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L’agrivoltaïsme serait-il néfaste pour la biodiversité ? Le Conseil national de la protection de la nature s’inquiète

Les bouleversements liés au développement de l’agrivoltaïsme sur la surface agricole utile et ses impacts sur la biodiversité sauvage et cultivée inquiètent l'instance nationale. Elle tire le signal d'alarme dans un avis.

Bande enherbée fleurie devant des panneaux photovoltaïques dans un champ de céréales
Le CNPN s'inquiète notamment de la dégradation possible des sols agricoles suite à des « bris de vitrages et de matériaux faisant suite à des épisodes de grêle intense »
© Nathalie Marchand

Quel impact aura le développement de l’agrivoltaïsme sur la biodiversité ? Autosaisi sur le photovoltaïque et ses impacts sur la biodiversité, le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) a rendu cet été un avis assez critique sur le sujet. 

Lire aussi : Agrivoltaïsme : quelles perspectives de développement au bénéfice de l’agriculture ?

Un taux de couverture jusqu'à 40% des panneaux photovoltaïques excessif selon le CNPN

L’instance nationale d’expertise scientifique et technique, compétente en matière de protection de la biodiversité, s’inquiète en particulier de l’incidence du décret n°2024-318 du 8 avril 2024 encadrant l’agrivoltaïsme en estimant que le taux de couverture autorisé jusqu'à 40% des panneaux photovoltaïques sur des terrains agricoles est « excessif ».

Un taux de couverture qui a fait l’objet de critiques de l’Inrae, pointe le rapport du Conseil national de la protection de la nature.

Le recul est encore insuffisant et surtout peu généralisable 

« Les connaissances sur la réponse des écosystèmes cultivés à l’installation de panneaux sont encore très lacunaires » prévient l’instance qui estime que même « si des installations de ce type sont déjà suivies depuis plusieurs années, le recul est encore insuffisant et surtout peu généralisable ».

Lire aussi : Agrivoltaïsme : le décret enfin publié, que dit-il ? 

Impact de l’agrivoltaïsme sur la biodiversité : cinq points de vigilance

Le Conseil national de la protection de la nature mentionne plusieurs points de vigilance face au développement actuel de l’agrivoltaïsme (dont 1000 projets sont annoncés par la Fédération française des producteurs agrivoltaïques). Il pointe :

  • Des projets collectifs regroupant plusieurs exploitations, avec un potentiel défaut de coordination qui pourrait empêcher les agriculteurs d’avoir une vision globale des conséquences de l’installation à l’échelle du territoire
  • La tentation pour certains agriculteurs de privilégier l’agrivoltaïsme comme voie de diversification au détriment de démarches de transition agroécologique plus complexes « mais certainement plus bénéfiques pour la biodiversité »
  • Une tendance à favoriser des espèces, races et variétés adaptées aux panneaux agrivoltaïques (petites races, variétés demandant moins de lumière…) avec un risque de perte de diversité génétique
  • Une dégradation possible des sols suite à des « bris de vitrages et de matériaux faisant suite à des épisodes de grêle intense »
  • Un accroissement des inégalités entre propriétaires exploitants et fermiers face aux revenus de l’énergie agrivoltaïques.

Lire aussi : Agrivoltaïsme : la Confédération paysanne attaque le décret devant le Conseil d’Etat

Que recommande le Conseil national de la protection de la nature ?

Rappelant que toute installation sur des terrains agricoles peut s’apparenter « possiblement à une destruction d’habitats et d’individus d’espèces protégées », le Conseil national de la protection de la nature recommande :

  • D’exclure « les prairies permanentes, en particulier si elles sont anciennes de plusieurs décennies ou présentent une diversité florale élevée » des projets agrivoltaïques avec un « évitement systématique » pour « les prairies sensibles »
  • De s’assurer que les projets agrivoltaïques ne conduisent pas à la disparition de haies, bandes enherbées, d’espaces en jachère et prairies permanentes à flore diversifiée et que les installations agrivoltaïques « ne dépassent pas 20% de la surface des parcelles »
  • Prendre en compte en amont l’impact des obligations de débroussaillement liées au photovoltaïque sur la biodiversité
  • De classer les centrales photovoltaïques au sol de plus de 1 MW au titre des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE).

Lire aussi : Agrivoltaïsme : "Environ 30% de couverture des sols privilégiés pour des raisons agronomiques"

Le projet Terr’Arbouts critiqué par le CNPN

Dans son avis le CNPN cite en particulier en projet Terr’Arbouts, qui regroupe 35 agriculteurs dans les Landes et porte sur 220 hectares de panneaux photovoltaïques. 

« Bien que l’avis de l’Autorité environnementale indique que le projet fait l’objet de mesures compensatoires écologiques au titre des espèces protégées », le CNPN indique qu’il « n’a jamais fait l’objet d’un examen par le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) » ou par lui-même, « ce qui est contraire à la réglementation sur les espèces protégées ». « Et la commission d’enquête publique a relevé l’insuffisance des études d’impact environnementales », souligne l’avis du CNPN.

Relire : 200 hectares en agrivoltaïsme : dans les Landes la préfecture autorise le projet collectif Terr’Arbouts

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