Santé au travail
L'exposition des salariés de l'agriculture aux produits chimiques est en baisse
Le ministère du Travail vient de publier une étude sur l’exposition des salariés aux risques professionnels. Une étude qui révèle que l’exposition en agriculture est inférieure à celle qui existe dans le secteur de l’industrie ou celui du bâtiment. Eclairage de Dominique Seux dans l'édito éco de France Inter ce 10 septembre.
Le ministère du Travail vient de publier une étude sur l’exposition des salariés aux risques professionnels. Une étude qui révèle que l’exposition en agriculture est inférieure à celle qui existe dans le secteur de l’industrie ou celui du bâtiment. Eclairage de Dominique Seux dans l'édito éco de France Inter ce 10 septembre.
L’agriculture va-t-elle devenir le sujet favori des rédactions parisiennes ? Nous n’en sommes pas encore là mais force est de constater que les sujets qui sentent bon la campagne fleurissent dans les médias. Même la presse économique semble gagnée par cette tendance. C’est du moins ce que laisse penser l’édito éco de Dominique Seux, ce 10 septembre sur France Inter.
La chronique du journaliste portait sur l’étude publiée le 9 septembre par le ministère du Travail sur l’exposition des salariés aux risques professionnels. L’enquête baptisée Sumer est réalisée régulièrement depuis 1994. Cette dernière mouture a porté sur 26 000 personnes et 1200 médecins du travail y ont contribué.
L'éditorialiste a délibérément axé son propos sur le secteur de l’agriculture et l'information résonne de façon étonnante dans le débat ambiant sur les zones de non traitement près des habitations : « Les agriculteurs sont de moins en moins exposés aux pesticides ».
Une baisse de 15 points de l'exposition aux produits chimiques depuis 1994
Au regard de la nouvelle étude, le directeur délégué de la rédaction du journal Les Echos parle même d’une « baisse spectaculaire ». Les derniers chiffres révèlent que 34 % des salariés en agriculture sont exposés à au moins un produit chimique, soit environ un sur trois. En 1994, la proportion était de 49 %, soit pratiquement 1 sur 2.
Et Dominique Seux de préciser : « l’exposition en agriculture est très inférieure à celle de l’industrie et du bâtiment ». Selon lui, « en 15 ans, le discours sur les risques a porté. »
« La baisse est constante depuis 1994 », confirme Liaisons sociales magazine. « Cette diminution peut s’expliquer par la prise de conscience des conséquences des pesticides pour les agriculteurs, » peut-on lire.
Dans l’article publié dans Les Echos, Leïla de Cormorand précise cependant que l’étude ne dit « rien de l’évolution de la dangerosité des produits utilisés qui, autant que la " fréquence d’exposition ", est importante pour mesurer les conséquences sur la santé des travailleurs ».
Tous les herbicides, fongicides et autres insecticides ne peuvent pas être comparés en matière de risques pour l’utilisateur. Mais pour Dominique Seux, les données de cette étude montrent bien qu’il peut y avoir « un écart entre le sentiment que l’on a des choses et la réalité. »
Le décret proposé par le gouvernement concernant les ZNT, les zones de non traitement près des habitations, repose sur des préconisations de l’Anses, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, elles-mêmes basées sur le travail de l’Efsa (European food safety authority), l’autorité européenne de sécurité des aliments.
Quelle est la distance à respecter entre parcelle traitée et habitat ? La décision « appartient aux autorités scientifiques », admet Dominique Seux qui note cependant que « les conclusions sont apparemment controversées ». Les travaux de l’Efsa doivent être révisés en 2021. Il est peut-être temps de les accélérer, estime-t-il. Pour lui, il est en effet « curieux d’appliquer les mêmes règles à toutes les cultures traditionnelles ». Et de citer la culture de pomme de terre, beaucoup plus gourmande en pesticides que le blé ou le maïs.
Et voilà comment un édito économique se transforme en petite leçon d’agriculture !