Produits de la mer
Le MSC renforce ses critères de certification des pêcheries
Le processus de certification des pêcheries sous référentiel MSC pour les produits de la mer évolue pour répondre aux attentes éthiques et environnementales.
Le processus de certification des pêcheries sous référentiel MSC pour les produits de la mer évolue pour répondre aux attentes éthiques et environnementales.
L’ONG internationale Marine Stewardship Council (MSC), leader de la certification des produits de la mer pour lutter contre la surpêche et préserver les océans à l’échelle de la planète, vient de modifier son processus de certification des pêcheries, a-t-elle indiqué il y a quelques jours dans un communiqué. Tous les deux à trois ans, l’ONG, fondée en 1997, fait évoluer ses procédures de certification pour les caler au niveau des meilleures pratiques mondiales. Ces modifications issues de deux ans de négociation avec des organisations de pêcheurs, des ONG et des organismes de certification ne concernent pas toutes les pêcheries – 395 pour 41 000 produits de la mer, soit 20 % des captures mondiales –, mais seulement certaines d’entre elles.
Cela concerne principalement les pêcheries thonières
La première modification porte sur la compartimentation (pêcher un même stock avec un même engin de pêche mais avec des pratiques différentes). « Elle concerne principalement les pêcheries thonières. Aujourd’hui, un thonier-senneur peut capturer au cours d’une même marée (deux mois en moyenne, ndlr) du thon sur ban libre certifié et du thon sur DCP (dispositif de concentration du poisson, ndlr) non certifié. Charge à lui de répartir les captures selon la méthode de pêche », explique Margaux Favret, responsable des pêcheries France à MSC. 40 % des captures de thons s’effectuent sur DCP, radeaux dérivants munis de GPS. Chaque navire en dispose plusieurs centaines.
Désormais, le MSC pourra certifier la pêche sur DCP à condition qu’elle soit plus durable (utilisation de filets non maillants, DCP biodégradable, etc.). Précision du MSC : « dans le cas où une pêcherie aurait une première pratique déjà certifiée, elle devra améliorer la durabilité de sa seconde pratique pour qu’elle puisse obtenir la certification dans les 3 ans à venir. »
Le « shark finning » interdit
« 27 % du thon capturé dans le monde bénéficie du label MSC », précise Margaux Favret. Il s’agit donc d’une révision majeure « qui doit inciter aux meilleures pratiques ». En effet, l’usage des DCP est souvent décrié par les ONG comme un des facteurs de la surpêche. Chaque navire travaille avec plusieurs centaines de DCP.
L’autre révision du processus de certification des pêcheries MSC concerne le « shark finning » (la « pêche aux ailerons ») qui consiste à couper l’aileron d’un requin capturé avant de le remettre à l’eau. Interdite par le MSC, cette pratique peut survenir en pêche pélagique (pleine mer).
L’ONG retirera son agrément à tout navire coupable de « shark finning » au cours des deux dernières années. La modification portant sur le « shark finning » interviendra à partir du 25 septembre 2020 pour les nouvelles évaluations de pêcheries et les audits annuels de réévaluation des certificats. La mesure relative à la compartimentation, elle, bénéficie de trois ans de délai avant son entrée en vigueur.
Trois pêcheries en évaluation en France
Sur les 395 pêcheries agréées MSC dans le monde, onze sont françaises et trois en évaluation. Elles portent sur le lieu noir, le hareng et la sole « filet » de la mer du Nord, le homard au casier et le bulot de la baie de Granville, la légine des terres australes françaises, etc. Les trois pêcheries en évaluation sont la langouste de Saint-Paul, le thon rouge de Méditerranée et un stock de thon tropical. Ces évaluations ne font pas que des heureux. En janvier 2020, le WWF a indiqué s’opposer « formellement à la première certification par le MSC […] d’une pêcherie de thon rouge dans l’Atlantique. » Le thon rouge de l’Atlantique est intégré au stock de Méditerranée. Le WWF appelle le MSC à « stopper le processus de certification en cours ». Le MSC indique avoir pris en intégré cette « objection » dans sa démarche d’instruction.