Bongrain s'ouvre des pistes de diversification

> L'année 2013 n'a pas été simple pour Bongrain avec un résultat net en baisse de 23,11 % et un chiffre d'affaires en hausse de 7,9 %. En haut, Robert Brzusczak, et en bas, Jean-Paul Torris, tous deux à la fonction de vice-président directeur général délégué.
« Nous sommes déterminés à assurer notre développement grâce à la diversité de nos activités et de nos marchés pour moins dépendre des aléas français et européens et mieux absorber les chocs économiques », a déclaré Alex Bon-grain, président du directoire de Bongrain, lors de la présentation des résultats annuels de son groupe, le 13 mars dernier.
L'année 2013 n'a pas été simple pour l'industriel qui voit son résultat net fortement diminué de 23,11% à 48,9millions d'euros, en raison de charges d'impôts élevées, de la hausse du prix du lait et d'un effet dilutif de l'intégration de Terra Lacta. «Nous avons tenu nos engagements à l'égard de nos producteurs. En 2013, le prix du lait a augmenté de 9 % pour atteindre un niveau historique (à 344 euros les 1 000 litres, ndlr), alors que moins de la moitié de cette hausse a été répercutée à la grande distribution », a déclaré Alex Bongrain. Considérant que cette situation n'est pas tenable, il appelle « toutes les parties prenantes de la filière et en particulier la grande distribution à prendre la mesure des enjeux et des responsabilités correspondantes ». «Nous ne pouvons pas continuer à subir les conséquences de la guerre des prix entre distributeurs », enchaînant «vous avez compris, l'année 2014 ne sera pas facile. » Alors que les négociations 2014 se sont terminées fin février, le groupe a néanmoins réussi à passer des hausses de 3 % à 7 % selon les produits. En 2013, le chiffre d'affaires du groupe a progressé de 7,9 % à 4,4 milliards d'euros (dont 7,6 % de croissance organique).
20 % de la collecte nationale de lait de chèvreLa stratégie de diversification voulue par Bongrain a connu sa première concrétisation l'année dernière à travers la signature du partenariat avec Terra Lacta au 1er octobre 2013. Ce rapprochement, comprenant notamment les Fromageries Lescure, apporte à Bongrain des possibilités de développement dans le fromage de chèvre. Le groupe pèse désormais 20 % de la collecte nationale de lait de chèvre.
En année pleine, 400 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires seront intégrés dans les comptes de Bongrain, contre 80millions sur 2013. «Il y a eu un effet défavorable de Terra Lacta sur nos résultats. Sur le premier trimestre 2014, c'est toujours négatif. Nous sommes en train de faire certains basculements notamment sur le système d'information ou sur la supply chain. Donc, cela affectera encore nos comptes. Nous allons mettre quelques années à redresser ses affaires », explique le directeur financier, François Wolfovski, avec beaucoup de prudence. De son côté, Alex Bongrain assure que le redressement de Terra Lacta se fera plus rapidement. Premier fruit de ce rapprochement : la bûchette de Saint-Loup (marque de Terra Lacta) va arriver relookée dans les linéaires d'ici les prochains jours. «Nous avons constitué une petite équipe pour les marques de Terra Lacta, ce n'est pas un commando mais il y a beaucoup de synergies. Nous sommes arrivés sur le marché alors qu'il y avait une forte pénurie de lait de chèvre. Nous avons dû couper nos livrai-sons à nos clients. Mais il vaut mieux commencer comme cela qu'en période de saturation. Nous sommes en plein effort de relance avec des investissements en recherche et développement, industriels et commerciaux », commente Jean-Paul Torris, vice-président directeur général délégué du groupe.
“ Milkana, un porte-drapeau à l'international
Avec l'acquisition de Sodilac en décembre 2013, Bongrain renforce ses capacités industrielles et son savoir-faire dans la nutrition infantile. L'entreprise réalise un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros. « Nous n'avons pas acheté de part de marché, mais nous allons pouvoir continuer notre développement très avancé dans les ingrédients pour la nutrition infantile. Nous fabriquons déjà du lait infantile pour d'autres marques. L'entreprise nous permet d'augmenter nos capaci-DR tés notamment dans le lactosérum », précise Robert Brzusczak, vice-président directeur général délégué du groupe.
Au global, les investissements industriels du groupe se sont élevés à 183 millions d'euros, un montant qui restera similaire en 2014.
Cap à l'internationalEn 2013, 27,5 % du chiffre d'affaires du groupe ont été réalisés en dehors de l'Hexagone et de l'Europe. Bongrain veut désormais mettre les bouchées doubles pour augmenter cette part. « À l'international, nous avons quatre priorités : le développement de notre marque Milkana présente sur les fromages, le lait et le yaourt. Elle est multiproduit, ce qui est important pour aller sur des marchés asiatiques peu consommateurs de fromage. Et des investissements au Brésil, aux États-Unis et en Russie », explique Jean-Paul Torris. Le groupe a choisi la marque Mil-kana comme son porte-drapeau à l'international. « C'est une grande marque leader, née en Allemagne. Le nom est facilement compréhensible grâce à sa racine, milk. Elle est déjà distribuée dans une centaine de pays. Même si nos ventes sont encore marginales, c'est en devenir », ajoute-t-il.
Enfin, Alex Bongrain n'a pas caché regarder quelques possibles croissances externes, dans le fromage principalement. Le lait de consommation et l'ultrafrais ne semblent pas attirer son attention. «Nous n'irons pas dans le lait liquide et l'ultrafrais. Or il y a beaucoup d'opportunités dans ce domaine. Nous avons des cibles d'entreprises identifiées, mais il faut être deux pour conclure une affaire», a ainsi lâché Alex Bongrain.