Comment se mettre en conformité avec la loi

> Trois jours ont été nécessaires pour identifier les postes sur un site comptant quelque 600 salariés.
Dès 2010, le groupe d'aucy s'est évertué à refondre les documents uniques d'évaluation des risques (DUER) pour y inclure l'un des critères de la pénibilité, les gestes répétitifs. « Nous avons dû retranscrire sur un nouveau logiciel les postes répétitifs au regard de la définition légale qui est très compliquée. Elle prend par exem-”ple en compte les cadences comme contraintes, ou encore le temps de cycle. Dans l'automobile, les équipementiers sont déjà très au fait de leur temps de cycle pour calculer leur rentabilité. En agroalimentaire, nous sommes encore très éloignés de cela », explique Philippe Rohmer, directeur qualité, sécurité et environnement du groupe d'aucy. La première approche sur les gestes répétitifs a impliqué que le groupe fournisse à ses différents sites des définitions précises pour chaque critère, nécessitant des observations de terrain détaillées (vitesse, bruit, vibrations…), avec un outil DUER adapté (extraction des postes susceptibles d'être concernés, questions successives pour identifier les postes concernés…). « Pour un site d'environ 600 salariés par exemple, il a fallu trois jours aux équipes pour seulement identifier les postes », précise Philippe Rohmer, « il a fallu ensuite rapprocher ces postes aux individus qui y ont travaillé 900 heures minimum, puis saisir les déclarations. C'est une usine à gaz », ajoute-t-il.
“ Nous sommes un groupe organisé. Pour une PME, c'est une catastrophe
Pour ce même site de 600 salariés, il aura fallu en tout neuf jours pour pouvoir déclarer les postes pénibles, et ce sur le seul critère des gestes répétitifs. « Cela nous a coûté du temps et de l'argent. Environ 30 000 euros pour nous équiper au niveau informatique. Vous imaginez avec six critères de plus, on peut multiplier par quatre le temps passé », s'alarme-t-il, « et encore nous sommes un groupe organisé avec de nombreux services. Pour une PME, c'est une catastrophe. D'ailleurs, il me semble que la plupart des entreprises dans notre région n'ont rien fait ».
Le groupe a également été confronté à la polyvalence de certains de ses sites, comme les conserveries de légumes ou les plats cuisinés. « Les sites de conserverie de légumes ont beaucoup de polyvalence, en raison de la saisonnalité de leur activité. Les campagnes se succèdent, le matériel peut changer et les postes aussi. Cela a été très compliqué et long de définir les postes pénibles en fonction des gestes répétitifs, et surtout le temps d'exposition de chacun des salariés », raconte Philippe Rohmer.
Si le groupe est en conformité avec la loi du 9 novembre 2010, il reste beaucoup plus prudent pour les nouvelles modifications du 1er juillet prochain. « Si on veut ajouter les nouveaux critères, il faudra investir environ 70 000 euros de plus. Si on ne le fait pas, il faudra continuer à saisir manuellement mais ça va prendre environ 120 jours de travail pour les res-sources humaines. Pour l'instant, la décision n'est pas prise. Nous attendons de voir ce qu'il va se passer et recommandons au pou-voir public de simplifier les choses », conclut Philippe Rohmer.