Issue de l’association Laval Virtual, la société Komodal est un prestataire de services et conseils sur le métavers et les mondes virtuels. Elle a la double casquette conseil et opérationnel. Elle guide les entreprises dans la mise en place de leur stratégie vers le métavers et opère leurs projets.
Parlons métavers. Comment le définiriez-vous ?
Laurent Chrétien – C’est un domaine tout nouveau pour lequel on cherche encore les mots. Certains parlent du métavers, d’autres des métavers… Pour nous, il y a un seul métavers en construction, qui arrivera le jour où les mondes virtuels seront interconnectés. On s’y connectera, via le web, par un avatar (prolongement de notre identité physique) qui pourra se balader d’un monde à l’autre, vivre des expériences, vendre et acheter… Le métavers n’est donc pas «juste un monde virtuel», c’est un réseau de mondes virtuels interopérables connectés à la fois au web et au monde physique.
À quelle maturité en est son développement aujourd’hui ?
L. C. - Aujourd’hui, il existe environ 250 éditeurs de logiciels dans le monde. Nous en avons benchmarké (référencé, NDLR) une trentaine selon une centaine de critères et les avons classifiés selon trois typologies : des systèmes comme Horizon Worlds de Meta ou Mesh de Microsoft sont plutôt centralisés dans une logique de continuation des réseaux sociaux. La deuxième typologie est liée à la blockchain. Sur des terrains acquis de manière sécurisée par cette technologie, l’utilisateur peut se connecter à sa communauté. Les fonctions marketing ou communication s’y intéressent. Carrefour y a récemment œuvré. Enfin, la troisième catégorie permet de créer un monde virtuel totalement fermé et dédié à une structure. Les usages sont variés, de l’organisation d’évènements à des formations.
Nous avons déjà réalisé plus de 300 événements différents pour des industriels comme Thalès, Alstom ou encore le monde bancaire. Ce sont des entreprises extrêmement attentives à la cybersécurité et, pourtant, ils se développent dans ces mondes virtuels. Pour Lactalis, nous avons travaillé sur des usages industriels, pour la formation, mais aussi en étroite relation avec le laboratoire de recherche.
Est-ce que le métavers est perçu comme un gadget ?
L. C. – Pas du tout ou plus du tout, je dirais. Ni pendant les phases de confinement, où l’usage a été drastiquement accéléré, ni après, quand les évènements physiques ont repris. Il y a une prise de conscience collective sur l’importance de s’intéresser à ces sujets. Les entreprises s’y préparent : l’arrivée du métavers va réhumaniser le web.
Comme un iceberg, il y a une partie visible qui représente les mondes virtuels dans lesquels on se matérialise sous forme d’avatars, mais il y a aussi plein d’autres choses immergées, un ensemble de technologies qui permettent au métavers d’exister : la blockchain, l’intelligence artificielle qui permettra de peupler ces mondes virtuels, le cloud computing, les capteurs, etc. C’est l’internet de demain.
Que peut-il apporter aux entreprises ?
L. C. – Dans quelques années, le métavers sera sans aucun doute plus efficace que Zoom ou Teams pour la communication et la collaboration à distance, puisqu’en entrant dans un monde virtuel et en incarnant un avatar, votre émotion, votre esprit, votre capacité à retenir les situations que vous aurez vécues sont quasi identiques à celles vécues dans la vie physique. Il y a plein d’études sur le sujet, ce n’est pas moi qui le dis ! Pour l’instant, le métavers est une copie de la vraie vie, mais le potentiel d’aller beaucoup plus loin est là.