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Avortements à terme en série chez les brebis, attention aux carences

Les carences en sélénium et iode impactent directement les mises bas et le développement des agneaux et si elles sont sévères, cela occasionne des avortements en grand nombre.

Après un agnelage d’automne qui s’est passé sans problème particulier, un élevage avec environ 400 brebis mères avait un lot d’environ 50 primipares en agnelage de printemps. Dès le début des mises bas des agnelles, l’éleveur doit faire face à une vague d’avortements à terme et des agneaux qui meurent rapidement après la naissance.

La première chose à laquelle on pense, lorsque cela concerne des agnelles non vaccinées contre la chlamydiose, est une origine infectieuse avec comme principaux responsables la chlamydiose, éventuellement la fièvre Q et parfois la toxoplasmose. Les jeunes agnelles n’ont souvent pas acquis d’immunité contre ces pathogènes et si ceux-ci circulent au sein de l’élevage, une vague d’avortements peut survenir.

Des avortons semblables à des petits cochons

Des prélèvements sur une série d’agnelles avortées (prise de sang et prélèvements d’avortons) sont réalisés pour infirmer cette hypothèse, mais l’éleveur avait remarqué des points communs sur tous les avortons : une tête et des oreilles toutes roses comme des petits cochons et un gros cou. C’est cette seconde observation qui a permis de s’orienter rapidement sur la piste de la carence sévère.

À l’autopsie des avortons, on découvre une thyroïde hypertrophiée qui dépasse les 20 grammes, voire 50 grammes, alors qu’elle ne fait normalement que quelques grammes. Certaines mères présentent elles-mêmes un goitre. Ce symptôme apparaît lors de carences sévères en iode et sélénium. D’autant plus qu’entretemps, les résultats de la recherche chlamydiose, fièvre Q, toxoplasmose et brucellose sont revenus négatifs.

Afin de s’assurer que cette carence est bien la cause du problème dans l’élevage, des prises de sang sont réalisées sur les mères : aucun doute, la carence est sévère.

Apporter du sélénium et de l’iode en bergerie

S’il est trop tard pour sauver l’agnelage en cours, la carence doit être prise en charge pour les lots suivants. La remontée du statut de l’élevage est fondamentale, l’éleveur va administrer en premier lieu une prise individuelle de sélénium et d’iode. En rythme de croisière, il est conseillé d’apporter des minéraux, directement dans la ration ou via des blocs à lécher, pendant la période hivernale. Sur cet agnelage à problème, seulement un tiers des agnelles auront un agneau à élever et les croissances ainsi que la santé de ces agneaux ont peu de chance d’être exceptionnelles.

La conduite d’élevage n’a pourtant pas changé cette année, mais les conditions climatiques et les sécheresses à répétition ainsi que la concentration des fourrages en oligo-éléments certainement plus basse que les autres années ont conduit à ce grave problème.

Il ne s’agit pas d’une maladie contagieuse et le rétablissement des statuts doit permettre de résoudre le problème avant la prochaine saison d’agnelage.

Les fourrages conservés étant moins riches que l’herbe fraîche en oligo-éléments, c’est certainement pour cela que seuls les agnelages de printemps ont posé problème. La solution pour l’année future est de faire un apport minéral quand les animaux sont rentrés jusqu’à la fin de la saison d’hivernage.

Le cas de cet élevage est extrême, avec un nombre impressionnant d’agnelles concernées et une manifestation de la carence très agressive, néanmoins ce genre de carence est fréquente et ne conduit alors qu’à des problèmes de santé sur les agneaux, provoquant dans le même temps des résultats de croissance médiocres.

Définition

Avortement : agneau mort-né ou mourant dans les 48 heures suivant sa naissance.

Les symptômes de carence en iode et sélénium chez l’agneau né et vivant

Cette carence en iode et sélénium peut conduire à des avortements mais elle va entraîner également tout une série d’autres problèmes sur les agneaux nés et vivants :

  • Myopathie (« raide » ou « mou » de l’agneau) et dyspnée (difficulté respiratoire)
  • Baisse de la qualité du colostrum
  • Diminution du transfert colostral et diminution de l’immunité des agneaux
  • Diminution de la régulation de la température de l’agneau et de sa vivacité
  • Agneaux chétifs
  • Ralentissement de la croissance

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