Le poisson boulonnais navigue entre deux eaux
Les produits aquatiques demeurent une « valeur sûre » pour le développement du port de Boulogne-sur-Mer. Avec « Nouvelles Vagues » et « Capécure 2020 », les projets ne manquent pas. Un nouveau sursaut pour le premier port français de débarquement de poissons ?
Les voies du développement boulonnais sont parfois impénétrables. Difficile en effet de mettre au diapason les politiques d’une Région Nord-Pas de Calais, propriétaire des ports de Calais et Boulogne depuis le 1er janvier 2007, de la ville, de la communauté d’agglomération et de la chambre de commerce et d’industrie ! C’est d’ailleurs ce qui a conduit récemment Daniel Percheron, président de Région, a exhorté les membres du conseil portuaire à ce que « Boulogne fasse l’unanimité dans ses fonctions et ses ambitions ! ».
Car le port boulonnais n’est toujours pas parvenu à s’imposer comme ce pôle agroalimentaire incontournable qu’il aspirait à devenir dès 1980. Et le poisson boulonnais n’a toujours pas gagné la bataille de la valeur ajoutée. « C’est une filière où traditionalisme et corporatisme sont encore bien ancrés dans les mentalités », note Thierry Missonnier, directeur du From Nord et du pôle Aquimer, mais également président du centre technologique Haliomer. Le Nord-Pas de Calais s’apprête néanmoins à mettre les bouchées doubles en matière de développement, que ce soit via la mission Capécure 2020 ou avec la plateforme Nouvelles Vagues. Mais aussi avec la montée en puissance du pôle Aquimer.
Le port boulonnais sera-t-il à l’heure du rendez-vous de la valeur ajoutée à un moment où les centres de gravité du poisson transformé se déplacent de plus en plus facilement sur la planète?
De formidables réussites
Pendant longtemps, le port a occupé les premières places pour le filetage du poisson, puis la filière a gagné la bataille de la mise aux normes sanitaires. Mais depuis, les lignes ont encore bougé. Le port s’est développé vers la logistique, la transformation, les plats préparés, la cuisson de crevettes… Si Boulogne a dû faire face à quelques échecs (le départ de Pomona, l’arrêt de Cap BG ou de Gustave Le Mesle Tradition), le port a toutefois engrangé quelques formidables réussites. Elles vont du développement de leaders mondiaux comme Marine Harvest, Sofranor ou Unima Frais, aux développements de PME comme Olivier Maes, Entrées de la Mer, Vivien-Marins, JC David, Océan Délices… ou à la montée en puissance des Fodix, Icelandic, Capitaine Houat ou Findus.
« Nous avons dépassé les obligations réglementaires et sanitaires. Aujourd’hui, Boulogne doit parler stratégie » insiste Pascal Labarre, consultant « produits de la mer » à la CCI boulonnaise et à la mission Capécure 2020.
Une réelle opportunité, car la filière des produits aquatiques a le vent en poupe. Le poisson est à la mode. Il bénéficie d’une forte image auprès d’un consommateur épris de naturalité, demandeur de services (un peu) et de rêves (beaucoup).
Décider des choix appropriés
À Boulogne, un nouveau vent serait-il en train de souffler?
Aquimer travaille au projet Nouvelles Vagues. « Ce sera une plateforme d’innovations où nous concentrerons les compétences scientifiques. Un Haliomer à la puissance dix », explique Thierry Missonnier.
Capécure 2020 veut répondre aux nouveaux besoins exprimés par le consommateur. Créée en 2009 à l’initiative de la communauté d’agglomération de Boulogne et du conseil régional, la mission organise une réflexion collective sur les enjeux futurs. « Cet outil consultatif doit nous aider à voir clair et à faire les choix appropriés », souligne Jean-Marc Le Garrec, vice-président de la CCI de Boulogne-sur-Mer.
Boulogne vers plus d’agroalimentaire associant le poisson, les légumes ou la viande ? « En tout cas, l’enjeu actuel est qu’il y ait le plus de poissons transformés à Boulogne », conclut Thierry Missonnier.