Nagui et L214 découvrent les vaches à hublot : le monde agricole réagit
L214 a publié une vidéo de vaches équipées de canules. Les images ont été tournées dans un centre de recherches privées de Sanders (groupe Avril). La pratique des bovins fistulés (ou à hublots) n’est pourtant pas nouvelle, en France et à l’étranger. Le message n’a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux.
L214 a publié une vidéo de vaches équipées de canules. Les images ont été tournées dans un centre de recherches privées de Sanders (groupe Avril). La pratique des bovins fistulés (ou à hublots) n’est pourtant pas nouvelle, en France et à l’étranger. Le message n’a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux.
Dans ses vidéos, L214 a pris l’habitude de viser le groupe Avril. L’association s’était déjà attaquée à l’industriel en s’introduisant dans un élevage de poules pondeuses. Cette fois-ci, L214 a choisi Sanders, une filiale d’Avril. Les images proviennent d’un centre expérimental, à Saint-Symphorien (Sarthe).
Si la pratique n’est pas nouvelle, elle demeure méconnue du public. L’INRA travaille d’ailleurs avec des vaches « fistulées », depuis plusieurs dizaines d’années. Pour L214, la combinaison "Nagui face au groupe industriel" apparait plus porteuse qu’une attaque contre la recherche publique…
Le site internet de l’INA propose d’ailleurs de revoir un reportage de 1970. Recherches sur l'optimisation de l'engraissement des bœufs menées sur des cobayes fistulés (vaches à hublot); opérations vétérinaires et surveillance des maladies du bétail dans un hôpital vétérinaire, activités du centre d'insémination artificielle et de sélection y sont ouvertement expliqués et montrés.
Autre temps, autre mœurs. En 1970, on louait la recherche scientifique. En 2019, elle est dénoncée à coup d’hashtag sur les réseaux sociaux. La vidéo, publiée par L214, reprend les codes habituels de ce genre nouveau. A la recherche du buzz, le montage se veut anxiogène. La bande musicale accentue le lugubre commentaire.
Des vaches à fistules à l’INRA
Selon le monde.fr, une trentaine de vaches est appareillée par l’INRA. « Deux fois moins qu’il y a dix ans », explique Jean-Baptiste Coulon, président du centre de Theix. Benoit Rouillé, responsable du projet alimentation des vaches laitières à l’Institut de l’élevage, indique qu’une technique « s’affranchissant des hublots sera bientôt proposée. La recherche n’a pas attendue ». L’avenir passe par des rumens artificiels ou des capteurs qui transitent par le tube digestif de l’animal.
La technique est spectaculaire, mais ne fait pas souffrir les animaux. Benoit Rouillé interpelle ainsi Nagui : « Avez-vous déjà vu des vaches de ce type ? Dans la vidéo, la vache ne bouge pas, ne se débat pas, et même rumine, elle s'en four en fait... la méthode est très cadrée et fait l'objet d'une attention scientifique particulière ». Toujours sur le monde.fr, un vétérinaire rural réagit : " « Les canules sont impressionnantes vu de l’extérieur, mais pour nous vétérinaires, c’est très fréquent d’utiliser cette technique pour traiter des vaches qui ont des problèmes digestifs, détaille Bérénice Senez, vétérinaire auprès de bovins à Lamastre (Ardèche).
En Suisse, la méthode est décryptée au journal télévisé de la RTS, comme en témoigne cette vidéo de 2014.
Expliquer le rôle des vaches à hublots sur les réseaux sociaux
A travers réseaux sociaux, le monde agricole tente de décrypter ce besoin de recherches scientifiques. Sur twitter, ChristopheB., producteur de lait dans la Somme, souligne l’intérêt de ces expérimentations. Objectif : étudier le comportement de la symbiose du rumen. Les recherches permettent, par exemple, d'étudier les réductions d'émission de méthane. « Les animaux qui ont le moins de rejet sont les animaux les plus performants », insiste l’agriculteur. Ce dernier rappelle également la nécessité de placer des trocarts en cas de météorisation.
Sur Facebook, Pascal Cousin responsable technique ruminants dans la filiale du groupe Avril, assume. « Sanders est une entreprise qui fournit des compléments alimentaires et des conseils pour aider les éleveurs à mieux nourrir les animaux et mieux nourrir les hommes. Je contribue à la vie des territoires, des hommes et des animaux. Je suis fier de mon métier et de l'agriculture française ». Un témoignage qui risque d'avoir peu de poids dans le contexte émotionnel de la vidéo de L214.
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