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Benoit Mangenot, directeur du Cniel
« Communiquer sur l'engagement de la filière »

La filière laitière française se prépare à communiquer sur son engagement dans le développement durable. La comptabilité environnementale est en préparation. Pour les aspects sociétaux et économiques, les constats sont flatteurs, estime Benoit Mangenot, le directeur de l'interprofession.

« NOUS CROYONS
PLUS AUX EFFETS
DE DÉMARCHES
DE PROGRÈS
QU'À CEUX
DE L'ÉTIQUETAGE. »
« NOUS CROYONS
PLUS AUX EFFETS
DE DÉMARCHES
DE PROGRÈS
QU'À CEUX
DE L'ÉTIQUETAGE. »
© CNIEL

Comment l'interprofession laitière abordet- elle la thématique du développement ?

Benoit Mangenot - Le rôle du Cniel est d'une part, de mettre en lumière d'une manière cohérente ce qui est fait par ses adhérents producteurs et transformateurs en matière de développement durable et d'autre part, de leur fournir des références techniques pour les aider à mieux appréhender ces questions. Concernant le premier aspect, le Cniel se prépare à communiquer dès 2013 sur l'engagement de la filière laitière dans le développement durable. La première opération se déroulera à l'occasion du salon de l'agriculture. Concernant les références techniques, je citerais les travaux menés depuis une dizaine d'années avec l'Institut de l'élevage et qui ont abouti à l'élaboration des méthodologies d'évaluation des émissions de gaz à effet de serre et de l'empreinte eau. Une thèse avec l'Inra/Idele et un projet Casdar sont en cours de réalisation pour définir des indicateurs explicites permettant d'évaluer la biodiversité à l'échelle de l'exploitation laitière. Le but de tous ces travaux est d'identifier les impacts des exploitations laitières, de les quantifier et d'accompagner les progrès, mais aussi de faire reconnaitre les services rendus par ces exploitations. Enfin, l'autre rôle de l'interprofession est de faire en sorte que la voix de la filière laitière française soit entendue dans les instances où s'élaborent les indicateurs et les réglementations de demain. Les experts du Cniel participent activement aux travaux de la FAO et de la FIL. Ils ont été à l'origine de la révision par la FAO de la valeur d'émissions de gaz à effet de serre attribuée à l'élevage laitier, et ont aussi agi pour faire admettre le principe du stockage de carbone sous prairie.

Les consommateurs sont demandeurs de preuves. Avez-vous entrepris un travail pour caractériser les exploitations et les entreprises laitières en termes de pratiques environnementales ?

B. M. - Les outils de calcul en cours de développement par l'Institut de l'élevage, la société Quantis et bientôt Actilait, à la demande du Cniel, vont permettre à courte échéance de caractériser finement l'impact environnemental potentiel des élevages d'une part et des sites de fabrication d'autre part. Pour les éleveurs, la méthodologie est maintenant suffisamment robuste pour nous permettre, au-delà du résultat, d'identifier les voies d'amélioration. C'est pourquoi le Cniel, aux côtés de l'Institut de l'élevage, de France conseil élevage et des chambres d'agriculture, s'engage dans une démarche ambitieuse de sensibilisation des éleveurs dans le cadre d'un programme pluriannuel « Carbon dairy », éligible au programme communautaire Life. L'objectif est de passer à l'étape d'après, c'est-à-dire fournir aux éleveurs les outils d'une auto-évaluation de leurs émissions de gaz à effet de serre, les accompagner en leur proposant des pratiques adaptées à leur élevage avec un bilan qui devra être favorable à l'environnement, mais aussi à leur compte d'exploitation, tout en valorisant la capacité d'expertise et d'innovation des éleveurs diagnostiqués! Et tout cela à grande échelle, puisque 4 000 exploitations laitières seront concernées avant une diffusion à l'ensemble du territoire.

Dans leur quasi-majorité, les entreprises laitières n'ont pas souhaité participer à l'expérimentation sur l'affichage environnemental. Quelle réponse envisagez-vous apporter à cette problématique à travers le référentiel produits laitiers?

B. M. - Notre responsabilité de filière était de se doter des bons instruments pour permettre aux opérateurs d'appréhender leurs impacts environnementaux, et qu'ils soient reconnus et harmonisés. D'où notre participation aux travaux Ademe/Afnor. Mais notre but n'est pas l'étiquetage environnemental. On ne peut pas demander au consommateur d'arbitrer pour un même produit entre une marque, une composition, un étiquetage nutritionnel, un étiquetage environnemental... mais aussi un prix ! Nous croyons plus aux effets de démarches de progrès qu'à ceux de l'étiquetage d'une valeur absolue. C'est tout le sens de notre participation au programme Carbon Dairy. C'est aussi pourquoi nous sommes en train de mesurer a posteriori quelle était notre situation, il y a dix ans de cela. Nous pensons pouvoir montrer comment les progrès de la génétique, les efforts réalisés en matière de rejets, la rationalisation de l'alimentation ont déjà permis de réduire l'empreinte carbone des produits laitiers.

Quels travaux menez-vous sur les deux autres aspects du développement durable, société et économie ?

B. M. - Nous sommes en cours de définition des thématiques qui peuvent illustrer la contribution de la filière laitière aux attentes sociétales : essentialité du lait et des produits laitiers pour la santé, pour l'économie et pour l'environnement. Les produits laitiers sont sûrs, contrôlés à chaque étape de la production et répondent aux recommandations de santé publique, tout en étant accessibles en termes de prix pour tous. La filière laitière crée des richesses. Elle est présente dans 85 départements sur les 95 que compte la France et exporte 4 litres sur les 10 litres qu'elle produit. Elle est créatrice d'emploi et contribue à la vie du territoire. L'élevage laitier participe à l'entretien des paysages, au maintien de la biodiversité... Nous nous efforcerons dans notre plan de communication qui se met en place, de développer tous ces constats. 2013 devrait voir l'aboutissement de tout ce travail.

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