Aller au contenu principal

Santé animale
La PPA menace les filières porcines d’Europe occidentale

La maladie appelée peste porcine africaine (PPA) en français a progressé dans l’est de l’Europe avant de faire un bond en Belgique. La mobilisation est générale alors qu’en Chine, la PPA a aussi surgi cet été, menaçant toute l’Asie.

© Pixabay

Depuis mi-septembre, dans le sud de la province de Luxembourg, en Belgique, vingt-huit sangliers ont été révélés porteurs du virus de la peste porcine africaine (PPA). Ces nouvelles ont fait l’effet d’une bombe en Europe occidentale. Le ministère français de l’Agriculture constate alors « une progression inédite de la maladie ». Celle-ci était jusqu’alors contenue dans l’est de l’Europe et les pays baltes, ainsi qu’en Sardaigne où elle est endémique depuis plusieurs décennies. Cette fièvre hémorragique, dont seuls les suidés (porcs, sangliers, phacochères) sont victimes, est mortelle pour ces animaux et aucun vaccin ne la combat. Le virus, très contagieux, se transmet par contact direct ou avec des matières contaminées, par les puces ou tiques ou encore l’ingestion de produits crus. La maladie est endémique dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, d’où son nom. L’Europe en a connu plusieurs épisodes dans la seconde moitié du XXe siècle.

Hors contrôle en Roumanie

L’épisode dont est victime aujourd’hui l’Europe a démarré voilà onze ans dans l’ouest de la Russie et les pays voisins – Géorgie, Ukraine, Biélorussie, Arménie, Azerbaïdjan. En 2014, alors que seuls des petits élevages étaient touchés, un industriel du porc en a été victime en Russie, ainsi que le relève la veille économique de l’Institut du porc (Ifip). C’est aussi en 2014 que des sangliers infectés font leur entrée en Europe, par la porte de la Lituanie. Les deux autres pays baltes sont rapidement atteints. La Pologne est touchée sur son front est la même année, au contact de la Biélorussie et de l’Ukraine.

La PPA sera identifiée en juin 2017 sur plus de 200 sangliers dans l’est de la République tchèque. La Roumanie révélera ses premiers cas d’élevages domestiques, des basses-cours, à la fin 2017 ; ceci, d’abord dans le nord-ouest au contact de l’Ukraine et de la Hongrie, puis en 2018 dans l’est sur les rivages de la mer Noire. La Roumanie peine à prendre des mesures d’éradications impopulaires ; la PPA y prospère rapidement. Puis la Hongrie, en avril 2018, révèle des cas de sangliers et soupçonne des travailleurs slovaques d’avoir introduit le virus.

La PPA a aussi surgi en Chine cet été, menaçant toute l’Asie, selon la FAO. Une vingtaine d’élevages de porcs y ont été signalés depuis, et un abattoir du groupe WH Group, dans la province du Henan (centre), a été arrêté pendant 6 semaines.

Mesures préventives, chasseurs, filets de sécurité

Les agriculteurs et populations des pays de l’est de l’Europe ont été informés sur les mesures préventives, notamment par le réseau des vétérinaires et techniciens de suivi transfrontalier GF-Tads, rattaché à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). À l’attention des acteurs de la filière porcine française, l’Ifip a publié une série de consignes à respecter. L’éleveur ne doit pas introduire de nourriture à base de porc ou de sanglier dans son élevage ni de matériel de chasse (vêtement, bottes, véhicule, etc.), ni de carcasse de sanglier dans l’élevage. Il doit vérifier l’état de ses clôtures en ateliers plein air, tenir les animaux domestiques à distance, si possible.

Les visiteurs sont astreints à un délai de 72 heures entre le dernier contact avec des porcs ou des sangliers d’un pays non indemne de PPA. De plus, ils doivent se munir de tenues jetables, changées à chaque élevage, et laissées sur place. À cause de la forte persistance du virus dans les fèces (6 à 10 jours), les transporteurs sont priés de contrôler visuellement l’état de propreté de leur camion régulièrement ; l’éleveur peut refuser le chargement si le camion est sale. Matériels et véhicules doivent être nettoyés une première fois au moment de pénétrer sur le territoire français, puis une seconde fois avant tout nouveau transport d’animaux.

L’Ifip conseille l’usage de détergents précis – Deterstorm ou Deterxym – qu’il juge aptes à optimiser l’action du désinfectant et à éliminer les matières organiques. Il conseille aussi l’emploi d’un détergent basse température (inférieur à 10 °C) ainsi que le séchage-chauffage des salles dès la fin du nettoyage.

Les fédérations de chasseurs se mobilisent aussi, partant à la recherche de sangliers morts et réduisant les populations. Avec toujours le risque de disperser les groupes. C’est pourquoi Inaporc souhaiterait l’installation de filets de sécurité, comme on en déploie le long des autoroutes ou des voies de chemin de fer, montrant en exemple la République tchèque qui est parvenue ainsi à enrayer la contamination.

Les plus lus

Prix des poules pondeuses – Cotation réalisée le 2 août 2024

La CPP (Cotation poule pondeuse) est publiée dans Les Marchés un lundi sur deux et couvre une période de deux semaines.…

découpe de la viande à l'abattoir
Filière viande : 20 % des sites d’abattages pourraient fermer d’ici 2035

La décapitalisation observée dans les filières animales françaises ne permet pas de limiter la production de gaz à effet de…

Capture TikTok de oldmarriedolympians
Pourquoi les athlètes se plaignent de la nourriture des Jeux olympiques Paris 2024 ?

La France faillit-elle à sa réputation de gastronome ? Oui si l’on en croit les articles de la presse internationale et…

Evolution du prix du porc 56 TMP à Plérin, en euros le kg.
Le prix du porc chute en France, bientôt suivi par le reste de l’UE ?

Si la France était la seule à voir sa référence baisser cette semaine, en parallèle le marché européen du porc donne de nets…

poule au rayon volaille en supermarché
Poules de réforme : « Nous continuons à nous orienter vers l’export » explique Ronald Ajavon

La consommation de poule pondeuse cale en France depuis des années. Rare sont les professionnels qui essayent de relancer la…

Quartiers de viande à l'abattoir
Filière viande : les restructurations marquantes du premier semestre 2024

La restructuration des abattoirs a continué au fil du premier semestre, et le maillon suivant, ateliers de découpe et chaînes…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 704€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio