Porc : des prix en hausse mais toujours insuffisants, selon Inaporc
Après un début d’année très difficile, la filière porcine se relève doucement mais les prix du porc restent insuffisants, menaçant la pérennité des entreprises et des élevages.
Après un début d’année très difficile, la filière porcine se relève doucement mais les prix du porc restent insuffisants, menaçant la pérennité des entreprises et des élevages.
La filière porcine se relève doucement de la crise, avec « un marché qui se rééquilibre », indique François Valy, premier vice-président d’Inaporc, à l’occasion d’une conférence de presse le 5 juillet 2022, en marge de l'assemblée générale de l'interprofession. Le cours du porc est en effet remonté à 1,83 € le kg, contre 1,24 € en début d’année.
« Nous sommes revenus dans les prix d’avant la guerre en Ukraine, mais il faudrait encore une hausse de 10 à 15 centimes d’euros pour retrouver un équilibre financier », ajoute-t-il.
Le marché porcin européen est aujourd’hui moins chargé qu’en début d’année, entraînant la remontée des prix. « En Europe, nous avons été surpris de la vitesse à laquelle la Chine a reconstitué son cheptel et retrouvé son plein potentiel de production. La diminution soudaine des importations chinoises a pu être en partie compensée par des envois vers le Japon, les Philippines et la Corée du Sud », souligne Anne Richard, directrice d’Inaporc.
La filière travaille avec des pays tels que l'Australie et le Mexique pour y envoyer des produits de viande de porc française à termes.
L’épisode du début d’année a néanmoins laissé des traces pour la filière. « Un quart des entreprises du secteur va diminuer ses effectifs et/ou sa production », souligne Thierry Meyer, président d’Inaporc. « Les transformateurs salaisonniers représentent trop la variable d’ajustement. Je reçois des cris d’alarme de partout, de la part d’entreprises qui craignent de mettre la clé sous la porte », avertit Bernard Vallat, président de la Fict, lors de l’Assemblée générale de l’interprofession, en amont de la conférence de presse.
Un quart des entreprises va diminuer ses effectifs et/ou sa production
Si Inaporc « remercie » le ministère de l’agriculture pour son aide historique de 270 millions d'euros début février, l’interprofession rappelle que des aides ne sont pas suffisantes et que la filière ne durera que si les prix du porc remontent. « Même si nous sommes sur la bonne voie pour que le Marché du Porc Breton dépasse les deux euros d’ici quelques mois, les hausses doivent être répercutées au consommateur », positive Thierry Meyer.
Les abattages affichent une décroissance de -2,2 % depuis le début de l’année. Le poids d’abattage et le nombre d’inséminations diminuent elles aussi. « Il se passe dans la filière porcine ce qu’il s’est jadis passé en France avec la désindustrialisation, au nom du pouvoir d’achat du consommateur. Nous vivons la même chose, avec une filière en train de chuter », peste Philippe Bizien, président d’Evel’up et trésorier d’Inaporc.
Egalim 2 fonctionne pour la viande fraîche
Si le doigt est pointé vers la distribution qui peine à faire passer des hausses, certaines entreprises admettent néanmoins que le maillon aval de la filière est à l’écoute. « Oui, nous achetons notre viande de porc plus cher aujourd’hui, avec un consommateur qui suit pour l’instant. Egalim 2 fonctionne ! », se réjouit Nicolas Bonnetot, directeur des produit frais d’Auchan France. La loi ne fonctionne cependant que pour la viande fraîche indexée sur le marché du cadran « qui ne représente que 25 % des volumes consommés en France. Ce n’est pas le cas pour les produits issus des salaisons », nuance Anne Richard.
Mise en place d'une démarche RSE filière
Désireux de plus communiquer sur ses bonnes pratiques, l'interprofession porcine va mettre en place une démarche RSE globale, dont la première réunion se tiendra en octobre 2022. « Nous voulons mettre en avant auprès du grand public notre modèle d’élevage familial et faire connaître certaines de nos avancées comme la réduction de -55,5 % d’utilisation d’antibiotiques sur ces dix dernières années ou les procédures de biosécurité strictes pour lutter contre la peste porcine africaine », détaille Anne Richard.
En France, la consommation de viande porcine a augmenté de +2,5 % sur un an à fin mars 2022. Si les achats en GMS sont à la peine (-10 % sur le porc frais et -8,8 % en charcuterie), la consommation globale est tirée par la reprise de la restauration. « La restauration n’est pas le circuit où le porc est le mieux valorisé », tempère Anne Richard.