Centre de conditionnement
À La Bazoge, Loeuf a investi 15 millions d’euros
Loeuf, le centre de conditionnement des œufs de Loué et de Le Gaulois, dispose désormais d’une troisième conditionneuse et, investit toujours dans la traçabilité à l’œuf. Avec ses dix-huit robots et une salle totalement sécurisée pour la recharge des chariots électriques, elle privilégie la sécurité des hommes et de ses installations.
Avec une troisième conditionneuse Moba, Loeuf, le centre de conditionnement des œufs de Loué et de Le Gaulois de La Bazoge, au nord du Mans (Pays de la Loire), est en ordre de marche pour accompagner l’accélération de la mutation du marché vers les œufs alternatifs. C’est d’ailleurs une des spécificités du centre qui assure le tri, le conditionnement et la distribution de 100 % des œufs sous label Rouge et bios de Loué ainsi que des œufs Le Gaulois de poules élevées en plein air. En contrat avec des éleveurs du Grand Ouest, le centre commercialise plus de 700 millions d’œufs par an, ce qui le positionne en cinquième place sur le marché national.
Né en 2014 de la fusion des centres de conditionnement d’œufs de Loué et de LDC amont (branche Huttepain), le centre, dirigé par Christophe Bériard, compte désormais 200 salariés contre 50 à l’époque. Loeuf conditionne également, depuis le printemps 2018, les œufs C’est qui le patron ?! issus désormais d’une vingtaine d’élevages partenaires de LDC. Le centre de conditionnement d’œufs de Loué a été créé en 1988 lors de l’obtention de la première version du label Rouge, trois ans après la mise en place des premiers élevages de poules pondeuses en plein air de la marque. La version définitive du label Rouge œuf date de 1998 et exclut, contrairement à la version précédente, tous les œufs issus de poules élevées en cage. Loué a ensuite lancé ses œufs bios en 1995, et l’IGP a été obtenue en 2004.
Nous travaillons avec 370 partenaires éleveurs
La mutation du marché de l’œuf vers l’alternatif s’est accélérée ces dernières années. De 2 % en 1988, ce segment (qui compte le bio, le label Rouge, le plein air et les poules au sol) est passé pour l’œuf de consommation à 23 % en 2003 et à 50 % en 2017, année charnière. Il dépasse les 95 % à Loeuf désormais. « Nous travaillons avec 370 partenaires éleveurs. Un centre de conditionnement d’œufs qui ne travaille qu’avec des élevages en cages n’en aurait que 10 », chiffre le dirigeant.
Le nouvel investissement, qui s’élève au total à 15 millions d'euros, compte non seulement une extension des bâtiments (+3 700 m2), la troisième calibreuse, mais également la cobotisation pour le chargement des machines ainsi que la robotisation tant pour la formation des cartons et leur remplissage que pour la palettisation et la préparation de commandes (dix-huit robots dont un tout nouveau en préparation de commande) sans oublier la sécurité. Ainsi, le groupe qui a choisi de concentrer son conditionnement d’œufs sur le seul site de La Bazoge a-t-il, à l’issue de l’analyse des risques industriels, décidé de construire une salle complètement isolée et sécurisée pour la recharge nocturne des chariots électriques. Il a également dédié une zone complète au stockage de ses emballages : le choix de passer à la fibre au lieu du plastique (cf encadré) impose en effet de monter en stock pour sécuriser les approvisionnements, car les fournisseurs sont peu nombreux. Le stockage compte 2 200 places de palettes sur trois niveaux dans une salle isolée pour réduire les variations de température et d’humidité (13 mètres de hauteur, deux chariots de manutention).
De nombreux petits lots à gérer
Au total, le site est passé de 50 références d’œufs conditionnés en 2015 à plus de 200 désormais avec une traçabilité non pas en lot mais bien à l’œuf. Le site, qui reçoit jusqu’à 300 lots d’œufs par jour, doit gérer de nombreux petits lots tout en assurant leur traçabilité et une productivité compatible avec la forte tension prix sur un marché très concurrentiel. Si une installation de ce type peut en effet aller jusqu’à 200 000 œufs par jour, la nouvelle conditionneuse de La Bazoge atteint 80 000 œufs quotidiens.
Lancement d’une blockchain en avril
L’équation a déjà été résolue avec la précédente conditionneuse Loué mise en route en 2016 et qui, équipée du système « trace and track » est capable de suivre les œufs un par un. Elle indique la provenance (nom de l’éleveur) non seulement sur l’œuf, mais sur les boîtes, sans rupture de flux : une boîte d’œufs peut ainsi contenir des œufs issus de deux élevages et l’indiquer. « La nouvelle conditionneuse reprend toutes les caractéristiques de cette première installation en matière de traçabilité avec évidemment toujours le comptage de chaque œuf, la capacité du transcondeur de suivre chaque lot et d’indiquer le nom de chaque fermier », explique Christophe Bériard. Toutes les boîtes sont suivies en 3D sur la calibreuse. Et le suivi des lots par code QR lui permet d’assurer le lancement de la blockchain, pour avril 2020.
La nouvelle conditionneuse est dédiée au label Rouge qui impose une prise en charge séparée de ses œufs, la ligne de 2016 gérant le bio et le plein air, la troisième ligne prenant en charge tous les autres segments. Le site compte désormais dix-huit robots dont un dédié exclusivement à la mise en palette de l’ensemble des œufs label Rouge utilisés en France par les restaurants McDonald's (de 6 000 à 900 000 œufs par semaine).
Haro sur les plastiques
Outre les installations industrielles, Loeuf a également investi en R&D pour se passer au maximum des plastiques à usage unique et changer de types de plastique dans le cadre de la politique générale RSE du groupe LDC. La tâche est particulièrement compliquée face au besoin de protection des œufs. Les plateaux en plastique, chargés en ferme par les éleveurs qui effectuent un premier tri des œufs, sont nettoyés et réutilisés plusieurs années. Pour les boîtes elles-mêmes, seuls trois producteurs sont actuellement capables d'en fournir : les fibres sont issues du recyclage de papier avec élimination des encres.