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« Nos ateliers porc et bovin sont complémentaires »

Situé en zone de montage dans l'Aveyron, le Gaec des Igues joue sur la mixité entre l’atelier naisseur-engraisseur de 140 truies et l’élevage de 120 vaches laitières, d’abord pour diversifier les revenus de l’exploitation.

Depuis 1983, à Laval La Bastide-L’Évêque dans l’Aveyron, la famille Rigal mise sur la complémentarité entre porcs et bovins. À son installation, en 2010, Sébastien Rigal a confirmé son attachement pour l’élevage porcin. « J’ai toujours été attiré par le porc », avoue l’éleveur âgé de 36 ans. 

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Simple naisseur au départ, il plaçait ses porcelets de 25 kilos à façon chez un éleveur. Il a vite fait le compte, le coût du façonnage (prix moyen de 12 € par animal) payait les annuités d’emprunt d’un potentiel investissement. En 2016, il investit 800 000 € dans la construction d’un bâtiment d’engraissement avec fabrication de son aliment à base de maïs humide (60 % au maximum), d’orge (15 %), de tournesol (10 %), de soja (15 %) et de compléments minéral et vitaminé.

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Des échanges avec les agriculteurs voisins

L’approvisionnement est local pour les céréales ou provient des départements limitrophes pour une partie du maïs. Seuls le soja et le tournesol viennent de plus loin. Une fois par an, l’orge et une partie du maïs humide sont achetées à six voisins éleveurs de bovins. C’est « un moyen de ne pas être dépendant des marchés extérieurs, de sécuriser mon approvisionnement, de maîtriser la volatilité des prix, d’avoir une vision à plus long terme tout en réduisant ma dépendance aux intrants extérieurs », développe l’éleveur.

En contrepartie, de cette entente, les six voisins récupèrent gratuitement le lisier des porcs en engraissement. « Il n’y a pas mieux comme fertilisant », constate l’éleveur en soulignant son « effet starter » sur l’herbe, le maïs et les céréales. « C’est cette entente qui a permis le projet du bâtiment d’engraissement », assure-t-il. Le Gaec conserve le lisier de la maternité et du post-sevrage, soit un tiers du volume produit. Depuis quatre ans, il cultive une quinzaine d’hectares de céréales chez un voisin. D’une pierre, deux coups : cette part d’autoproduction d’orge lui rapporte la paille nécessaire aux vaches.

Une valorisation des porcs en filières de qualité

La provenance locale d’une bonne part de ses matières premières et ses méthodes d’élevage valent au Gaec familial l’accès à des filières de qualité telles que le porc de montagne (20 % de céréales issues de la zone montagne), le porc de l’Aveyron (céréales produites régionalement), le porc du terroir occitan (post-sevrage sans antibiotiques). La majorité des jambons suivent le cahier des charges du jambon de Bayonne.

L’automatisation pour optimiser le temps de travail

Si Sébastien Rigal est davantage concerné par l’atelier porcin, il ne rechigne pas à s’occuper des vaches. Il apprécie tout particulièrement la polyvalence. « Avec deux productions, on ne s’ennuie jamais. On n’est pas tout le temps derrière les cochons, il y a le foin, l’ensilage… », explique-t-il, en évoquant la crainte d’une certaine routine inhérente à l’élevage porcin très organisé.

De même, pour le tri et la castration, il apprécie le coup de main de ses associés, pour le gain de temps, mais également pour la compagnie et le regard qu’ils peuvent porter sur son cheptel.

Globalement, Sébastien Rigal estime qu’une UTH est suffisante pour un atelier tel que le sien : « 140/150 truies, c’est la taille idéale pour dégager un revenu sans avoir de salarié. » L’éleveur est très investi dans la vie locale et professionnelle, avec de nombreuses responsabilités à l’extérieur du Gaec (1). Un emploi du temps bien chargé, mais sans trop de conséquences sur ses associés. Tous les dix jours, et plus particulièrement avant une absence, il prend soin de trier les cochons et de les rapprocher du quai d’embarquement pour leur faciliter la tâche. Même depuis Paris, il peut gérer à distance l’alimentation de ses porcs ou intervenir sur un code erreur. Il a tout misé sur l’automatisation.

« Je suis toujours à la recherche de nouveautés pour ne pas être dépendant des autres et ne pas être esclave », résume-t-il. Des vacances peuvent ainsi être facilement planifiées. Un résultat qui repose sur toute une organisation.

L’exploitation certifiée HVE

La question de l’environnement ne le laisse pas indifférent. Un captage d’eau a été réalisé et permet dix mois d’autonomie pour l’abreuvement des cochons. Une réserve d’eau de pluie sert à laver le bâtiment d’engraissement, le trempage et la micro-aspersion des porcs. Classé Haute Valeur environnementale (HVE niveau 3), le Gaec s’est aussi penché sur son bilan carbone. En 2020, il a investi 40 000 € dans un tracker photovoltaïque de 13 kWc. Il produit un tiers des besoins en électricité de l’élevage porcin. La facture annuelle d’électricité a baissé de 5 000 €. Avec toujours ce souci de diversifier les revenus de l’exploitation pour ne pas être dépendant d’une seule production, une SAS photovoltaïque vient d’être créée avec installation en toiture d’une capacité de 400 kWc destinés à la revente.

« Globalement, on a toujours gagné notre vie avec le cochon, malgré des cours fluctuants. Si on est bon techniquement, on peut sortir un revenu », assure Sébastien Rigal, en indiquant qu’au sein du Gaec, les associés peuvent se rémunérer un peu au-dessus du Smic. L’élevage porcin représente 40 % des revenus de l’exploitation, avec quelques fluctuations en fonction des contextes économiques de chacune des deux filières. Bref, une vraie complémentarité.

(1) Administrateur de MidiPorc, de l’Association Porc Montagne, de la coopérative Alliance Porci d’Oc, de la fédération départementale de Groupama et président de caisse locale. Membre du bureau de la FNP.

Carte d’identité

Gaec des Igues

4 associés

Situé à 640 m d’altitude en zone montagne

140 truies et sa suite

13,5 porcelets par truie

3 300 porcs charcutiers par an

135 hectares de SAU

120 vaches laitières

Groupement Alliance Porci d’Oc

Génétique Axiom

L’élevage bovin suit l’exemple du porc

Sébastien Rigal cherche une solution pour arrêter de couper la queue des cochons, et même s’il continue à castrer ses porcs, il le fait sous anesthésie. Il s’est d’ailleurs impliqué pour tester les protocoles proposés par l’école vétérinaire de Toulouse. « Ce sont des contraintes en plus, mais il ne faut pas les négliger. C’est un moyen d’améliorer l’image de notre métier. Je suis le référent bien-être sur l’exploitation, et j’essaye de l’amener sur l’élevage bovin lait. » D’ici à la fin de l’année, les vaches disposeront de matelas d’eau et de tapis de sol en caoutchouc. « La production porcine est innovante au niveau des automatismes. On essaie de développer la même chose pour la production bovine. »

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