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FCO 3 : « Nous passons des journées entières à rapatrier des bovins malades ou retrouvés morts au champ »

Sylvain Weber, situé à Zollingen dans le Bas-Rhin, élève cinquante vaches allaitantes et soixante vaches laitières en bio avec son oncle, Henri Willem. Le 6 septembre, un premier cas de FCO 3 a été diagnostiqué sur son élevage. Depuis, le nombre de bovins malades ou retrouvés morts au champ s’est multiplié. Il témoigne de son quotidien devenu un enfer.

Sylvain Weber, situé à Zollingen dans le Bas-Rhin, élève une cinquantaine de vaches allaitantes et soixante vaches laitières en bio avec son oncle, Henri Willem.
« Nous nous sentons impuissants face à ce fléau qui était jusqu’alors un peu passé sous silence, noyé dans une masse d’autres difficultés à gérer (mauvaise météo, récoltes difficiles…) », témoigne Sylvain Weber, installé avec son oncle, Henri Willem, à Zollingen dans le Bas-Rhin.
© GDS d'Alsace

« Le premier cas clinique s’est manifesté sur l’une de nos vaches allaitantes. Elle a vêlé un mois avant la date prévue, sans aucune préparation. Fatigue, boiterie, croûtes persistantes sur le mufle, écoulements nasaux, perte de poids… tous les signes évocateurs du sérotype 3 de la fièvre catarrhale ovine (FCO) étaient réunis. Nous avons fait venir le vétérinaire sans attendre. Nous voulions en avoir le cœur net. L’animal atteint a été révélé positif le 6 septembre.

600 doses de vaccin contre la FCO-3 commandées

Nous avons commandé les vaccins dans la foulée : 600 doses au total, prises en charge par l’État, pour couvrir l’ensemble des adultes et leur suite, en comptant la primo-vaccination et le rappel. Elles ont été livrées en deux semaines. Nous avions en parallèle obtenu l’autorisation de notre organisme certificateur pour désinsectiser tous les bovins, avec l’espoir de ralentir la propagation du virus. Il était déjà trop tard. En l’espace de quelques jours, nous avons assisté à une véritable flambée des cas dans tous les parcs. Après échanges avec d’autres éleveurs du secteur, nous nous sommes très vite aperçus que nous étions loin d’être un cas isolé. Mais contre toute attente, notre troupeau allaitant a été bien plus touché que celui laitier.

Deux vaches et sept veaux morts

Les allers-retours en bétaillère se sont multipliés pour rapatrier les animaux malades ou bien retrouvés morts au champ. Habituellement, les deux tiers de nos charolaises vêlent entre le 15 septembre et le 15 novembre. Cette année, quasiment toutes mettent bas trois à quatre semaines avant le terme. Pour l’heure, une vache laitière et cinq allaitantes ont été traitées (parfois à plusieurs reprises). Parmi elles, deux ne s’en sont pas sorties. Nous avons également pris en charge treize nouveau-nés - certains ont été emmenés à la clinique vétérinaire pour être perfusés - mais sept n’ont pas survécu.

 

 
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Habituellement, les deux tiers de nos charolaises vêlent entre le 15 septembre et le 15 novembre. Cette année, quasiment toutes mettent bas trois à quatre semaines avant le terme. © GDS d'Alsace

Financièrement, les inquiétudes grandissent quand on sait que le traitement d’un animal associant anti-inflammatoire et anti-infectieux coûte déjà 120 euros. Certains de nos bovins ont été traités jusqu’à trois fois, pour quand même finir à l’équarrissage. Tous les veaux morts sont des ventes de broutards en moins pour l’année prochaine. En lait, nous chiffrons un manque à gagner de 7 000 euros sur la paie chaque mois depuis fin juillet. Nos vaches (50 % en race pure holstein et le reste en croisement), qui produisent habituellement entre 19 et 20 litres par jour à cette période de l’année, tournent autour de 15 litres.

Lire aussi l'interview d'Emmanuel Garin, vétérinaire de GDS France | FCO et MHE : « Vacciner son troupeau dès que possible »

Une maladie passée sous silence

Et puis, ce qui ne se chiffre pas, c’est l’impact considérable sur le moral. La surveillance et la prise en charge des adultes fragilisés et des veaux prématurés, à peine viables, monopolisent tout notre temps, au détriment du reste. Nous nous sentons impuissants face à ce fléau qui était jusqu’alors un peu passé sous silence, noyé dans une masse d’autres difficultés à gérer (mauvaise météo, récoltes difficiles…).

Bien que nous ayons désormais les doses de vaccins à disposition, nous préférons attendre. L’autorisation temporaire d’utilisation permet de vacciner en milieu infecté, mais il nous paraît contre-intuitif de le faire au regard de la proportion de cas cliniques. Nous définirons, en concertation avec notre vétérinaire, la stratégie vaccinale à adopter une fois le pic épidémique passé, en ayant en tête aussi que d’autres sérotypes de la FCO et la maladie hémorragique épizootique (MHE) arrivent à nos portes. »

Chiffres clés du Gaec du Langfeld

 

  • 50 vaches allaitantes de race charolaise ;
  • 60 vaches laitières dont 50 % en race pure holstein et le reste en croisement normand et montbéliard ;
  • 190 ha de SAU dont 150 ha de STH (50 ha en prairies permanentes), 30 ha de céréales et 10 ha de maïs ensilage
  • 2 UTH

Les bovins aussi peuvent être gravement touchés par la FCO 3

Sylvain Weber et son oncle ont décidé de prendre la parole à l’occasion d’une rencontre organisée sur leur exploitation ce jeudi 17 octobre 2024. Soutenus par leur vétérinaire sanitaire d’élevage, le Docteur Christophe Mariette, le président du GDS d’Alsace, Frédéric Bernhard, et la directrice, Céline Zuber, les éleveurs veulent sensibiliser le plus grand nombre à l’ampleur des dommages causés par le sérotype 3 de la FCO sur les bovins. « À l’arrivée de la maladie sur notre sol, il est vrai que nous avions surtout mis en garde sur les dégâts en ovins, reconnaît Céline Zuber. Or, nous nous sommes aperçus au fur et à mesure des déclarations de foyers que de nombreux troupeaux bovins étaient aussi impactés. » En Alsace, 388 élevages, bovins et ovins tous confondus, ont été déclarés infectés. Un nombre largement sous-estimé, selon la directrice des sites du Bas-Rhin et Haut-Rhin.

« Au-delà du constat établi sur l’ampleur des cas cliniques, nous souhaitons mettre le doigt sur les pertes économiques subies sur ces exploitations. Elles se chiffrent à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour certains cheptels. Nous avons du mal à croire que les enveloppes débloquées par l’État vont suffire, c’est pourquoi nous devons poursuivre nos actions de communication pour aussi obtenir d'autres enveloppes d'indemnisation », appuie​​​​​​ Céline Zuber.

À cette journée, étaient également venus en soutien des représentants de la FDSEA 67, la chambre d’Agriculture départementale, le contrôle laitier et un marchand en bestiaux.

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