Dix villes en guerre contre l’obésité infantile
L’obésité infantile progresse à vitesse grand V. Alors qu’ils n’étaient environ que 3 % en France en 1965, les enfants touchés sont aujourd’hui près de 15 %. A ce rythme, ils pourraient être près de 25 % à l’horizon 2020. Autant dire que la situation est sérieuse. « Mais, il ne faut pas avoir une vision pessimiste, estime le professeur Arnaud Basdevant, chef du service nutrition de l’Hôtel-Dieu à Paris. Nous avons encore les moyens d’agir».
Aussi, les membres de l’Observatoire des habitudes alimentaires et du poids, en partenariat avec ceux de l’Association pour la prévention et la prise en charge de l’obésité en pédiatrie (Apop), ont-ils décidé de mettre en place l’opération « Ensemble prévenons l’obésité des enfants » (Epode) dans dix villes Roubaix (Nord Pas-de-Calais), Evreux (Haute-Normandie), Vitré (Bretagne), Royan (Poitou Charentes), Saint-Jean (Haute-Garonne), Béziers (Languedoc Roussillon), Thiers (Auvergne), Meyzieu (Rhône-Alpes), Asnières (Ile de France), Beauvais (Picardie). pendant cinq ans. « Son objectif est d’éviter la prise excessive de poids chez les enfants, explique le docteur Jean-Michel Borys. Il s’agit de mobiliser les acteurs locaux dans le domaine de l’alimentation et de favoriser un programme d’incitation à la pratique d’activité physique». Pour cela, professionnels de la santé, enseignants et familles seront informés sur la prévention de l’obésité notamment via des réunions publiques et des livrets.
Une expérience concluante dans le Nord
Dans le même temps, les médecins et infirmières scolaires, les médecins de ville et d’hôpitaux pourront, s’ils le veulent bien, bénéficier d’une formation sur l’obésité de l’enfant, son dépistage et sa prise en charge. Par ailleurs, les enseignants seront incités à intégrer dans leurs cours une formation à la nutrition. Quant aux services de restauration scolaire, ils accueilleront des espaces thématiques pour apprendre aux enfants à cuisiner les fruits, les légumes et leur permettre de réaliser des ateliers du goût. Rien n’interdira aux différentes villes et écoles de mettre en place d’autres actions pour promouvoir par exemple certains produits qui rebutent parfois les enfants.
« La ville constitue la clef du dispositif,insiste M. Borys. Une forte volonté politique du maire est affichée systématiquement dans toutes les villes choisies et celui-ci nomme un chef de projet qui est la personne clef entre les actions conçues par la coordination et la mise en place locale».
L’expérience Fleurbaix Laventie menée depuis 1992 dans deux villes du nord de la France a eu un réel impact sur la prévention de l’obésité chez l’enfant. Alors qu’entre 1992 et 2000, dans la région Nord Pas-de-Calais, l’augmentation de la prévalence de l’obésité était de 95 % chez les filles et 195 % chez les garçons, elle n’était que de 4 % et 1 % dans les deux villes.