Start-up
Jungle développe l'agriculture verticale avec les GMS
La société d’agriculture verticale née en 2016 va se développer dans le réseau national de l’enseigne Monoprix et discute pour s’étendre sur celui d’Intermarché. Jungle va construire deux usines supplémentaires pour répondre à la demande croissante des consommateurs.
Le spécialiste français de l’agriculture verticale Jungle se déploie en grande distribution en France. La société s’était installée depuis janvier 2020 dans trois magasins Monoprix parisiens : Beaugrenelle, Vaugirard et porte de Châtillon. La gamme de produits est composée d’herbes aromatiques telles que du basilic citron, du basilic vert, du shiso, du wasabi ou encore du radis vert, du radis pourpre, des laitues. Le test ayant été réussi, avec plus de 5 000 plantes vendues chaque mois, l’enseigne a signé un partenariat avec Jungle pour proposer les produits de la société dans soixante magasins de la région parisienne. Par la suite, un déploiement national est prévu sur l’ensemble du réseau. La société est aussi en phase de test au sein de l’enseigne Intermarché en étant présent dans le magasin d’Issy-les-Moulineaux, en banlieue parisienne. « Le but serait de renforcer notre présence dans les magasins Intermarché courant 2021 », ambitionne Gilles Dreyfus, cofondateur de Jungle.
Nous mettons en place une méga ferme dans le Sud
Jungle a été fondée par Gilles Dreyfus et Nicolas Seguy en mars 2016, où les deux hommes commencent par louer un hangar de 700 m2 à Lisbonne pour réaliser les premiers tests. « Pendant deux ans et demi, nous avons testé une centaine de variétés de plantes. Nous avons informé Auchan Portugal de notre démarche. L’enseigne a sauté sur l’occasion et nous a référencés dans un magasin, puis dix », raconte Gilles Dreyfus. En juillet 2019, Jungle a reçu le feu vert de Monoprix pour son partenariat test dans trois magasins, entraînant la création de Jungle France et la délocalisation du siège en France. « Nous avons créé une ferme à Château-Thierry, dans le département de l’Aisne, après avoir signé le bail en septembre 2019. Il s’agissait là de la plus grande ferme verticale de France qui atteindra une pleine production d’ici à mi-2021 », indique-t-il.
Aujourd’hui, la société est « prête à en faire plus » et prévoit de construire d’autres usines en France pour répondre aux demandes croissantes de la grande distribution, notamment de Monoprix et Intermarché. « Un autre site sera construit dans l’Ouest, pour un début de mise en production d’ici à fin 2021. Enfin, nous sommes en train de mettre en place une méga ferme dans le sud de la France dont la production démarrerait d’ici mi-2022 », ajoute Gilles Dreyfus.
Un cycle de production accéléré
Les plantes poussent dans un environnement contrôlé à proximité de grandes villes de préférence, avec des niveaux de culture en trois dimensions, c’est-à-dire les uns au-dessus des autres. À chaque variété est apportée une concentration de nutriments spécifiques et différente selon leur âge, mais aussi un spectre lumineux et une intensité qui leur est propre. « Des leds horticoles servent de sources de lumière », précise Gilles Dreyfus. Les salles possèdent des taux d’humidité adaptés aux plantes ainsi qu’un système de simulation de vent. « Tous les paramètres sont précisés au dixième d’unité près. Nous faisons de l’agriculture de précision », assure-t-il. Tous les paramètres étant optimisés, les durées des cycles de production sont raccourcies.
Nous cochons toutes les cases de ce que souhaite avoir le consommateur
« En moyenne sur l’année, nous mettons deux à trois fois moins de temps pour faire pousser nos plantes que si elles poussaient en milieu naturel », illustre Gilles Dreyfus. Jungle réalise entre douze et quatorze récoltes de basilic par an. Par ailleurs, les environnements étant contrôlés, les pousses n’ont pas besoin de protection contre les insectes, permettant à la société de n’utiliser aucun pesticide. « Nous économisons de l’eau, des transports grâce à notre proximité des villes, n’utilisons aucun insecticide et fournissons une traçabilité de nos produits. Nous cochons toutes les cases de ce que souhaite avoir le consommateur », résume Gilles Dreyfus.
La société composée aujourd’hui de dix-neuf collaborateurs voit l’avenir avec beaucoup d’ambition. Elle prépare un plan de communication pour gagner en notoriété, travaille sur de nouveaux produits à cultiver et vise un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros en 2021 (contre 70 000 euros en 2020). Elle prévoit une production de 50 000 plantes en 2020, pour passer à 10 millions en 2022.
Une part de la production destinée à la parfumerie
Si 70 % de l’activité de Jungle, en valeur, se concentre sur la culture de plante pour l’alimentation, les trente derniers pour cent sont consacrés à l’industrie de la parfumerie. « Nous cultivons des fleurs plus ou moins rares pour la fabrication de parfums. Nous travaillons avec le leader mondial du secteur », à savoir l’entreprise américaine Coty, indique Gilles Dreyfus, cofondateur de Jungle. « Cette démarche est unique dans le secteur de la parfumerie. Aujourd’hui, une part importante de notre production y est consacrée, car la création d’un parfum nécessite une grosse quantité de fleurs », ajoute-t-il.