L’alimentaire mérite bien un ministère

C’est une nouvelle page de l’histoire du ministère de l’Agriculture qui va bientôt se tourner. Michel Barnier, candidat aux élections européennes, a d’ores et déjà commencé à alléger son agenda ministériel. Il a programmé ses adieux à la presse le 22 avril. Trop occupé à négocier, puis à désamorcer une explosive réforme des aides agricoles, il n’aura guère eu le loisir de donner corps à son projet de constituer un ministère organisé autour de l’alimentation. Les propositions formulées en direction des entreprises mardi dernier (lire page 4) ne sont pas à la hauteur des enjeux. Il y a pourtant urgence. On a en effet longtemps cru que la solide économie agroalimentaire résisterait à la crise économique. Mais les bénéfices flatteurs enregistrés par les multinationales du secteur ne suffisent plus à cacher les résultats en peau de chagrin d’ex-champions de la bourse comme Bel ou Bongrain, coincés entre la baisse des produits industriels laitiers et la guerre des prix que se mènent les distributeurs. Le commerce extérieur, naguère fierté du secteur, est aujourd’hui mal en point : le dernier solde connu, celui de janvier, est l’un des plus médiocres de ces dernières années. Mais la crise que doit affronter le secteur est aussi morale. Stigmatisés par un discours ambiant qui les accuse de participer à la dégradation supposée de la santé des Français, les fabricants ne savent plus à quel saint nutritionnel se vouer. Un ministère de l’Alimentation ne suffirait certainement pas à retourner cette conjoncture funeste. Peut-être à y mettre un peu d’ordre. Ce serait déjà beaucoup.