Foncier agricole
La stratégie de réindustrialisation de la France peut-elle accentuer la pression sur les terres agricoles ?
Quel serait l’impact sur la ressource en terres agricoles et en eau d’une politique de réindustrialisation de la France à l’horizon 2035 ? Un document de travail de France Stratégie permet d’évaluer comment cette stratégie pourrait mettre sous pression l’agriculture.
Quel serait l’impact sur la ressource en terres agricoles et en eau d’une politique de réindustrialisation de la France à l’horizon 2035 ? Un document de travail de France Stratégie permet d’évaluer comment cette stratégie pourrait mettre sous pression l’agriculture.
Déployer une politique de réindustrialisation de la France à l’horizon 2035 ne sera pas sans conséquences sur l’usage de l’eau et du sol. Les besoins en foncier pourraient évoluer entre -6300 hectares et 79 000 hectares selon les scénarios de réindustrialisation étudiés par France Stratégie dans un document publié en juillet.
2000 hectares de terres agricoles artificialisées par an
Dans les scénarios intermédiaires visant une valeur ajoutée manufacturière de 12% du PIB à l’horizon 2035 (contre 10% en 2022), les besoins en foncier pourraient s’élever entre 23 000 hectares et 30 000 hectares, sans compter les besoins liés à la logistique de l’industrie, peut-on lire dans le document de travail de l’organisme d’expertise et d’analyse prospective placée auprès du Premier ministre.
« Ce qui nécessiterait de l’ordre de 2000 hectares par an quand l’objectif de « zéro artificialisation nette » impose de diminuer l’artificialisation totale à 12 000 hectares par an en moyenne sur la période 2020-2030 », précisent les experts de France Stratégie.
🏭Réindustrialisation de la France à l’horizon 2035 : quels besoins, quelles contraintes et quels effets potentiels ? Notre document de travail analyse différents scénarios de réindustrialisation et évalue leurs impacts.
👉https://t.co/5NaGYoYs19— France Stratégie (@Strategie_Gouv) July 12, 2024
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Densifier les zones industrielles ou recycler les friches pour limiter l’impact sur les terres agricoles
Ainsi pour respecter la stratégie ZAN, 17% de l’artificialisation des terres agricoles devrait alors être allouée à l’industrie, alors qu’elle représente ces dernières années seulement 5% en moyenne.
Une part qui pourrait être diminuée par la densification au sein des zones industrielles ou encore par le recyclage d’anciennes friches industrielles (au nombre de 20 000 à date représentant plus de 100 000 hectares). Le recours à de tels leviers pourrait se traduire par une surface totale artificialisée pour l’industrie d’ici à 2035 comprise entre 10 000 et 20 000 hectares.
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Pression accrue sur l'usage de l'eau
La réindustrialisation de la France implique aussi une hausse de besoins en eau, élément indispensable à de nombreux process de production, ce qui peut impacter indirectement l’agriculture. Selon les scénarios étudiés par France Stratégie, sans gains d’efficacité, la consommation d’eau par l’industrie pourrait évoluer de -3% à +114% d’ici à 2035, entre +53% et +58% pour les scénarios se basant sur la réindustrialisation à 12% pour dépasser les 500 millions de mètres cubes d’eau contre 360 millions en 2022.
Le document de travail souligne que cette hausse de consommation d’eau (et des prélèvements nécessaires) pourrait être modérée par des gains technologiques et notamment la réutilisation de l’eau prélevée dans l’industrie agroalimentaire.
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