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La télémédecine vétérinaire peut jouer un rôle dans le maillage vétérinaire

La télémédecine vétérinaire fait l’objet de tests, et son déploiement est techniquement possible. En facilitant le quotidien des vétérinaires ruraux, elle pourrait constituer l’une des pièces du puzzle visant à consolider le maillage.

La télémédecine vétérinaire a été autorisée pendant une période de dix-huit mois après la parution d’un décret en 2020. Environ 5 % des vétérinaires s’en sont alors emparés. Mais depuis 2022, le décret l’autorisant est caduc. « La seule pratique qui est autorisée pour l’instant, car elle est couverte par le code déontologique vétérinaire, c’est la téléexpertise », présente Laëtitia Dorso, vétérinaire spécialiste en anatomie pathologique et co-porteuse de la chaire de télémédecine vétérinaire à Oniris (Nantes). Il s’agit du partage de compétences de vétérinaire à vétérinaire par un moyen de communication, qui passe ici par des lunettes connectées en synchrone au lieu de passer par l’échange de photos et un appel par téléphone ou un mail asynchrone.

Dans l’attente d’une réglementation, des essais techniques et de nombreux échanges avec des vétérinaires sont menés. « La télémédecine ne remplacera pas la visite du vétérinaire en élevage », a présenté Sébastien Assié, co-porteur de la chaire de télémédecine vétérinaire d’Oniris lors de l’inauguration de la plateforme 5G4Agri(1) en octobre. « Si elle permet aux vétérinaires de réduire leurs déplacements, elle leur promet une meilleure organisation de leur agenda. En même temps, elle évite des frais de déplacement et améliore le bilan carbone. Elle a aussi le potentiel de conforter et rassurer dans leur pratique soit de jeunes vétérinaires, soit des vétérinaires qui voient peu d’animaux de production. »

Lire aussi : Santé animale : comment maintenir des vétérinaires aux côtés des éleveurs ?

L’échographie pulmonaire à distance a par exemple été simulée à la ferme expérimentale des Établières (Vendée) sur des taurillons logés en cases collectives. « Un vétérinaire était dans la stabulation, équipée de lunettes connectées, d’un échographe connecté et d’un stéthoscope connecté. Il était aussi filmé par une caméra sur trépied placée dans son dos. Un autre vétérinaire était à distance et recevait, via une appli, ces deux sources vidéo qui lui permettaient de guider ses gestes. La qualité de l’image et du son reçus ont été analysés », rapporte Lucile Lefèvre, chargée de mission innovation en agronomie et agriculture numérique de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Les lunettes connectées de vétérinaire à vétérinaire

En région Île-de-France, une démonstration avec des lunettes connectées couplées à une application a été réalisée en septembre à la Ferme de la Recette à Echouboulains (Seine-et-Marne). Les lunettes connectées laissent les mains du vétérinaire libre, et sont moins gourmandes en réseau que les vidéos par whatsapp, facetime etc. Les appels passent même quand le réseau est faible. Les bâtiments d’élevage ont parfois un effet « cage de Faraday » qu’il faut contourner. « Cette première phase avec les étudiants vétérinaires doit permettre de comprendre comment la téléexpertise via les lunettes connectées aide le vétérinaire, quelle est l’acceptation du dispositif par les détenteurs d’animaux, quelle est la qualité du fonctionnement quand l’accès à internet est réduit voire inexistant », précise Marine Denis, vétérinaire praticienne hospitalière à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort (vidéo).

Un cas d’usage entre un éleveur et un vétérinaire a été simulé à l’occasion de l’inauguration de la plateforme 5G4agri. C’était celui du suivi d’un traitement d’une vache ayant fait l’objet d’une consultation en élevage pour mammite quatre jours plus tôt. Sur rendez-vous, le vétérinaire contacte via une appli l’éleveuse sur son smartphone. Il a accès aux données de comportement de la vache durant les derniers jours (temps debout, temps couché) grâce à un logiciel basé sur de l’IA. Il échange par visio avec l’éleveuse sur son ressenti à propos de la santé de la vache. Le vétérinaire lui demande ensuite de lui montrer avec la caméra de son smartphone le quartier de la mamelle qui est sous traitement. Le vétérinaire donne alors à l’éleveuse ses indications pour la suite du traitement.

(1) Animée par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, elle comprend un volet de téléexpertise vétérinaire avec Oniris, Adventiel, Dilepix et AMA digital accelerator.

En savoir plus

Retrouvez en vidéo l’interview de Sébastien Assié, vétérinaire à Oniris sur la télémédecine vétérinaire et une démonstration sur deux cas d’usage : la téléexpertise entre deux vétérinaires sur une échographie pulmonaire et le suivi de traitement entre un vétérinaire et un éleveur sur une mammite.

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