Conjoncture
Pour faire face aux aléas, les coopératives se regroupent
Après des résultats en baisse en 2016, le secteur coopératif s’est fortement consolidé l’an dernier, avec 80 opérations comptabilisées. Retour sur les principaux rapprochements qui ont marqué l’année 2017.
Après des résultats en baisse en 2016, le secteur coopératif s’est fortement consolidé l’an dernier, avec 80 opérations comptabilisées. Retour sur les principaux rapprochements qui ont marqué l’année 2017.
L’annonce d’un protocole d’accord entre les groupes coopératifs Triskalia et d’Aucy pour former une union de coopératives a fait grand bruit, le 12 décembre dernier. Avec des marques comme Prince de Bretagne, Paysan breton, Socopa, d’Aucy ou Cocotine, plus de 20 000 adhérents et 9 000 salariés, les deux coopératives affichaient en 2016 un chiffre d’affaires cumulé de 3,1 milliards d’euros.
Une semaine plus tard, le 19 décembre, ce fut le tour d’Aveltis et Prestor d’annoncer leur projet de fusion. Après avoir créé un groupement d'intérêt économique (GIE) de commercialisation en juin dernier, les deux coopératives porcines ont souhaité aller plus loin, en mettant en commun l’ensemble de leurs services et de leurs équipes. Elles comptent ainsi à elles deux plus de 1 100 adhérents, 4,3 millions de cochons et 200 salariés.
2 milliards de chiffre d’affaires acquis
Triskalia, d’Aucy, Aveltis et Prestor n’ont pas été les seules coopératives à se rapprocher en 2017, puisque l’on compte 80 opérations depuis le début de l’année, dont 31 entre coopératives et 12 à l’étranger, pour un chiffre d’affaires acquis de 2,057 milliards d’euros au total, selon Coop de France. 184 millions d’euros ont été cédés, ce qui porte le solde à 1,873 milliard d’euros.
Après un ralentissement en 2016, le nombre d’opérations est à peu près similaire aux années précédentes. Les plus grosses opérations de l’année ont été l’acquisition par InVivo Retail de Jardiland, dont les ventes atteignent 730 millions d’euros environ, la reprise du pôle charcuterie salaison de Financière Turenne Lafayette par Cooperl-Arc Atlantique (480 millions d’euros de chiffre d’affaires) et le rachat par InVivo Wine du néerlandais Baarsma Wine, leader de l’importation et de la distribution de vins en Europe avec 200 millions d’euros de ventes.
Renforcement des leaders
Cette consolidation du secteur en 2017 a tout d’abord été marquée par le renforcement des leaders coopératifs. Parmi les opérations les plus marquantes, citons la prise de contrôle de Yéo Frais, filiale de Sodiaal, par Les Maîtres laitiers du Cotentin, en janvier 2017, l’absorption de la Coopérative de déshydratation de Puisieulx par Cristal Union, en février 2017, ou encore l’absorption de la Coopérative agricole de Graulhet-Lombers par Unicor, en avril.
Des rachats à l’étranger
Plusieurs coopératives ont aussi racheté des entreprises ou pris des parts de leurs capitaux l’an dernier. Euralis a ainsi finalisé le 1er septembre l’acquisition des Établissements Mournet, spécialisé dans le négoce de céréales et d’agrofournitures. Fin janvier, c’est le groupe coopératif Agrial qui a annoncé le rachat du charcutier industriel Brient, et en mars, Vegafruits, celui de Clair de Lorraine.
À l’étranger, Florette, filiale d’Agrial, a acquis fin août la société anglaise My Fresh Prepared Produce Ltd. En avril, Pom’Alliance, filiale de Cap Seine, et le belge Pomuni ont annoncé leur rapprochement par des prises de participations réciproques dans leurs capitaux.
Chiffre d’affaires en baisse de 1,18 %
« Comme en 2016, l’évolution du périmètre coopératif s’explique dans la recherche de taille critique », détaille Coop de France. Une recherche de taille critique d’autant plus importante que les résultats 2016 étaient à la baisse. D’après les données du Haut Conseil de la coopération agricole (HCCA), les 2 500 entreprises de la coopération agricole et agroalimentaire françaises ont réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 85,9 milliards d’euros en 2016, en baisse de 1,18 %. Le résultat net global chute de 7,09 % à 904 millions d’euros et la rentabilité nette de l’exploitation continue de faiblir, à 1,05 %, contre 1,25 % en 2014.
Même si l’autonomie financière des coopératives reste correcte, avec des capitaux propres en hausse de 1,17 %, à près de 21 milliards d’euros, leur rentabilité brute reste bien inférieure à la moyenne des autres secteurs économiques (à l’exception des coopératives du vin), en particulier dans le secteur bétail et viande.
Des négociations commerciales mal engagées
« Malgré leur solidité financière, les coopératives affichent une faible rentabilité qui conforte la démarche de création de valeur engagée dans les états généraux de l’alimentation », commentait Pascal Viné, délégué général de Coop de France, à l’occasion de la présentation des résultats financiers 2016 des coopératives. Signataire de la charte d’engagement pour une relance de la création de valeur et pour son équitable répartition au sein des filières agroalimentaires françaises, l’organisation alertait toutefois fin décembre sur son manque d’effets sur les négociations commerciales 2018.