L'avis du SNFS
« L’accord interprofessionnel donne trois ans de visibilité »
Les Marchés Hebdo : Comment se caractérise la nouvelle interprofession du sucre de betterave ?
Gilles Vanackere : L’AIBS est composée d’une part du « bloc des sucriers » comprenant le SNFS et ses quatre adhérents*, ainsi que Tereos, et, d’autre part, des planteurs représentés par la CGB. Les entreprises sont représentées et financent en leur nom l’Institut technique de la betterave et le Cedus (Centre d’études et de documentation du sucre, ndlr). Les contributions sont adossées à la tonne de betteraves. La filière a un fonctionnement collectif très opérationnel. Très régulièrement, des comités de directeurs se réunissent autour de l’interprofession. Ces réunions sont précédées de discussions préparatoires. Nous souhaitons tous que les actions inscrites dans le plan de filière soient entreprises dans les délais, pour améliorer la compétitivité, mieux répondre aux attentes sociétales. L’AIBS cherche à mieux collaborer avec les partenaires de la filière. Nous travaillons par exemple aux dispositions nécessaires à notre engagement dans le bio.
LMH : Quelle est la portée effective de l’accord interprofessionnel conclu en septembre 2017 ?
G. V. : Cet accord interprofessionnel a offert trois ans de visibilité aux signataires, qui sont les sucriers et la CGB. Il définit les conditions d’achat de la betterave. Chacun des sucriers a mis en place une commission de répartition de la valeur. L’ancien accord interprofessionnel mettait le SNFS et la CGB face à face. Les discussions ont lieu maintenant au sein des entreprises. Les sucriers ont aussi mis en place des commissions interprofessionnelles qui ont une raison d’être plutôt organisationnelle et logistique.
LMH : L’interprofession a-t-elle travaillé sur des indicateurs pouvant servir à établir le prix de la betterave et sur un instrument de stabilisation du revenu des planteurs ?
G. V. : Les betteraviers ont proposé au bloc des sucriers de prendre comme référentiel les prix déterminés par l’observatoire des prix du sucre ; la chronique des cours de Londres sur l’année écoulée ; la cotation des pellets ; les coproduits pour l’alimentation animale et le marché de l’éthanol. Les indicateurs publics ne posent pas de problème. Il faudra veiller à ne pas donner d’armes aux acheteurs de sucre. Nous allons finaliser une liste qui, du point de vue des sucriers, sera purement indicative. Les sucriers ne sont pas convaincus de la pertinence d’un instrument de stabilisation des revenus, pensant que la première garantie du revenu d’un planteur – puisque l’industriel ne peut se passer de betteraves – est le contrat.
Propos recueillis par Sylvie Carriat
* Cristal Union, Lesaffre Frères, Ouvré Fils, Saint-Louis Sucre