Coup de froid sur le bio
Alors que les états généraux de l’alimentation ne sont pas encore finis, le gouvernement égrène déjà quelques décisions brutales qui ne manquent pas de surprendre, choquer, voire confirmer l’opinion que certains s’en étaient déjà faite quant à son orientation très libérale. Pour preuve, l’annonce par Stéphane Travert du désengagement de l’État relatif aux aides au maintien des producteurs bios la semaine dernière en plein salon Tech & bio. « C’est au marché de soutenir le maintien de l’agriculture biologique », étant donné « la croissance historique » de la consommation des aliments bios en 2016 (+20 %), a jugé le ministre de l’Agriculture. Une sentence qui soulève deux questions : le bio (qui, faut-il le rappeler, présente des rendements moindres qu’une agriculture traditionnelle) doit-il seulement être réservé aux catégories de populations les plus favorisées et quid du revenu des producteurs en cas d’année climatique ou sanitaire difficile ? Flegmatique, le ministre de l’Agriculture répond que les Régions pourront toujours faire appel aux fonds européens agricoles pour le développement rural (Feader) pour continuer à verser ces aides au maintien du bio. Simplement, elles ne bénéficieront plus de l’abondement de l’État. Et on sait déjà que ces aides fluctuent fortement d’une Région à l’autre, les politiques régionales étant variables sur le sujet. Pour pallier ce problème, Stéphane Travert s’est déclaré prêt à accompagner le développement d’une « filière bio », incluant transformation et distribution des aliments, en suggérant la mise en place d’un « fonds privé » pour « financer des projets de développement et de structuration des filières bios ». Reste à trouver des « financeurs » et à savoir si les agriculteurs bios accepteront de se retrouver dans une forme d’intégration. Ils auraient souhaité un élan collectif et un soutien plus massif de l’État envers une filière en plein essor et répondant aux attentes du consommateur. L’État répond à l’inverse par un désengagement désinvolte qui risque de refroidir les candidats à la conversion.