L'élevage bas-carbone intéresse l'industrie

> 3 900 exploitations laitières ont été étudiées au sein de Life Carbon Dairy.
L'information avait fait peu de bruit. Le projet de ferme laitière bas-carbone de l'interprofession laitière (Cniel) a été distingué en juillet dernier par la Fondation Nicolas Hulot, dans le cadre de sa campagne My Positive Impact avec quatre autres initiatives réduisant les émissions de gaz à effet de serre d'une activité. À la clé, une campagne de communication dans des médias grand public pour montrer le travail entrepris par les porteurs de projets dans le but de réduire leur empreinte carbone.
La ferme laitière bas-carbone est un concept censé entraîner les éleveurs dans un cercle vertueux qui vise à sensibiliser les prescripteurs, mesurer les émissions dans les fermes grâce à un outil diagnostic (Cap'2ER), réduire ses émissions par des changements de pratique et valoriser la démarche auprès des industriels et des consommateurs. Selon ses porteurs de projets, l'optimisation des coûts de l'exploitation par la réduction des intrants réduit automatiquement les émissions de gaz à effet de serre.
Des laitiers soutiennent la démarcheDe ce point de vue, « des entreprises laitières soutiennent déjà la démarche, tels que Sodiaal, Danone, Savencia, Ingredia, Laïta, Bel, Agrial ou encore le Cnaol pour les appellations d'origine », explique Jean-Baptiste Dollé, chef de service à l'environnement de l'Institut de l'élevage (Idele). Autrement dit, les diagnostics « carbone » devraient se multiplier dans les prochains mois. La démarche est née au travers du pro-gramme Life Carbon Dairy. Ce programme national conduit sur la période 2013-2018 vise à réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre du secteur. Placé sous la coordination de l'Idele (et de Jean-Baptiste Dollé) en partenariat avec les six chambres d'agriculture des régions partenaires (Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Lorraine, Rhône-Alpes), France Conseil Élevage et le Cniel, il bénéficie du soutien financier du programme Life de la Commission européenne.
3 900 élevages ambassadeursDans le cadre de Life Carbon Dairy, 3 900 exploitations laitières ont été étudiées pour mesurer leurs émissions de gaz à effet de serre. Il en ressort qu'elles produisent en moyenne 1 kilogramme de CO2 par litre de lait, avec une variabilité importante selon leur système. 50 % des émissions résultent de la fermentation entérique des animaux. L'importance de la prairie dans le système fourrager augmente le pourcentage de CO2 stocké dans le sol. « Ces 3 900 élevages sont désormais les ambassadeurs du plan bas-carbone », dit Thierry Geslain, directeur des affaires scientifiques au Cniel. Le même type de programme a été lancé pour la filière bovine au niveau européen. Beef Carbon réunit, sur la période 2016-2020, la France, l'Irlande, l'Espagne et l'Italie.
Des trois coopératives actionnaires de Laïta, c'est Even qui est entrée la première dans l'évaluation des émissions de gaz à effet de serre de ses exploitations. Quatre-vingts ont été diagnostiquées à ce jour par les techniciens de la coopérative, spécialement formés. Objectif : évaluer la totalité de ses exploitations adhérentes (870) d'ici à deux ans. Triskalia et Terrena s'apprêtent à leur tour à entrer dans la démarche. Pour la coopérative, apprécier les émissions de gaz à effet de serre de ses livreurs de lait et engager au besoin un plan d'actions s'inscrit dans l'évolution permanente de la RSE (responsabilité sociétale et environnementale) de l'entreprise, et dans les demandes clients sur certains marchés, notamment à l'exportation.
On y trouve également des opérateurs de la viande, tel que McDonald's. Pour les opérateurs du lait ou de la viande, l'engagement des éleveurs leur permettra de garantir un meilleur affichage environnemental de leurs produits.