interview de Christiane Lambert sur France Inter
« L’alimentation n’est pas un bien acquis pour toujours, c’est fragile ! »
La présidente de la FNSEA a prévenu ce matin sur France Inter que les aléas climatiques risquent d’avoir des conséquences cette année sur la quantité de produits agricoles et leurs prix pour le consommateur.
La présidente de la FNSEA a prévenu ce matin sur France Inter que les aléas climatiques risquent d’avoir des conséquences cette année sur la quantité de produits agricoles et leurs prix pour le consommateur.
« Jamais nous n’avons connu un hiver aussi sec, un printemps aussi chaud et un été aussi caniculaire », a déclaré Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, ce matin sur les ondes de France Inter. Qualifiant la situation d’ « historique », « grave » et à « forte conséquence », la présidente du syndicat majoritaire agricole a prévenu les auditeurs de la radio publique : « il n’y aura pas de pénurie mais il y aura moins de produits et ils seront plus chers ».
Est-ce que la sécurité alimentaire de la France est menacée ? "Il n'y aura pas de pénuries mais il y aura moins de produits donc ça va coûter plus cher", répond la présidente de la FNSEA @ChLambert_FNSEA#le69Inter pic.twitter.com/HF7VwmYHKR
— France Inter (@franceinter) August 18, 2022
Et ce d’autant plus que l’Espagne et l’Italie par exemple connaissent aussi une forte sécheresse. « 44% de l’Europe est touchée par la sécheresse », affirme Christiane Lambert, qui alerte : « l’alimentation n’est pas un bien acquis pour toujours, c’est fragile ! ».
Il n’y aura pas de pénurie mais il y aura moins de produits et ils seront plus chers
La pluie des derniers jours a-t-elle changé la donne concernant la production agricole ? « La pluie a inversé la température, avec des très grandes différences d’un secteur à l’autre. En Vendée, il est tombé de 0 à 60 millimètres d’eau, dans l’Oise et la Marne, 0, à Montpellier 80 mm de manière très violente », a-t-elle répondu. Le travail des sols peut redémarrer, avec les semis des colzas et des cultures intermédiaires « mais seulement à certains endroits », nuance-t-elle au micro de France Inter. Et l’inquiétude reste grande dans certaines productions, notamment l’élevage. « Depuis trois semaines – 1 mois, les éleveurs distribuent du fourrage dans les prés. Nous sommes en train de l’estimer mais c’est énorme ce qu’il va manquer (pour nourrir les animaux, ndlr) cet hiver. Ca va être très dur de trouver du fourrage, et il faudra être sûr de bien vendre ses produits », a-t-elle poursuivi.
Appel à augmenter le prix du lait
Et la présidente de la FNSEA de réitérer son appel à faire évoluer le système des calamités agricoles pour qu’il soit suffisamment doté et d’augmenter le prix du lait.
"Ce que je demande, c'est un appel solennel, mesurez qu'en achetant vos produits vous soutenez, ou pas, l'agriculture française", assure @ChLambert_FNSEA alors que la FNSEA demande l'augmentation du prix du lait#le69Inter pic.twitter.com/GMfsI9ijpY
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« En Allemagne, le litre de lait se vend un euro. C’est 78 centimes en France. Ces 22 centimes font toute la différence pour les éleveurs et ne représentent que 16 euros par an pour une famille », a expliqué Christiane Lambert lançant à l’antenne un appel aux Français : « A vous de savoir si vous voulez acheter Français ou non, la souveraineté alimentaire n’est jamais définitivement acquise ! ».
Sur les réserves d’eau, il y a un vrai blocage idéologique en France
Interrogée sur la question de l’usage de l’eau, la présidente de la FNSEA a milité pour le développement de retenues d’eau en France. « Aujourd’hui les Pays-Bas et le Danemark qui sont plus au nord stockent plus d’eau qu’en France. Il y a un vrai blocage idéologique en France », a-t-elle regretté.
« Le Giec dit qu’à l’avenir il y a aura la même quantité de précipitations mais elles seront beaucoup plus aléatoires avec des pluies diluviennes l’hiver et plus de périodes de manque l’été. Dans certains départements on sait qu’il faut faire des réserves d'eau à des endroits bien précis pour stocker ces pluies diluviennes qui sinon filent », a-t-elle souligné.
La sécheresse entraîne des tensions autour de l'usage de l'eau, notamment concernant les 'bassines', ces énormes
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retenues d'eau pour l'irrigation. "Oui, il faut faire plus de réserve d'eau", confirme @ChLambert_FNSEA : "Nous avons un blocage idéologique sur ce sujet"#le69Inter pic.twitter.com/lvauLZF82d