Aller au contenu principal

L’avis d’un avocat
« Les opérateurs doivent tenir compte des nouveaux allergènes »

Maître Antoine de Brosses, avocat associé de Product Law Firm.
© DR

Les Marchés Hebdo : Quels sont les nouveaux allergènes évoqués par l’avis de l’Anses ?

Antoine de Brosses : L’Anses a considéré que le sarrasin, les laits de chèvre et de brebis, le kiwi, le pignon de pin, l’α-gal, les lentilles et le pois présentaient des risques équivalents sinon supérieurs aux 14 allergènes qui figurent dans la liste réglementaire (annexe II du règlement Inco).

LMH : Les opérateurs doivent-ils tenir compte de l’avis de l’Anses ?

A. B. : L’avis de l’Anses s’adresse avant tout aux décideurs publics, français et européens, auprès de qui cette agence formule des recommandations visant à adopter de nouvelles mesures de gestion de risques, telles que l’étiquetage de nouveaux allergènes, la mise en place d’une allergovigilance d’État, de moyens des opérateurs pour réagir aux chocs anaphylactiques, etc. Néanmoins, les opérateurs auraient tort – à mon avis – de rester les bras croisés, c’est-à-dire de ne pas tenir compte de cette évolution de la connaissance scientifique qui émane d’une autorité respectée.

LMH : S’ils ne tiennent pas compte de l’avis de l’Anses, engagent-ils leur responsabilité ?

A. B. : Il est difficile de répondre brièvement à cette question qui nécessite l’examen de concepts juridiques contradictoires. D’un côté, le droit prend rarement en compte les sensibilités individuelles des consommateurs pour décider qu’un produit est dangereux ou défectueux, sauf quand le produit cible précisément ces consommateurs, comme c’est le cas par exemple des produits garantis sans allergènes, ou sans une partie d’entre eux. Le droit considère un produit comme dangereux ou défectueux par rapport à la population standard. D’un autre côté, le droit a consacré le principe de précaution, dans la Constitution et à l’article 7 du règlement no 178-2002 qui créent, pour les pouvoirs publics, et peut-être aussi pour les opérateurs, une obligation d’action en cas de doute sur un nouveau risque scientifique, ce qui est le cas avec cet avis de l’Anses. Par ailleurs, la jurisprudence a condamné dans des affaires célèbres des opérateurs et l’État qui n’avaient pas pris en compte l’évolution des connaissances scientifiques.

LMH : Quelles sont vos recommandations ?

A. B. : La prudence ! Les opérateurs doivent tenir compte de ces nouveaux allergènes dans leur HACCP allergène. Faut-il les étiqueter quand ils sont utilisés volontairement ou en cas de contamination croisée ? C’est moins évident. Il faut faire une évaluation du risque pour le décider. Nous tâcherons d’expliquer comment la faire lors de la journée du 28 mars 2019, consacrée à la stratégie des opérateurs sur le risque allergène *.

Propos recueillis par Yanne Boloh

* Organisée par Foodalim

Les plus lus

« La France importe déjà du Mercosur pour 1,92 milliard d’euros de produits agricoles et agroalimentaires »

Ingénieur de recherche en économie de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (…

Zonage IAHP en Bretagne sur la plateforme PIGMA
Grippe aviaire : la France passe en risque élevé

Alors que la Bretagne compte 9 foyers de grippe aviaire depuis mi-août, c’est toute la France qui passe en niveau de risque…

un poing géant aux couleurs du brésil écrase un tracteur
Mercosur : « Nous sommes aujourd’hui à un tournant décisif » s'alarment quatre interprofessions agricoles

Les interprofessions de la viande bovine, de la volaille, du sucre et des céréales étaient réunies aujourd’hui pour réaffirmer…

conteneurs au port du havre
Mercosur : Produits laitiers, vins et spiritueux, ces filières ont-elles un intérêt à l’accord ?

Alors que la colère agricole retentit de nouveau, rallumée par l’approche de la conclusion d’un traité avec le Mercosur, la…

photo Eric Fauchon
« Le marché des produits halal a connu un fort ralentissement ces derniers mois » 

Les consommateurs des produits halal se sont détournés de la GMS en période d’inflation, fait rare pour ce segment qui a connu…

Pourquoi les prix du beurre ne dégonflent pas encore

Une collecte européenne meilleure que prévu, voilà qui aurait dû conduire à un tassement des prix du beurre. Ce n’est pas le…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio