Un jour avec
Benoît Redoulès, accompagnateur chien de protection
Benoît Redoulès est éleveur de brebis laitières mais aussi membre du réseau technique d’Idele pour la mise en place de chien de protection chez les éleveurs. Il se charge, entre autres, de trouver des chiots, d’aider les éleveurs, de participer à des journées d’information sur les chiens de protection.
Benoît Redoulès est éleveur de brebis laitières mais aussi membre du réseau technique d’Idele pour la mise en place de chien de protection chez les éleveurs. Il se charge, entre autres, de trouver des chiots, d’aider les éleveurs, de participer à des journées d’information sur les chiens de protection.
9h45
Benoît Redoulès prend la route. Aujourd’hui, trois visites sont prévues dans le secteur de la Montagne noire autour de Mazamet (Tarn). Le loup est arrivé dans la zone en 2021 et trois individus ont été identifiés. Les premières attaques ont démultiplié la demande des éleveurs en chien de protection des troupeaux (CPT). Benoît Redoulès les accompagne dans la mise en place de leur chien en tant que relais du réseau technique Idele sur les CPT. Passionné depuis tout petit par la gent canine, il participe à des concours de chiens de conduite de troupeau. En 2015, il se forme à l’éducation des CPT avec la Pastorale et introduit ensuite un patou sur son exploitation pour la protéger. Dès 2018, il intègre le réseau technique Idele chiens de protection et accompagne quatre élevages pour la mise en place de leur chien. La présence du loup dans le Tarn permet aux éleveurs de bénéficier d’aides pour la protection de leurs troupeaux et le travail de conseil technique de Benoît Redoulès est maintenant reconnu.
10h30
Benoît Redoulès arrive chez Magali qui a un chiot Patou de quatre mois. La visite commence autour d’un café où Benoît, l’éleveuse et sa famille discutent du comportement de la chienne, des problèmes rencontrés, de la mise en pratique des conseils donnés lors de la dernière visite ou par téléphone. Cela fait deux mois que la jeune chienne est sur l’exploitation. Magali et sa famille sont contentes que son arrivée se passe bien et que leurs efforts pour l’éduquer portent leurs fruits.
À deux mois, les chiots sont sevrés et emmenés dans leur nouvel élevage. Entre deux et quatre mois, il faut que le chiot se fixe à son troupeau de brebis qui devient en quelque sorte sa nouvelle famille. Le chien ressentira ensuite toujours le besoin de rester avec son lot. Il faut aussi familiariser le chiot à l’humain. On doit pouvoir attraper le chien, le mettre en laisse et le manipuler. Dans le cas de Tina, la jeune chienne de Magali, la fixation s’est faite avec un lot de 25 brebis. Les adultes sont plus méfiantes et moins accueillantes que les agnelles mais quand Tina est arrivée sur l’exploitation, les jeunes étaient encore trop petites pour poser des limites et empêcher la chienne de développer des comportements de prédation par le jeu (morsure d’oreille par exemple) ; comportement qu’il est ensuite dur de faire disparaître.
Benoît Redoulès part ensuite voir Tina pour évaluer son comportement au milieu de son lot de brebis et observer sa réaction face à l’arrivée d’un inconnu près de ses animaux. Il vérifie ensuite qu’elle se laisse manipuler et donne des conseils à l’éleveuse pour lui apprendre à marcher en laisse sans tirer. À la fin de la visite, le conseiller en CPT récapitule les prochaines étapes dans l’éducation de la chienne et donne une fiche à Magali qui comprend ses observations sur le comportement de la chienne et ses conseils.
14h
En début d’après-midi, Benoît Redoulès se rend chez Cédric, un éleveur qui a déjà été attaqué par le loup. Suite au traumatisme de l’attaque et à la perte d’une dizaine de brebis, l’éleveur a décidé de rentrer un patou pour se protéger. La jeune Very a presque cinq mois et Benoît Redoulès fait une visite pour aider Cédric à organiser sa sortie. À partir de quatre mois, le chiot s’est bien fixé à son lot de brebis ou d’agnelles en bergerie. Il est important de le faire sortir pour qu’il découvre l’extérieur. Plus le chiot sort tard et plus il risque d’avoir du mal à s’y habituer. Dans le cas de Cédric, la jeune chienne est fixée au lot des agnelles qui ne sortent pas car l’éleveur n’a pas encore reçu la totalité de son filet anti-loup. Les 35 brebis suffolk sortent la journée mais elles ne connaissent pas encore la chienne. Benoît et l’éleveur essaient d’amener la chienne dehors avec les brebis mais le parc est un peu trop grand et les brebis s’affolent face à cette rencontre. Finalement, Benoît Redoulès recommande de mettre la chienne à l’attache la nuit avec les brebis dans la bergerie et de la laisser le jour avec le lot d’agnelles. Au bout de deux semaines, les brebis devraient s’être habituées à sa présence et elle pourra sortir avec elles pendant la journée.
16h30
Troisième et dernière visite de la journée. Benoît Redoulès se rend chez Marie-Christine et Jessica qui sont associées dans un Gaec mère-fille. Les deux éleveuses ont deux chiennes adultes et un chiot de 10 mois. Elles avaient pris leur premier chien pour protéger le troupeau des chiens des randonneurs qui passent régulièrement autour de l’exploitation. Dorénavant, les CPT protègent aussi le troupeau contre le loup, récemment arrivé dans leur zone. Les brebis sont toujours surveillées par une des associées ou une bergère la journée. Benoît Redoulès a emmené un de ses chiens de conduite pour évaluer la réaction des patous face à un « danger ». Les chiens de protection défendent le troupeau en quatre étapes. D’abord, ils marquent le territoire, ensuite ils aboient pour alerter d’un danger quand ils entendent ou remarquent quelque chose d’inhabituel. S’ils visualisent la source de danger, ils s’interposent entre elle et le troupeau. En dernier lieu, le chien va rentrer dans l’altercation mais ce n’est pas un comportement qui est recherché pour éviter les problèmes avec les randonneurs et les autres usagers.
Benoît commence par faire le test avec les deux chiennes adultes qui sont avec les brebis. À l’arrivée du chien de berger dans la parcelle, les deux femelles le repèrent. Elles aboient pour donner l’alerte et se placent entre lui et les ovins qui se regroupent en cercle. Le test dure quelques minutes pendant lesquelles les chiennes restent calmes, s’interposent entre le chien de berger et les brebis sans rentrer dans l’altercation. Benoît Redoulès débriefe ensuite avec les deux éleveuses. Les chiennes ont bien réagi, sont complémentaires dans leur travail et ont une réponse adaptée au danger.
Ensuite, le conseiller en chien de protection va faire le même test avec le chiot de 10 mois qui se trouve dans un lot de 120 agnelles. Quand il s’approche avec son chien de conduite en laisse, le jeune patou le suit en aboyant mais ne montre pas de signes d’agressivité. Benoît Redoulès peut rentrer dans la parcelle sans problème. Il fait ensuite rentrer son chien comme avec les deux chiennes adultes. Le chiot réagit bien, il montre quelques difficultés à s’interposer, mais son jeune âge l’excuse.
18h30
C’est la fin de la journée. Benoît Redoulès doit encore rentrer chez lui, passer voir ses brebis et faire travailler ses chiens. En 2022, il a 19 chiots à suivre. Il fait cinq visites de deux heures dans chaque exploitation entre l’arrivée du chiot et ses 18 mois. Avec le réseau chien de protection, il suit également trois jours de formation par an sur différentes thématiques. Cela représente un quart de temps en plus de son activité sur son exploitation.