) et en cas d’une nouvelle attaque, des tirs non létaux peuvent être effectués. Enfin, et en dernier recours, les pertes subies par les éleveurs seront mieux indemnisées. Cependant, la profession reste ferme sur ses requêtes. Pour Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture de l’Ariège, la solution serait « le retrait graduel d’ours, pour soulager la pression. » Celui-ci met d’ailleurs en garde les pouvoirs publics : « on sent l’imminence d’un drame, qui pourrait concerner un randonneur croisant une ourse avec ses petits, ou un éleveur au bout du rouleau. » En écho, la Fédération nationale du pastoralisme rappelle dans un communiqué de presse que : « au-delà de la mort de ces animaux, c’est un drame humain aux ramifications psychologiques et émotionnelles dévastatrices pour les éleveurs et leurs familles qui va bien au-delà des aspects économiques pourtant énormes. » La FNDP pointe encore une fois l’incohérence de la politique actuelle d’ensauvagement des milieux qui se fait au détriment des activités agricoles de plein air, telles que le pastoralisme.