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La médecine douce pour les ovins gagne du terrain

Limiter le recours aux produits chimiques, prévenir plutôt que guérir, observer plutôt que traiter, tels sont les principes des médecines complémentaires en élevage. Chez les ovins, le recours aux plantes sous toutes leurs formes ou à des techniques plus manipulatoires trouve de plus en plus d’adeptes chez les éleveurs et les vétérinaires. Reste un cadre réglementaire inadapté à ces pratiques qu’il serait souhaitable de faire évoluer d’une part pour répondre aux attentes des éleveurs, mais aussi de la société.

Les médecines complémentaires demandent à l'éleveur davantage de temps d'observation, de mieux connaître le comportement de ses animaux et selon la méthode choisie, de savoir les manipuler. © B. Morel
Les médecines complémentaires demandent à l'éleveur davantage de temps d'observation, de mieux connaître le comportement de ses animaux et selon la méthode choisie, de savoir les manipuler.
© B. Morel

Les médecines douces font souvent écho à des savoirs ancestraux, qui ont été un temps enfouis et oubliés au profit de la médecine allopathique avec l’avènement de la chimie médicale. Celle-ci, bien que toujours efficace pour traiter la plupart des pathologies que l’on retrouve dans les élevages ovins, ne correspond plus à l’attente d’une partie des éleveurs. Mieux maîtriser les frais vétérinaires et la composition et le nombre des traitements sont souvent les premiers arguments des éleveurs qui sautent le pas vers les médecines complémentaires que sont la phytothérapie, l’homéopathie et les médecines énergétiques telles que l’ostéopathie ou encore l’acupuncture. À cela s’ajoutent une certaine facilité d’utilisation et une accessibilité des produits qui n’existe pas pour les médicaments allopathiques.

Des éleveurs autodidactes qui suivent les nouveautés médicales

Afin de proposer des formations adaptées aux besoins du terrain, voire des protocoles de traitements complémentaires, l’Institut de l’Élevage a entrepris de recenser les usages de ces médecines dans les élevages. « Il y a une grande diversité de pratiques, décrit Marlène Guiadeur, cheffe de projet à l’Institut technique. Le cheminement suivi par les éleveurs se fait selon les modes. Beaucoup d’entre eux sont autodidactes et se renseignent grâce aux réseaux sociaux notamment. On a vu une frénésie autour des huiles essentielles, qui s’est petit à petit portée davantage sur les extraits de plantes. On se tourne aujourd’hui vers l’acupuncture, ou encore la kinésiologie qui étudie les mouvements et les postures. »

Des prairies de plantes aux propriétés vermifuges

Le terme médecine alternative, ou complémentaire peut englober un grand nombre de paramètres. Parle-t-on uniquement des traitements et manipulations vétérinaires, ou peut-on élargir la notion aux pratiques d’élevage qui tendent vers une amélioration de la santé et de l’immunité des animaux ? « On trouve par exemple de plus en plus de pâturages sur les prairies pharmacie, qui proposent des plantes aux propriétés vermifuges », explique Marlène Guiadeur. Des études sont d’ailleurs en cours pour tenter d’évaluer l’impact qu’ont ces types de prairies sur la lutte contre le parasitisme interne. Le sainfoin, le plantain, la chicorée ou encore la luzerne sont sur les bancs d’essai pour leur aspect vermifuge combiné aux valeurs nutritionnelles, le premier objectif du pâturage étant toujours de nourrir les animaux.

Le recours aux médecines complémentaires et en particulier aux traitements phytothérapeutiques est censé s’inscrire dans le même cadre réglementaire que tout autre médicament vétérinaire. « On ne peut pas parler de vide réglementaire au niveau de la phytothérapie, explique Marlène Guiadeur. La réglementation existe. Elle est la même que pour les autres médicaments vétérinaires, mais elle est de ce fait inadaptée à la pratique. » Pourtant, les éleveurs et les vétérinaires sont de plus en plus nombreux à rejoindre les rangs des adeptes. Si l’Anses et les autorités françaises tolèrent encore aujourd’hui ces entorses aux règlements, les professionnels et chercheurs se mobilisent pour faire évoluer un cadre légal cohérent avec l’usage des plantes pour la santé.

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