Trente propositions pour favoriser l’agroécologie
Commandé par le Premier ministre, un avis du Cese adopté le 23 novembre avance une trentaine de propositions pour développer l’agroécologie. Explications.
Le 23 novembre 2016, le conseil économique social et environnemental (Cese) a adopté avec 154 voix (2 contre, 26 abstentions) son avis « la transition écologique : défis et enjeux ». Cet avis avait été commandé par Manuel Valls qui souhaitait voir réaliser une étude détaillant les conditions et modalités selon lesquelles les modes de production agroécologiques peuvent constituer une réponse aux enjeux économiques et environnementaux auxquels sont confrontées les filières agricoles. La rapporteure Cécile Claveirole, consultante et journaliste, y avance une trentaine de propositions visant à développer l’agroécologie. L’une des idées-forces du rapport est « de réorienter la recherche fondamentale et appliquée en interaction avec les agriculteurs avec plus de moyens », explique-t-elle sur le site Internet du Cese. « Politiques internationales, nationales, européennes et territoriales devraient orienter leurs financements vers l’agroécologie », poursuit-elle. Afin de soutenir les producteurs dans cette orientation, l’avis propose de créer un fonds pour garantir les risques liés à la transition agroécologique.
L’avis préconise par ailleurs une fusion du plan régional d’agriculture durable et des projets alimentaires territoriaux, afin de réorienter plus fortement les achats alimentaires, en particulier ceux de la restauration collective vers les producteurs locaux. D’autres propositions plus originales figurent dans l’avis notamment « de faire des produits issus de l’agroécologie la nouvelle référence de qualité » ou « faire explicitement référence au rôle que l’agroécologie peut jouer en faveur de la santé publique dans le PNNS ».
Contrats pluriannuels entre céréaliers et éleveurs
Mais pour que l’agroécologie réussisse, la question de la valorisation des productions est pointée par le Cese comme un sujet central. Dans ce but, est prônée la contractualisation pluriannuelle entre les producteurs des céréales-protéagineux et les éleveurs, « pour la fourniture par les premiers d’aliments du bétail aux seconds à des tarifs déconnectés des cours mondiaux, mais fondés sur la prise en compte de leurs coûts de production respectifs ». Pour que cette organisation se fasse au niveau territoriale, le Cese préconise de favoriser la transformation et la commercialisation des produits sur un bassin de vie, d’assurer la présence d’outils de stockage et de transformation sur les territoires, notamment en mobilisant les structures coopératives.
Un avis critiqué par le groupe de l’agriculture
APCA, CCMSA, FNCA, FNSEA, Groupama et Jeunes Agriculteurs, membres du groupe agriculture, ont fait savoir le 23 novembre au matin qu’ils ne voteraient pas l’avis du Cese. « Voici un texte qui stigmatise une profession, qui propose plus de complexité et plus de réglementation. Nous regrettons cette vision étriquée de l’agroécologie qui ne tient pas compte des trois piliers du développement durable », critiquent les OPA dans un communiqué. À l’inverse, les organisations du groupe environnement et nature ont salué le vote de cet avis, qui « propose des mesures d’urgence », comme le fait de séparer vente de pesticides et conseil. « La transition agroécologique ne se décrète pas, mais elle demande de l’accompagnement », commente pour sa part la FGA-CFDT.