Ouverture du chantier de l'agroécologie à l'Inao
> Jean-Luc Dairien, directeur de l'Inao.
Une des problématiques qui préoccupe le plus les professionnels depuis quelques années est la mise en chantier d'une réelle réglementation sur l'introduction d'éléments écologiques dans les cahiers des charges des IGP, des AOP et du label Rouge. Et aussi de le faire savoir officiellement au grand public. Depuis plusieurs années déjà, les producteurs engagés dans ces filières veulent être reconnus comme des exemples d'une agriculture durable, sociale, créatrice d'emplois et de préservation d'un patrimoine conforme à leurs valeurs, à côté d'une agriculture plus industrialisée et nécessaire pour répondre à tous les besoins du marché. « Vaut-il mieux aujourd'hui être éleveur laitier livrant les usines d'un fromage industriel, ou bien éleveur, coopérateur dans une fruitière laitière du Jura, organisée pour fabriquer du comté AOC ? Vaut-il mieux être producteur de porcs partenaire d'un grand abattoir, ou bien éleveur conventionné avec le Consortium du jambon de Bayonne ? Vaut-il mieux gérer un élevage de volailles pour des usines de surgélation spécialisées dans la grande exportation ou bien engagé avec la coopérative de Loué pour produire des volailles label Rouge et IGP ? » énumère Jean-Luc Dairien, directeur de l'Inao, un brin polémique.
Et Jean-Charles Arnaud, président de l'institut, d'interpeller récemment le ministre de l'Agriculture en ces termes : « Ce qu'on demande, c'est tout simplement la possibilité d'appliquer dans nos procédures votre politique en faveur de l'agroécologie. Comment pourrait-on imaginer qu'aujourd'hui, un ODG, soucieux de valoriser son terroir, et souhaitant pour cela prendre des mesures spécifiques pour le protéger, par exemple par des pratiques culturales plus respectueuses de l'environnement, puisse se voir refuser la possibilité de se les imposer. »
Programme de travail intensifSi le ministre Stéphane Le Foll martèle dans ses différents discours la nécessité des mesures écologiques, ce que n'attendaient visiblement pas les producteurs et le personnel de l'Inao, c'est la rapidité avec laquelle elles devraient être mises en œuvre. « Je vous confirme mon intérêt à la réflexion que vous conduisez avec le ministère sur les moyens d'inciter les agriculteurs, produisant sous Siqo, à intégrer davantage les principes de l'agroécologie. D'ailleurs, un groupe de travail devra me rendre ses conclusions pour le prochain Salon de l'agriculture », a déclaré le ministre, le 5 janvier devant le personnel de l'Inao. Un groupe de travail va ainsi très vite s'atteler à la tâche, réunissant également les interlocuteurs du ministère de l'Écologie et les opérateurs de l'agriculture biologique. Ses quatre axes de travail seront : le lien au territoire, l'environnement, l'organisation sociale et collective et la répartition de la valeur ajoutée.
Si les préoccupations environnementales vont occuper le temps à venir, il en est d'autres qui réclament la même urgence. Notamment la place des Siqo dans le cadre des nou-velles régions qui se mettent en place. Un accord avait déjà été conclu entre l'Inao et la région Sud-Ouest (Aquitaine, Midi-Pyré-nées). Il s'agit maintenant de travailler en étroite relation avec les DRAAF et les agents de l'Inao sur place. Un guide méthodologique est constitué qui sera envoyé très prochainement à tous les présidents de région afin d'éviter les conflits d'intérêts entre les marques régionales et le respect des indications géographiques. Autre dossier : celui du dispositif des autorisations de plantations vivement contesté par les principales organisations de viticulteurs déjà en AOP et IGP.