Les brebis nettoient le verger jusqu’au pied des arbres
À la fois arboriculteur bio et éleveur ovin, Pascal Babaudou remplace ses brebis par des Shropshires qui pâturent dans ses vergers.
« J’avais l’expérience de l’arboriculture et celle de l’élevage ovin, explique Pascal Babaudou, agriculteur en Gaec en Haute-Vienne. Mais pas trop celles des deux réunis… » Au Gaec des deux rivières, les brebis et les vergers sont sur deux sites éloignés d’une douzaine de kilomètres et chaque atelier est géré séparément. D’un côté, la ferme du Bâtiment neuf élève 70 vaches Limousines et environ 120 brebis croisées Charolais et Suffolk sur une centaine d’hectares de prairies. De l’autre, les vergers de Taubregeas cultivent différentes variétés de pommes (Golden, Opal, Dalinette…) et de poires (Conférence) en agriculture biologique.
Les Shropshires ne touchent pas aux arbres
Depuis que le verger est passé en bio, le désherbage chimique n’est plus possible. « Après la cueillette, je passais plusieurs fois l’Herbanet puis un andaineur à bois de taille pour nettoyer les vergers, réduire la pression de campagnol et éliminer les feuilles mortes, explique l’agriculteur de 52 ans. On nettoyait et on broyait donc ça demandait du temps et du gasoil ». Pascal Babaubou avait bien essayé de faire pâturer quelques brebis herbagères à partir de la mi-novembre, après que la pluie a nettoyé le cuivre. « Hélas, elles attaquaient vite les troncs des arbres ».
Pascal Babaubou achète donc quelques brebis Shropshire de réforme et les met à pâturer entre de jeunes arbres de 3-4 ans. « Et là, zéro dégât ! Même en laissant les brebis longtemps ». Pas de branche cassée non plus et les tuyaux d’irrigation, à 80 cm de hauteur, n’ont pas été touchés. Depuis, il a agrandi la troupe de Shropshire et a actuellement une quarantaine de têtes. À terme, une troupe de 120 Shropshires remplaceront les croisées. L’élevage est également en conversion bio. Les brebis pâturent l’ensemble du verger à l’automne et à l’hiver, soit du 15 novembre au 15 février maxi. « Cela permet de valoriser l’herbe des vergers et on économise un passage de désherbage mécanique à l’automne ». Le pâturage entre les rangés d’arbres débute après la cueillette et quand le dernier passage de cuivre post-récolte a été un peu lessivé. Au début du printemps, les brebis sont rapatriées dans les bâtiments et prairies de la ferme du Bâtiment neuf où elles agnèlent. « À partir de février-mars, il commence à avoir plus d’interventions dans les vergers, puis on plie et déplie les filets paragrêles, donc on ne veut pas les avoir dans les pieds ». Tant pis s’il faut utiliser le tracteur pour couper l’herbe qui sera broyée et laisser sur le rang.
Une bonne image et moins de mulots
L’arboriculteur voit dans ce pâturage hivernal un intérêt prophylactique : les feuilles sont piétinées et il y aurait moins de mulots. Les brebis sont aussi plus efficaces que le désherbage mécanique puisque l’herbe est tondue jusqu’au pied du tronc. Les brebis dans les vergers sont aussi porteuses de bonne image auprès du public et de la clientèle. Un point important pour le Gaec qui vend une partie de sa production en direct à la ferme ou dans deux points de vente collectifs de producteurs fermiers (Saveurs Fermières) à Limoges. De quoi réconcilier l’arbre et la brebis…