« On a augmenté de plus de 30 centimes le prix minimum garanti »
La coopérative Arterris, dont le territoire s’étend des portes de la Gascogne (à l’ouest) aux contreforts des Alpes (à l’est), offre depuis trois ans à ses éleveurs ovins un prix minimum garanti.
« Ce sont des bases d’engagement qui s’inscrivent dans une vraie réflexion autour de la contractualisation, explique Stéphane Gay, directeur du groupement ovin d’Arterris. Les éleveurs reçoivent dès le mois de décembre une projection des prix minimum garantis couvrant les 52 semaines de l’année à venir. Il s’agit d’un prix minimum, pas d’un prix plafond. »
Un prix minimum qui présente plusieurs avantages concrets. Qui plus est lorsque les marchés sont fluctuants. Ainsi, lors du premier confinement lié à la situation sanitaire, en avril 2020, la coopérative Arterris a été amenée à compléter les prix. « Nous nous appuyons sur une caisse de péréquation abondée pour sécuriser les prix minimums garantis. En 2020, lors de la période de Pâques, et pendant deux à trois semaines, 25 000 euros ont été mis sur la table afin de compenser la baisse des marchés. »
Les caisses de péréquations sont abondées par la coopérative, sa filiale Alpes Provence Agneaux, ainsi que ses partenaires comme le groupe breton Bigard, les établissements Joucla ou encore la société Mathieu et fils, basés en Haute-Garonne. « On monte des partenariats afin d’être plus efficace. »
Il faut dire que l’enjeu est important. Car outre garantir des revenus aux éleveurs, il s’agit également de structurer une filière qui permet d’obtenir de la plus-value. « Nous souhaitons aller vers des orientations pérennes et durables. » Les efforts à fournir sont importants mais les premiers résultats encourageants. « En trois ans, on a augmenté de plus de 30 centimes le prix minimum garanti. Soit près de 6 euros par agneau. Nous comptons bien persévérer ! »
Sur la fin d’année, les prix minimums garantis sont intéressants : jusqu’à 8 euros/kg de carcasse. « Septembre, octobre et novembre sont trois mois critiques de contre-saison où nous faisons des efforts financiers pour inciter les éleveurs à produire. Nous avons de vrais besoins de volumes. » Ce qui n’est pas toujours le cas, la saisonnalité de l’agneau est effectivement un élément limitant pour le maintien du prix. « Parfois, nous sommes a contrario obligés de réfléchir à des débouchés extérieurs, car nous avons trop de volumes par rapport à la demande. » Et forcément, ce sont des périodes où les prix minimums sont au plus bas.
Pourtant, la coopérative travaille pour proposer des tarifs relativement linéaires. « Il nous faut pour cela mieux anticiper et non plus subir », résume Stéphane Gay. Pour ce faire, la coopérative doit pouvoir connaître au plus tôt les volumes qu’elle devra commercialiser. « Cela pourrait nous permettre d’engager des actions de communication ou mettre en place des offres promotionnelles en cas de forte fluctuation de volume. Nous avons à ce jour très peu d’outils efficaces qui nous permettent de connaître et de centraliser les volumes à commercialiser. Bien sûr, nos techniciens qui suivent les éleveurs en appui technique font des remontées terrain. Ils conseillent aussi les éleveurs afin que leurs productions soient disponibles pendant les périodes où nous avons besoin de volumes et où les prix sont les plus intéressants. » Depuis plusieurs mois, Arterris fait d’ailleurs partie des coopératives qui testent le logiciel Sicoop, dont l’un des objectifs est de prévoir les dates de disponibilité des agneaux. « En renseignant l’ensemble des données techniques : nombre de brebis luttées, périodes de lutte, fertilité, prolificité, mortalité etc., nous allons arriver à des projections précises qui nous aideront à piloter et à mieux valoriser. » Ce nouvel outil doit être déployé en 2022.
Dans l’objectif de prix linéaires rémunérateurs, tous les maillons de la coopérative devront continuer à travailler avec le tableau définissant à l’avance les prix minimums garantis. « On veut vraiment inciter les éleveurs à orienter leurs productions là où elle est déficitaire et où les prix sont les plus forts, lors de ces périodes creuses. » Mais ces données ne font pas tout. Si le prix est attractif, il n’en reste pas moins que l’éleveur doit continuer à produire des agneaux de qualité. En outre, les éleveurs peuvent encore gagner en revenu selon l’état d’engraissement et la conformation. « Un gain de conformation entre un agneau O et un R peut représenter autour de 10 à 12 euros de plus par agneau. Les techniciens peuvent accompagner ces évolutions. La réussite de la valorisation passera par la régularité de la qualité et de la périodicité. Le prix minimum garanti permet de sécuriser et d’orienter les éleveurs à produire quand il y en a besoin », insiste Stéphane Gay.
Le groupement ovin d’Arterris en bref
Grâce à sa fusion avec la coopérative Terre ovine, réalisée en janvier 2020, le groupe coopératif multiproductions Arterris compte aujourd’hui un peu plus de 600 éleveurs ovins. Ceux-ci sont implantés dans huit départements du sud-ouest de la France. Pour la commercialisation des animaux, le groupe peut s’appuyer sur deux filiales : Ovimpex et Alpes Provence Agneaux. Dans son rapport annuel 2019-2020, Arterris fait état pour l’activité ovine de 291 300 têtes et d’un chiffre d’affaires de 30,4 millions d’euros. Le groupement ovin est présidé par Didier Canalis, éleveur dans l’Aude.