Transition écologique
Une nouvelle stratégie climat pour Danone
Le groupe agroalimentaire français annonce de bonnes performances pour 2019 et va au-delà de son plan Danone 2020 en investissant 2 milliards d’euros sur trois ans pour la transition écologique.









Avec un chiffre d’affaires de 25,3 milliards d’euros en 2019, en hausse de 2,6 % (+4 % au 4e trimestre), Danone s’est montré satisfait de ses résultats annuels, présentés le 26 février à Paris. Les ventes ont augmenté de 3,8 % en valeur et dans toutes les activités (voir graphique ci-contre), tirées par l’amélioration du mix produit, la valorisation du portefeuille de marques et le travail d’innovation.
Pour 2020, le groupe français a toutefois revu à la baisse ses pronostics en raison des incertitudes liées au coronavirus qui affecte durement la Chine (10 % du chiffre d’affaires en 2019), son deuxième marché après les États-Unis. Danone table ainsi sur une croissance de ses ventes entre 2 et 4 %, après 3 à 5 % annoncés.
5 milliards d’euros attendus en 2025 sur le végétal
La directrice financière de Danone, Cécile Cabanis, a déclaré que le groupe poursuivait sa « stratégie valeur » et attendait une nouvelle croissance de son chiffre d’affaires notamment pour son volet nutrition spécialisée et son secteur produits d’origine végétale, pour lequel il espère atteindre 5 milliards d’euros de ventes en 2025 (1,9 milliard en 2019).
Après le plan Danone 2020 dont les objectifs ont été atteints en 2019, le groupe va investir 2 milliards d’euros sur trois ans pour agir sur les enjeux agricoles et énergétiques, les emballages et la numérisation de ses usines. « Nous commençons cette année un plan d’accélération de nos actions climat pour servir un modèle de croissance plus résilient », explique son président-directeur général, Emmanuel Faber. « Il est urgent d’aller plus loin, car le changement climatique transforme les conditions de pratiques agricoles et donc affecte directement l’accessibilité aux ingrédients qui font nos recettes », poursuit-il.
Il est urgent d’aller plus loin
En ce sens, le groupe s’est fixé comme objectif en 2015 d’atteindre la neutralité carbone pour toutes ses activités, de l’amont à l’aval des filières, d’ici à 2050. Danone a par ailleurs rejoint les rares entreprises (six au total) à être certifiées AAA par l’organisation internationale Carbon Disclosure Project au début du mois, reconnaissant ainsi ses performances environnementales notamment en matière de lutte contre le changement climatique et la déforestation et en faveur de la protection des ressources en eau.
Objectif 80 % d’approvisionnement local et bio pour Blédina
« 95 % de nos émissions sont indirectes. Elles proviennent de l’amont et de l’aval dont 60 % de l’agriculture », explique Cécile Cabanis. Pour y remédier, Danone soutient l’introduction de systèmes agricoles bas carbone notamment en France avec sa marque Blédina qui finance la transition de centaines de producteurs vers l’agriculture biologique. « Nous avons comme objectif d’atteindre 80 % d’approvisionnement local et bio (50 % actuellement) pour Blédina France », expose Emmanuel Faber. Cela permettra aussi au groupe de répondre à une demande croissante, notamment sur le marché des produits laitiers frais bios estimé à 25 % à l’horizon 2025 par Danone, contre 4 à 5 % aujourd’hui.
Par ailleurs, Danone Produits frais s’est engagé à aider les éleveurs à baisser leurs coûts de production de 15 % d’ici à 2025 et à financer des programmes pilotes pour aller vers une agriculture plus durable, mais cette annonce a laissé une large partie de la filière laitière dubitative. Le groupe n’a en effet pas prévu d’accélérer la croissance des investissements auprès des agriculteurs.
900 millions d’euros pour les emballages
Danone dédie près de la moitié de son enveloppe pour faire évoluer les emballages actuels, de plus en plus vilipendés par les consommateurs. Le groupe vise une sortie progressive du plastique à travers l’utilisation de matériaux alternatifs. La marque Les 2 Vaches utilise d’ores et déjà un emballage biosourcé, conçu à partir de déchets agricoles. Et Alpro s’est engagé à renoncer au polystyrène à partir de 2021. Au total, Danone envisage de sortir du polystyrène en 2025 (2024 en Europe) pour les 25 milliards de pots produits annuellement et à concevoir toutes ses bouteilles en PET recyclé pour l’Europe.
Le groupe prévoit d’atteindre d’ici à 2025 : 95 % de contenants recyclables (60 % aujourd’hui) ; plus de 50 % d’emballages recyclés (8 % en 2019) et de diminuer son empreinte carbone de 30 % (50 % pour l’Europe). Cette transition écologique permettra au groupe de diviser par deux la part des énergies fossiles utilisées dans les emballages, qui atteindra ainsi 25 %. Pour accompagner ces initiatives, Danone va investir 200 millions d’euros sur 5 ans dans son incubateur de start-up, Danone Manifesto Ventures, et dans un accélérateur pour mettre au point de nouveaux matériaux et formats.
Enfin, le géant français mise sur le développement des nouvelles technologies de l’information pour éviter le gaspillage des ressources naturelles et sur la modernisation de ses usines, à l’instar du site d’Evian, totalement rénové en 2017, pour atteindre la neutralité carbone. La marque est aujourd’hui neutre en carbone et sera rejointe par Volvic d’ici à la fin de l’année.
Danone doute face au coronavirus
Le groupe prévoit un manque à gagner de 100 millions d’euros sur ses ventes au premier trimestre en raison de l’épidémie qui sévit en Chine. « Sur les 100 millions d’euros, les deux tiers sont imputables à notre eau vitaminée Mizone, touchée par la baisse de fréquentation des magasins, et un tiers au gel des innovations », commente Emmanuel Faber, président-directeur général de Danone. En effet, le gouvernement chinois a décidé de geler les processus d’enregistrement des nouvelles recettes et des innovations, ce qui bloque la stratégie innovation du groupe mise en place depuis un an. « Pour un certain nombre de mois, nous allons passer par les circuits d’importation directe sur Internet, mais cela ne remplace pas la stratégie mise en place il y a quelques années, qui consiste à distribuer nos produits très loin en Chine », poursuit-il.