Dispositif public
La Cour des comptes blâme les soutiens à l’exportation
Le diagnostic de la Cour des comptes sur les dispositifs de soutien public à l’exportation est sans appel et plus que sévère. Les sages émettent quatre recommandations pour enrayer la dégradation du commerce extérieur français.
Dans un référé adressé le 5 mars 2019 au Premier ministre sur les soutiens publics nationaux aux exportations agricoles et agroalimentaires, la Cour des comptes tire à boulets rouges sur les dispositifs publics à l’exportation. Elle note que « la dégradation de la position de la France sur le marché mondial est alarmante », avec « un excédent de 5,7 milliards d’euros (en 2017) en baisse de 36 % par rapport à 2007 ». « Les exportations françaises ont certes progressé entre 2007 et 2017, mais moins rapidement que les importations (respectivement de 31 % et 47 %) », précise la Cour. Elle note également que « l’excédent de la France repose sur un nombre très réduit de produits […]. Sans les boissons, nos échanges agroalimentaires seraient déficitaires ».
Pour la Cour des comptes, cette situation est « d’autant plus préoccupante qu’elle contraste avec celle des grands concurrents européens », les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne ou le Royaume-Uni ayant gagné des parts de marché vers les pays tiers et ayant maintenu ou amélioré leurs positions dans l’Union européenne. Face à cette situation, la Cour considère que « le coût du travail dans les industries agroalimentaires explique 70 % de l’évolution négative de la position de la France sur le marché mondial ».
La dégradation ne résulte pas du seul coût du travail
Explication que le Premier ministre, Édouard Philippe, nuance quelque peu dans sa réponse aux sages de la Cour des comptes le 10 mai : « Il apparaît dès à présent que cette dégradation est due pour 70 % à un effet de compétitivité qui s’entend au sens de la “compétitivité prix” et non de la “compétitivité coût”, le reste étant dû aux effets de structures et d’adaptation. […] La dégradation ne résulte pas du seul coût du travail ».
« Une incapacité à agir collectivement »
Évoquant les neuf « plans stratégiques » mis en œuvre entre 2012 et 2018 par les différents gouvernements, les sages épinglent les dispositifs nationaux de soutien aux exportations. Ils n’hésitent pas à parler d’« incapacité à agir collectivement ». « Si l’administration ne peut pas se substituer aux exportateurs, elle pourrait cependant les aider à définir une stratégie commune incarnée dans une marque collective portée par les entreprises », indique le référé signé de la main du premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud.
Parmi ses quatre recommandations, les sages évoquent la mise en place d’une « marque France », la réalisation d’un « diagnostic partagé entre ministères compétents », le bilan « du transfert de compétences économiques aux régions » et, enfin, « l’élaboration d’une méthodologie commune d’évaluation de l’impact des actions de soutien au développement international des entreprises ».
« Taste France » en cours de création
Dans sa réponse à la Cour des comptes, le Premier ministre apporte des nuances quant au diagnostic des sages, notamment concernant la marque collective. « Les interprofessions du secteur agricole sont associées au processus de création de la nouvelle marque fille Taste France et ont lancé depuis 2018 une réflexion pour le développement d’une marque sectorielle qui lui serait associée et dont la création avait été recommandée par l’atelier export des EGA », écrit Édouard Philippe le 10 mai 2019. Il ajoute que « les marques Choose France et Taste France vont progressivement remplacer Créative France et la promesse made in France made with love ».