Balnéothérapie à domicile
Le GDS des Bouches-du-Rhône a investi dans une baignoire mobile qui permet de traiter rapidement les grands troupeaux contre les parasites externes.
Plouf ! Les fortes chaleurs incitent à la baignade et les moutons aussi peuvent piquer une tête dans la nouvelle baignoire mobile imaginée par le GDS des Bouches-du-Rhône et la coopérative Agneau soleil. La baignoire en forme de U permet une balnéation suffisamment longue pour que les traitements contre les parasites externes, la gale notamment, soient efficaces. « Dans nos premiers essais, nous avons chronométré un bain d’une durée de vingt à trente secondes », relate Sylvain Béhéty, le responsable technique de la coopérative Agneau soleil.
Une remorque similaire existe en Australie mais les conditions d’importation et d’agrément routier étaient trop contraignantes. Le GDS et la coopérative se sont alors tournés vers la société espagnole Javier Camara qui fabrique déjà du matériel de contention pour les ovins. Après un an et demi de cogitation et de conceptions, la première baignoire mobile européenne était née et envoyée directement dans les Bouches-du-Rhône.
La tête sous l’eau pour traiter tout l’animal
Installée sur une remorque, la baignoire mobile de 1,7 tonne peut être tractée par un camion, un tracteur ou un 4x4. Elle est conçue pour recevoir 5 000 litres d’eau et il faut donc bien la caler avec quatre béquilles stabilisatrices avant de commencer à la remplir. Le remplissage peut se faire avec des cuves, ce qui permet une mesure précise du volume d’eau, ou à l’aide d’une pompe intégrée. Un point d’eau ou une mare peuvent alors servir à remplir la baignoire. « La mise en place est assez facile, témoigne sylvain Béhéty. Il suffit d’installer les rampes de montée et de sortie et de remplir la baignoire. »
Les animaux montent sur la passerelle équipée d’anti-reculs et bordée de claies pleines. À côté, la rampe des opérateurs permet d’aider à l’avancée des ovins. Une fois arrivés en haut, ils doivent tourner à 90° car l’entrée de la baignoire se situe dans le virage, dissimulé par un rideau. Les moutons tombent alors automatiquement le long d’un toboggan qui les plonge dans la solution. « Là, ils mouillent forcément leur tête une première fois, explique Sylvain Béhéty. Ensuite, un opérateur avec un balai ou une perche leur appui une nouvelle fois la tête dans l’eau pour que le traitement aille bien sur tout le corps. »
Location à petit prix dans les Bouches-du-Rhône
Les brebis nagent le long des huit mètres de couloir en U avant de retrouver pieds vers la sortie en pente. La rampe de descente est équipée d’un double plancher qui permet de récupérer les jus d’égouttage dans un bac avant de les réinjecter dans la baignoire grâce à la pompe. « Nous allons apporter quelques modifications à la baignoire, décrit Sylvain Béhéty. Par exemple, mettre une porte guillotine en bas de la passerelle de sortie permettrait de laisser les moutons s’égoutter un peu plus longtemps ». De même, un tapis antidérapant limiterait les risques de glissades en sortant du bain.
Un minimum de trois personnes est nécessaire pour un chantier de balnéation. Les premiers tests ont montré que l’on pouvait traiter jusqu’à 400 brebis par heure. La solution peut ensuite être récupérée grâce à la pompe de vidage pour être traitée par un prestataire spécialisé.
D’un coût de 25 000 euros, la baignoire est mise à disposition des éleveurs du Bouches-du-Rhône par une location de 150 euros les trois jours, cette somme permettant de couvrir l’usure du matériel et la casse éventuelle. « L’objectif n’est pas de faire du bénéfice, indiquait Rémy Benson, éleveur ovin et président du GDS dans L’Agriculteur provençal. Nous voulons plutôt apporter une solution sanitaire fiable aux adhérents du département. Aujourd’hui, beaucoup d’éleveurs ne sont pas propriétaires de leurs terres et ne peuvent pas investir dans une baignoire en dur qui coûte entre 8 000 et 10 000 euros ». L’équipement pourrait intéresser d’autres départements qui voudraient également offrir une balnéothérapie ovine…