Une étude pour identifier les clés de la compétitivité
> L'alourdissement des poulets dégrade les émissions de gaz à effet de serre.
Commandée en 2013 par le Comité interprofessionnel du poulet de chair (CIPC), une étude a été présentée pour la première fois il y a quelques jours durant le Space de Rennes. Rappel du contexte. À l'époque, le poulet de chair se débat dans la crise. Le mécanisme des restitutions à l'exportation est mis à zéro, et les exportateurs vers les pays tiers connaissent les pires difficultés pour conserver leurs clients. Le poulet destiné au marché français fait face, lui, à une recrudescence des importations qui occupent aujourd'hui 40 % du marché hexagonal.
La France du poulet de chair souffre d'un déficit de compétitivité « coût », autant en sortie d'élevage (102 contre une base 100 en Allemagne et 94 en Pologne) qu'en sortie d'abattoir (107 contre 100 pour l'Allemagne et 91 pour la Pologne). En cause ? Un environnement réglementaire plus contraignant en France, des outils plus petits et vieillissants, des retards d'investissements, de mauvaises relations entre maillons de la filière, etc.
C'est ce contexte qui a convaincu le CIPC d'engager un travail d'analyse approfondi sur la com-pétitivité des poulets de chair. Méthode choisie ? Combiner et faire varier les coûts de production de chaque maillon de la filière, des firmes de génétique aux coûts de transformation en passant par la nutrition animale, le transport des animaux, les groupements de producteurs, etc., pour identifier les leviers de la compétitivité. À la manœuvre, l'Itavi ne cache pas avoir tâtonné au départ, ne serait-ce que pour convaincre les acteurs de la filière de confier des chiffres jugés par eux stratégiques.
Un outil d'aide à la décisionL'Institut technique a intégré dans sa base de données un grand nombre d'indicateurs reflétant la totalité des coûts de production d'un poulet de chair. Il obtient ainsi le coût de production moyen en euros d'une tonne de vif et d'un kilogramme de filet de poulet de chair, issu « d'une souche standard, élevé dans un atelier de 3 000 m2 par un producteur prélevant 2,55 Smic par mois », expliquent Isabelle Bouvarel et Noémie Dussard qui ont coordonné l'étude pour l'Itavi.
L'Itavi a ensuite simulé des modifications des coûts de production selon différentes stratégies : alourdissement du poulet jusqu'à 2,4 kg contre 1,9 kg, modification de l'alimentation (moins riche en énergie, plus riche en acides aminés), rénovation des bâtiments. Il en ressort que « l'alourdissement des poulets améliore le rendement de la viande en filet, mais dégrade les émissions de gaz à effet de serre », expliquent les deux ingénieures de l'Itavi.
En revanche, la modification de l'alimentation améliore sensiblement le rendement filet (+1 %) et réduit les émissions de gaz à effet de serre. C'est donc en décidant d'une vraie stratégie de filière, de la nutrition animale aux éleveurs jusqu'aux abatteurs, au besoin par des investissements simultanés que la filière parviendra à renouer avec la compétitivité pour un développement durable de la filière. L'Itavi devrait décliner l'étude du CIPC en un outil informatique d'aide à la décision des organisations de producteurs et des entreprises « pour guider leurs choix ».