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Bien penser son installation solaire

L’agrivoltaïque, l’installation de centrales photovoltaïques sur des exploitations agricoles, est une source de revenu complémentaire intéressante pour l’agriculteur.

"Pour tout projet de construction de bâtiment agricole, d’élevage ou de stockage, les agriculteurs devraient avoir le réflexe de penser au photovoltaïque", assène Isabelle Rommeluere, conseillère en énergies renouvelables à la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne. Bien que l’énergie solaire reste un domaine dynamique où de nombreux projets sortent de terre chaque année, beaucoup d’agriculteurs restent encore sceptiques. "L’argument qui revient souvent, c’est que ça ne paie plus, mais il faut relativiser, reprend la conseillère. En effet, pour les pionniers de l’énergie solaire, l’électricité était achetée par EDF cinq à dix fois plus cher qu’aujourd’hui. Mais ce qu’on oublie trop souvent, c’est que les coûts d’installation étaient également très élevés." Actuellement, l’électricité est achetée environ 11 centimes du kilowatt mais l’amortissement est relativement rapide puisqu’il faut compter entre 10 et 15 ans (pour la centrale, sans compter le bâtiment).

Produire suffisamment pour sa ferme et plus encore

"Avec une bonne implantation du bâtiment, on parvient largement à couvrir les besoins électriques de la ferme tout en vendant encore une bonne part de la production électrique", se réjouit Denis Gautier, responsable de la ferme expérimentale ovine du Mourier (Haute-Vienne). Pour les éleveurs qui ne souhaitent pas se lancer dans un projet parfois lourd à porter et long à mettre en place, des entreprises proposent des solutions de location de toiture ou encore d’hébergement d’activité d’élevage en échange du terrain pour construire le bâtiment. "Il y a beaucoup d’offres de ce type. Cela peut s’avérer intéressant pour les agriculteurs même si cela leur rapporte moins qu’une centrale en leur possession, mais il est nettement préférable de se faire accompagner par sa chambre d’agriculture, au moins sur le volet juridique pour la validation du contrat avec l’entreprise", intervient Isabelle Rommeluere.

Bénéficier d’un bâtiment avec panneaux solaires

L’entreprise Irisolaris, est spécialisée dans l’énergie solaire en agriculture. Basée à Aix-en-Provence, elle rayonne sur une grande partie de la France et propose trois types de contrats aux agriculteurs. La première offre consiste à financer la construction d’un bâtiment pourvu d’une centrale photovoltaïque sur sa toiture. L’agriculteur bénéficie de la structure pour ses activités d’élevage ou de stockage. Seuls le terrassement et l’aménagement intérieur sont à la charge de l’éleveur. La seconde solution concerne surtout les bâtiments déjà existants. L’agriculteur peut alors choisir de faire payer un loyer annuel à Irisolaris pour l’occupation de la toiture d’un ou plusieurs bâtiments. Le loyer est cependant défini par l’entreprise, il dépend de la surface installée et de l’ensoleillement de la toiture et il est fixé et garanti sur les 20 premières années. Pour ces deux premiers cas, l’agriculteur devient propriétaire du bâtiment au bout de 30 ans et peut choisir de conserver ou non les panneaux solaires.

Propriétaire de la centrale au bout de vingt ans

S’il décide de s’en débarrasser, le démontage est pris en charge par Irisolaris. Enfin, la troisième option concerne l’exploitant agricole souhaitant être propriétaire du bâtiment et de la centrale photovoltaïque dès le départ. Dans ce cas précis, Irisolaris aura principalement un rôle de conseil et de suivi technique. « Il faut compter autour de 64 000 euros hors taxe pour l’installation d’une centrale de 100 kilowatts, sans compter les frais de raccordement qui peuvent être très élevés », prévient Rémi Buissonnier, responsable commercial chez Irisolaris. Les démarches administratives seront effectuées par l’entreprise. Quel que soit le cas de figure, la toiture doit faire au minimum de 600 mètres carrés pour que la centrale soit rentable.

Avis d’expert : Isabelle Rommeluere, conseillère innovation et filières émergentes à la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne

 

 
Isabelle Rommeluere, conseillère innovation et filières émergentes à la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne © B. Morel

« Concevoir son bâtiment d’abord pour le travail, ensuite pour le solaire »

« Un bâtiment est avant tout un lieu de travail et doit être conçu comme tel. La dimension photovoltaïque n’est à prendre en compte que dans un second temps, par exemple lorsque l’on va décider de l’implantation et de l’orientation du bâtiment. L’idéal pour les panneaux solaires est d’avoir un grand pan du toit orienté plein sud, mais il faut prendre garde à l’ambiance dans les bâtiments d’élevage avec une toiture trop décalée. Une étude de l’Institut de l’Élevage a montré qu’il valait mieux respecter la proportion deux tiers - un tiers pour les pans sud et nord. L’air circule mieux ainsi. Attention également aux règles d’urbanisme en vigueur dans certains départements qui interdisent des toitures trop décalées. L’orientation plein sud n’est pas vraiment gênante en élevage ovin puisque les bâtiments sont souvent à quatre murs. La centrale peut être sur un bâtiment d’élevage ou de stockage, il n’y a pas de contre-indication mais je conseille de ne pas mettre le local de l’onduleur trop proche de l’aire de vie des animaux. De même, l’éleveur doit laisser un espace d’au moins 1,5 mètre entre les bottes de foin et la toiture, pour éviter tout risque de surchauffe et d’incendie. Mieux vaut également poser les panneaux sur la toiture en bac acier en laissant un passage d’air qui va refroidir les panneaux. De plus cet air chauffé par le soleil peut être récupéré pour du séchage en grange par exemple.

Le prix du raccordement au réseau est limitant

Pour définir quelle taille de centrale il faut mettre, l’éleveur doit se référer au tarif de rachat d’EDF. Pour une puissance inférieure à 100 kilowatts, le tarif est régulé par l’État et mis à jour tous les trois mois. Pour les centrales plus puissantes, l’agriculteur doit réaliser un appel d’offres. Mieux vaut tendre vers les 100 kilowatts, les charges seront plus diluées et la surface minimale nécessaire pour cette puissance étant de 600 mètres carrés, cela correspond plutôt bien aux bâtiments d’élevage ovin. Le prix de rachat de l’électricité par EDF a beaucoup diminué ces dernières années, mais les coûts d’installation également, aussi le solaire est toujours rentable. En effet une centrale de 100 kilowatts paie en théorie en 20 ans le coût de l’installation et de la structure du bâtiment. Mais si le prix de raccordement dépasse les 25 000 euros, mieux vaut abandonner le projet qui ne sera pas rentable. L’éleveur n’a cependant aucune visibilité sur le coût de raccordement et ce n’est qu’une fois le permis de construire déposé qu’il pourra en prendre connaissance. Néanmoins, si son installation est loin du réseau ou que le réseau à proximité n’est plus aux normes, il faut s’attendre à des prix exorbitants. Les interventions sur les panneaux restent rares et bien qu’il faille les nettoyer de temps en temps, cela est dépendant de l’environnement (hauts arbres, cour en terre, paillage). La saleté des panneaux est rapidement repérable avec la baisse de production, il faut alors intervenir. »

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