La Suisse veut interdire le foie gras, mais les amateurs contourneront la loi
Si la Suisse venait à interdire les exportations de foie gras, certains consommateurs seraient prêts à en acheter en France.
Si la Suisse venait à interdire les exportations de foie gras, certains consommateurs seraient prêts à en acheter en France.
Interdire les exportations de foie gras en Suisse. C'est le souhait de l’Alliance animale suisse. Récemment, le 28 décembre 2023, après avoir obtenu 100 000 signatures, “un nombre plancher requis en Suisse pour déclencher un vote d’initiative populaire”, l’Alliance animale suisse a présenté la pétition “Oui à l’interdiction de l’importation de foie gras” à la chancellerie fédérale de Berne, rapporte Libération.
Le gavage interdit
Approuver l’interdiction d’importer du foie gras irait dans la continuité de la loi votée en 1978 interdisant le gavage sur le territoire suisse. “Il est hypocrite d’interdire aux éleveurs suisses de produire du foie gras sous peine de sanctions, tout en autorisant l’importation de ce produit s’il est fabriqué à l’étranger. Il s’agit également de concurrence déloyale envers nos producteurs”, peut-on lire sur le site internet suisse “initiative foie-gras".
La Suisse romande, un bastion de la consommation
70 % des Suisses ne consomment pas de foie gras. Plus de la moitié (56%) des habitants qui ne consomment pas ce produit évoquent des raisons éthiques selon un sondage1. Il révèle aussi que la Suisse romande fait figure d’exception nationale. Près de 71 % de ses habitants consomment du foie gras. C'est beaucoup plus que la moyenne nationale et qu’au Tessin (49%) et en Suisse alémanique (15 %).
Plusieurs raisons expliquent ce fort intérêt chez les Romands selon le sondage. “Chez les consommateurs de foie gras, c’est le goût du produit qui est mentionné comme motif de leur consommation en premier lieu (75%), loin devant les autres raisons (opportunité 25%, tradition 13%)”. L'étude établit également un lien entre la consommation de foie gras et le revenu. “Pour caricaturer, on peut dire que le consommateur type est un homme, romand, de plus de 35 ans, avec un niveau de revenu supérieur à 9 000 francs suisses et avec un niveau de formation supérieur. A contrario, le non-consommateur type est une femme, suisse allemande, de moins de 35 ans, avec un niveau de revenu inférieur à 9'000 francs suisses et sans formation supérieure”.
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200 000 kg importés chaque année
Et pour satisfaire les friands de foie gras, le pays importe 200 000 kg de foie gras par an. “La Suisse se positionne malheureusement comme l’un des principaux importateurs”, déplore l’Alliance animale nationale. Autrement dit, "c’est 400 000 canards et 12 000 oies tués afin de répondre spécifiquement à la demande de notre pays”, ajoute-t-elle.
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La France comme premier fournisseur
La France est le premier exportateur de foie gras en Suisse, devant la Bulgarie, la Hongrie et l’Espagne. Il semblerait qu’en cas d’interdiction d’importer, la France conserverait une partie de son marché. Les 30% des Suisses qui consomment du foie gras ont fait l’objet d’une enquête approfondie. À la question “quelle consommation alternative en cas d’interdiction ?”, 38% des enquêtés se sont dits prêts à aller en acheter en France ou ailleurs. “Les hommes sont plus nombreux à prévoir d’aller chercher du foie gras à l’étranger (44%) que les femmes (28%). Ils sont moins prêts à se rabattre sur du pâté de foie normal (25% contre 34%) ou du foie gras non-gavé (7% contre 14%)”. Les habitants de Romandie disent plus que les autres vouloir se procurer le produit à l’étranger (44%) contre 30 % des Suisses alémaniques et 25 % des Tessinois.
1/ Sondage à l’échelle nationale réalisé par l’institut DemoScope à la demande de Stop Gavage Suisse et l’association Quatre Pattes en décembre 2018.
"Étant donnée la taille de l’échantillon (un peu plus de 1'000 personnes), la marge d’erreur sur les résultats de l’ensemble est d’environ 3%".