Aller au contenu principal

Projet de loi Besson-Moreau
[Egalim 2] Les sénateurs émettent de sérieux doutes sur l’efficacité de la loi

La commission des Affaires économiques du Sénat a complété la proposition de loi du député Grégory Besson-Moreau, en intégrant notamment les MDD dans la non-négociabilité. Mais elle reste très perplexe sur son objectif premier : améliorer la rémunération des agriculteurs.

Anne-Catherine Loisier, sénatrice Union centriste de Côte-d’or, et rapporteure de la proposition de loi du député Besson-Moreau pour la commission des Affaires économiques du Sénat.
Anne-Catherine Loisier, sénatrice Union centriste de Côte-d’or, et rapporteure de la proposition de loi du député Besson-Moreau pour la commission des Affaires économiques du Sénat.
© Sénat

Le 15 septembre 2021, la commission des Affaires économiques du Sénat a examiné la proposition de loi du député Grégory Besson-Moreau visant à protéger la rémunération des agriculteurs, avant son passage en séance publique le 21 septembre (à l’heure où nous bouclions). Les sénateurs ont, tout d’abord, émis de « forts doutes quant à l’attente de la nouvelle promesse faite aux agriculteurs en sortie d’Assemblée nationale : celle d’amélioration substantielle de leurs revenus ». Ils considèrent que cette proposition de loi « repose en partie sur les mêmes mécanismes que ceux de la loi Egalim 1 qui ont prouvé depuis trois ans leur inefficacité ».

Une transparence simplifiée

La commission déplore également « l’excessive complexité des dispositifs créés et le fort déséquilibre que cette proposition de loi instaure entre fournisseurs et distributeurs ». Ils apportent toutefois leur soutien à la contractualisation et à la clause de révision des prix que « la commission avait appelées de ses vœux, en vain, lors de l’examen de la loi Egalim 1 ».

Concernant la généralisation de la contractualisation écrite, la commission a validé le principe tout en encadrant les possibilités de dérogation et en s’assurant que des modalités d’application spécifiques pour les petits producteurs agricoles puissent être édictées. Elle prévoit qu’un « décret puisse définir des modalités d’application spécifiques aux petites entreprises ». Elle met également en place deux options d’affichage du pourcentage des matières premières agricoles dans les CGV, au lieu de trois, modifie le périmètre du « ligne à ligne » pour éviter qu’un produit composé de nombreux ingrédients soit non soumis à cette transparence, et rehausse de deux à trois mois la durée des négociations commerciales.

Les MDD dans la non-négociabilité

Les sénateurs de la commission des Affaires économiques ont également apporté des modifications afin d’« éviter tout transfert de négociations entre produits ».

À l’initiative de la rapporteure Anne-Catherine Loisier, sénatrice Union centriste de Côte-d’or, la commission a ainsi intégré les marques de distributeurs dans le dispositif les soumettant à un ensemble d’obligations. « En encadrant les produits alimentaires vendus sous marque de distributeur (MDD), nous faisons désormais entrer 30 % des rayons alimentaires dans le dispositif de protection de la matière première agricole, ce qui met fin à un "deux poids deux mesures" injustifiable », argue-t-elle. Enfin, la commission a supprimé les articles 3 bis et 4 sur l’étiquetage de l’origine, et a souhaité que l’accent soit mis sur le renforcement des contrôles en la matière.

Les pénalités logistiques mieux encadrées

Le sujet des pénalités logistiques avait été ajouté à la loi lors de l’examen à l’Assemblée nationale. La Commission du Sénat a, de son côté, adopté un renforcement inédit de l’encadrement de ses pénalités (art. 2 bis C). « Seules les situations ayant entraîné une rupture de stock pourront justifier l’application de pénalités logistiques (sauf dérogation, pour d’autres cas dûment justifiés). Ces pénalités devront être proportionnées au préjudice subi », écrit la rapporteure. Le distributeur devra également apporter la preuve du manquement de l’industriel et tenir compte de circonstances indépendantes de sa volonté, comme un rappel produit dont il n’est pas à l’origine. Les sénateurs prévoient également que les industriels fournisseurs puissent, eux aussi, infliger des pénalités logistiques à leur client.

Les plus lus

« La France importe déjà du Mercosur pour 1,92 milliard d’euros de produits agricoles et agroalimentaires »

Ingénieur de recherche en économie de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (…

Zonage IAHP en Bretagne sur la plateforme PIGMA
Grippe aviaire : la France passe en risque élevé

Alors que la Bretagne compte 9 foyers de grippe aviaire depuis mi-août, c’est toute la France qui passe en niveau de risque…

conteneurs au port du havre
Mercosur : Produits laitiers, vins et spiritueux, ces filières ont-elles un intérêt à l’accord ?

Alors que la colère agricole retentit de nouveau, rallumée par l’approche de la conclusion d’un traité avec le Mercosur, la…

un poing géant aux couleurs du brésil écrase un tracteur
Mercosur : « Nous sommes aujourd’hui à un tournant décisif » s'alarment quatre interprofessions agricoles

Les interprofessions de la viande bovine, de la volaille, du sucre et des céréales étaient réunies aujourd’hui pour réaffirmer…

photo Eric Fauchon
« Le marché des produits halal a connu un fort ralentissement ces derniers mois » 

Les consommateurs des produits halal se sont détournés de la GMS en période d’inflation, fait rare pour ce segment qui a connu…

Pourquoi les prix du beurre ne dégonflent pas encore

Une collecte européenne meilleure que prévu, voilà qui aurait dû conduire à un tassement des prix du beurre. Ce n’est pas le…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio