« On ne peut pas transférer la responsabilité sur les entreprises. L'Europe doit amortir les chocs »
Pascal Viné, délégué général de Coop de France.
Les Marché Hebdo : Le dernier épisode au MPB tend à prouver que les opérateurs de la filière carnée ne peuvent pas se déconnecter du marché, mais alors comment compenser le manque de compétitivité ? Pascal Viné : Nous avons alerté sur le danger à être trop déconnectés du marché dès le 12 août. Le rôle de régulation des prix demandé aux coopératives était hors de portée. Nous comprenons que cela soit complexe à comprendre pour les producteurs en attente de prix rémuné-rateurs et avec des distributeurs qui ont globalement joué le jeu. Mais cette situation n'était pas durable quand on sait que 30 % de la production porcine fran-çaise est exposée aux marchés européen et international. Pour régler la crise, l'UE doit jouer son rôle en matière de régulation des marchés, d'amortisseur des chocs. Nous avons trouvé quelques solutions, mais il faut être beaucoup mieux armés. Cette opinion est partagée par beaucoup de pays européens. Au niveau national, il faut mettre sur la table les différentiels de concurrence (charges normatives, fiscales et sociales). Ensuite, un travail interprofessionnel est nécessaire sur la compétitivité prix et hors prix. Si ces débats interprofessionnels avaient abouti, on n'en serait pas là. On est obligés de s'inscrire dans le moyen et long terme.
LMH : Vous semblez juger le plan européen insuffisant, faut-il déjà remettre la Pac en chantier ?
P. V. : On ne peut pas transférer la responsabilité sur les entreprises, même si au niveau des coopératives nous avons fait un effort important avec une hausse des encours auprès des agriculteurs de 40 %. Nous sommes conscients que les aides européennes sont très importantes, mais cela ne règle le dossier que temporairement. L'Europe doit être plus ambitieuse. Il faut se réinterroger sur la manière dont on a mis en place la Pac. Les agriculteurs ont besoin de visibilité, d'avoir des filets de sécurité. La Pac sera rediscutée en 2020. Le travail à mi-parcours doit être fait. Il faut commencer dès maintenant à en discuter.
LMH : Comment impliquer le consommateur pour qu'il soutienne l'élevage et les outils de transformation français ?
P. V. : Le consommateur a été au rendez-vous de la crise, il a entendu l'appel du monde agricole. Mais ensuite il veut payer le juste prix. La première mesure à prendre, c'est celle de l'étiquetage, notamment des produits transformés dans le porc. Faisons des choses simples, le sujet est difficile sur le plan réglementaire, mais on doit pouvoir créer une dynamique. Du côté des coopératives, nos adhérents sont des agriculteurs, la question de l'origine est centrale.