Aliments du bétail : l’industrie bretonne est en surcapacité
C’est confirmé, les productions animales bretonnes sont entrées dans une phase de régression des volumes. Le président de l’Afab (Association française des fabricants d’aliments de Bretagne), Adolphe Thomas (Evialis), a fait part de sa conviction, vendredi dernier en assemblée générale devant les représentants de la trentaine d’opérateurs coopératifs et privés de cette association. L’an dernier à la même époque, il constatait au titre de l’année 2002 un décrochage de 3,6 % des tonnages d’aliments composés fabriqués dans la région (- 5,6 % en volailles, -1 % en porc, - 8 % en ruminant) et se demandait encore si cela relevait du repli conjoncturel ou d’une « rupture ». En 2003, la production régionale d’aliments pour volailles a perdu 3 % (à 3 560 000 tonnes). Un glissement moins dramatique que l’an dernier qui cache toutefois une chute de 9,1 % en dinde, une espèce qui pèse lourd, de 15 % en pintade et de 6,23 % en lapin.
La production d’aliments porcins a diminué de 1 %, comme l’an dernier (à 4 563 000 t). La régression atteint cette espèce alors qu’elle touche la volaille depuis six ans. Quant à l’espèce bovine, le déficit fourrager dû à la sécheresse estivale a été de relativement faible ampleur en Bretagne. En conséquence, la production d’aliments composés compensateurs n’a progressé que de 0,8 % (à 908 000 t). Cette augmentation conjoncturelle ne fera pas illusion longtemps sur l’érosion irrésistible du tonnage global…
56 usines assurent le maillage territorial
Dans son discours de clôture, A. Thomas a appelé à se poser « collectivement le problème de la surcapacité croissante » de l’industrie bretonne de la nutrition animale. Jusqu’à quand sera-t-elle supportable économiquement ?
Aujourd’hui, 56 usines assurent le maillage territorial. La fourniture d’aliments est un métier de proximité. Pour autant, le maintien d’une unité repose sur un équilibre entre le coefficient de remplissage et le rayon de livraison. Dès lors que cet équilibre est mis en question, le site ne tient plus qu’à sa capacité de résistance. Or, la solidité des activités est mise à mal par l’augmentation des matières premières, qui constituent 80 % du prix de l’aliment.
Les fabricants espèrent une accalmie des cours avec la prochaine moisson. Ils devront toutefois maintenir leurs prix de vente pour rentrer dans leurs comptes. Certains ne joueront peut-être pas le jeu.
D’autres augmenteront dangereusement leurs créances vis-à-vis d’éleveurs au bord de la cessation de paiement. Concurrents, les fabricants bretons n’en sont pas moins unanimement opposés au projet de redevance sur les pollutions azotées. Celle-ci se traduirait par une augmentation du coût des aliments composés. Restructuration ou pas, l’industrie bretonne peut réaliser des économies d’échelle, selon A. Thomas, qui a cité deux raisons d’espérer sur le moyen terme. La première est un « niveau de compétitivité des fabricants bretons et des autres acteurs des filières de productions animales, en position relative par rapport aux bassins de production européens ». La seconde est le potentiel de « structuration des différents secteurs dans les productions animales ». Regrettant que l’association nationale entre le Snia et le Syncopac n’ait pu se faire l’an dernier, le président de l’Afab a invité les fabricants bretons à réfléchir au rôle de l’association bretonne, dans l’idée de mieux répondre aux attentes des adhérents, de « fédérer les intérêts communs».