[Edito] Qui veut la peau de l’élevage ?
Voilà des années que les filières animales sont confrontées au travail d’associations protectrices des animaux, aux ambitions souvent à peine voilées d’abolir l’élevage. En tête, L214 n’offre pas de répit aux éleveurs et abatteurs. L’ONG utilise tous les moyens pour traquer les faiblesses d’opérateurs, cibler « les canards boiteux » et ainsi dégrader l’image générale de professions qui progressent pourtant chaque jour en faveur du bien-être animal. Certes, il faut le reconnaître, ils progressent aussi parce que la pression sociétale en faveur du bien-être animal s’intensifie. Mais ce qui horripile le plus la filière viande, c’est l’offensive du marché des substituts de viande, alimenté en continu par des millions d’euros et de dollars. Pas un mois ne se passe sans qu’une levée de fonds importante n’abreuve ces nouvelles start-up qui parient sur la montée du flexitarisme, voire du végétarisme. Deux exemples : 70 millions de dollars le 22 septembre pour le hongkongais Green Monday, fabricant des substituts de viande de porc ; 5 millions d’euros quelques semaines plus tôt pour le néerlandais Mosa Meat, leader mondial de la viande bovine cultivée. Ces start-up se battent aux côtés de grands groupes agroalimentaires, ayant perçu le potentiel de ce marché, pour avoir le droit d’utiliser les dénominations animales en Europe. Dans ce contexte, l’annonce la semaine dernière de la « première usine » en France des nouveaux fermiers met le feu aux poudres. Le recours au terme de « fermier » par cette start-up passe très mal auprès d’éleveurs qui travaillent avec du vivant dans de petites exploitations et non dans des usines. Et surtout, son soutien financier par le fonds de Xavier Niel, l’un des initiateurs du référendum d’initiative populaire (RIP) pour les animaux, choque le monde de la viande. Comment la filière peut-elle lutter contre ce puissant lobby financier pariant sur sa mort ? En communiquant sur ses bonnes pratiques, en continuant le travail engagé pour améliorer la qualité de ses produits et en rétablissant le lien avec les consommateurs. Pas d’autres moyens.